Artiste connue et reconnue, Najoua El Hitmi a réalisé un excellent projet artistique à la rue Vélasquez. Sa Zawia est le nouveau refuge des artistes.

Vous êtes une artiste qui a su se forger un nom au niveau national depuis plusieurs années déjà, mais personne n’a pensé que vous allez franchir la limite de la grande aventure et ouvrir une galerie d’art à Tanger. Comment ce sympathique projet a-t-il germé dans votre esprit jusqu’à être réalisé?
Tout d’abord, selon moi Zawia ne se résume pas en une galerie classique, c’est un atelier, un espace créatif et expérimental. J’ai comme ambition de partager tout le processus et les étapes de la création, j’aimerais inciter les visiteurs à la créativité. Zawia permet de vivre l’expérience de la création tout au long des étapes et ne pas se contenter du résultat final, car le processus est tout aussi intéressant, si ce n’est plus à mes yeux. De mon point de vue, cela pourrait s’apparenter à un laboratoire de recherche et de partage accessible. J’ai toujours été attiré par les lieux et les expositions qui sont ouverts à tous, malheureusement aujourd’hui on a très peu de lieux culturels ouverts au grand public et encore moins dans le milieu artistique et je sens qu’il y’a une soif du public sur toutes ces nouvelles thématiques mais il faut les rendre accessibles. L’idée a toujours été là, mais sincèrement j’avais des doutes sur ma capacité à le faire seule. Le jour où l’opportunité d’avoir ce local s’est proposée, j’ai beaucoup hésité mais je me suis lancée, je voulais tenter car justement rien ne vaut l’expérience elle-même.

Deux points essentiels interpellent les Tangérois. Le choix de la rue Vélasquez et bien sûr le nom de Zawia. Expliquez-nous ces deux choix qui ont chacun une grande valeur ?
Concernant la Rue Vélasquez, ce n’est pas moi qui l’aie choisi, mais c’est plutôt la Rue Velasquez qui m’a choisi, elle m’a vu naître, et la vie a voulu que j’y revienne 3 décennies plus tard pour y faire mon premier atelier qui est au 4ème étage d’un immeuble sur cette même rue dans le même appartement qui m’a vu naître. Et là Zawia voit également le jour dans la même rue comme moi, 43 ans plutôt.
Concernant le nom Zawia, l’idée du nom a muri doucement dans ma tête, mais Zawia s’est imposée à moi un matin au réveil, ce nom correspond parfaitement à ma vision des choses. Cet espace qui se veut ouvert à tous, pour l’expérimentation, et un refuge à l’instar de la Zawia dans la conscience collective.

La traduction en français de la Zawia c’est l’édifice religieux d’une confrérie ou alors un angle. Lequel des deux interprétations est la plus proches de la vision que vous avez de votre atelier ?
Justement le choix de ce nom n’est pas anodin, je voulais un nom qui soit tiré de notre culture, je me suis alors rappelé de l’importance de la Zawia, c’est un lieu capital dans notre tradition et dans l’évolution culturelle et spirituelle. Dans le Maghreb, la Zawia a apporté énormément à la communauté en termes de connaissance, de soutien et de support. Et la deuxième interprétation est aussi bonne car c’est aussi mon coin, un lieu de rencontre, un point de chute, dans le bon sens je l’espère.

Que va offrir Zawia aux artistes et aux amoureux de l’art à Tanger?  Quels seront les projets et les évènements qui y seront organisés et comment comptez-vous animer ce bel atelier?
Comme je vous l’ai dit précédemment, c’est un lieu qui se veut ouvert, justement aux amoureux de l’art et pas que. Toute personne curieuse et assoiffée de culture peut y trouver des expositions multi-disciplinaires, peintures, vidéos, sculptures etc… Il y aura des thèmes différents chaque mois et peut-être chaque semaine. Le plus important pour moi c’est de vivre un moment agréable et convivial.

Quels sont vos projets personnels en tant qu’artiste durant cette année 2022 ?
Déjà Zawia est un beau projet pour l’année, je souhaite m’y consacrer, je lui souhaite une longue vie encore. J’aimerai prendre le temps d’apprécier ce que j’ai pu créer et faire profiter les gens de ce lieu. Sinon j’ai aussi une exposition prévue en mai à la galerie Mohammed Idrissi et puis je laisse la vie m’apporter ce qui a de mieux pour mon parcours.

Que pensez-vous de tous ces projets culturels et artistiques inaugurés durant les derniers mois à Tanger, dont les deux musées récemment inaugurés à la Casbah par exemple?
Oui ce sont d’excellentes initiatives que je salue énormément, qui vont sans doute apporter un plus à la vie culturelle Tangéroise, mais à mon avis j’aurais voulu y voir plus d’expositions temporaires, que les expositions puissent tourner et proposer des nouveautés tous les mois car c’est comme cela qu’on peut faire découvrir différents arts et faire bouger les choses à Tanger.

Propos recueillis par Abdeslam REDDAM