Arrivée au Maroc en voyage de découverte, elle est finalement restée à Tanger où elle vit avec sa famille et signe d’excellentes oeuvres artistiques. Hannele Väre-Salonen expose aux Insolite a partir du samedi 19 février 2022. Une belle exposition à voir et une artiste à découvrir dans cet entretien.

Vous êtes une artiste Finlandaise et vous vivez à Tanger où vous organisez une exposition à la librairie/galerie les Insolites.
Quel sera le thème central de cette exposition et à quel type d’amateurs d’arts vous vous adressez ?

« Seule la réalité est capable
d’éveiller l’oeil,
de l’arracher à son rêve solitaire,
à sa vision,
pour le contraindre à l’acte conscient
de voir,
au regard. »
Giacometti.

Le thème centrale de l’exposition est mon regard d’artiste, qui se reflète dans le regard du spectateur. Je m’adresse au regard de celui qui regarde mon art pour ouvrir une fenêtre au-delà du sujet apparent.
Je suis traductrice de langues romanes et j’ai fais les études de philologie à l’université d’Helsinki, Finlande. Je suis pourtant très visuelle et j’ai parfois du mal à me traduire, de transmettre les mots portant sur ce que je pense visuellement au fond. La méditation zen m’a aidée à me libérer de cette dichotomie, à laisser l’espace intérieur s’ouvrir pour laisser les mots essentiels apparaître – lentement. À Tanger, l’inconscient a commencé à parler, même crier, par le geste de pinceau à l’encre noire. L’espace blanc est aussi important que le noir. En plus, le noir contient toutes les couleurs. Les peintures d’encre de couleurs ont commencé à sortir ensuite.
Depuis mon enfance, c’est la nature qui me touche le plus. À Fès, c’était la vie entre les murs, à Tanger, d’abord la mer et les rochers. Puis les collines vertes. J’adore les rochers, les fêlures, les surfaces lisses, les traces sur le sable. Et marcher, nager.
La chaleur humaine m’a marquée. J’aime l’être humain. L’amour est la source vitale. Je regarde beaucoup les gens, et chaque jour il y a un visage qui me frappe, une expression corporelle magique. La force et la vivacité des femmes et surtout la joie des enfants, notre avenir. La souffrance de l’homme.

Avez-vous déjà exposé à Tanger ou s’agit-il d’une première expérience ?

J’ai participé à une exposition d’artistes marocains et étrangers en 2019 à la galerie Mohamed Driss. Depuis ma résidence à Tanger, j’ai exposé aussi à Marbella en 2020, juste avant le covid.

 

Vivre à Tanger et découvrir le Maroc est-il une valeur ajoutée dans votre vie comme artiste?  Qu’est-ce qui vous a le plus marqué ici?

« La grande aventure,
c’est de voir surgir
quelque chose d’inconnu,
chaque jour,
dans le même visage.
C’est plus grand que tous les voyages
autour du monde. »
C’est l’ouverture du regard qui m’a marquée. Je suis une artiste voyageuse. J’avais déjà voyagé en Europe et sur deux autres continents. J’avais vécu en Suède, en France, en Espagne, en Allemagne et en Italie. Le Maghreb m’appelait depuis mon enfance et c’est en Espagne que j’ai voulu apprendre l’histoire et la culture d’Al Andalus. J’ai retrouvé à Fès la culture andalouse et ensuite une richesse culturelle surprenante. La diversité des régions et des paysages ont été une découverte magnifique.
Je suis restée au Maroc parce que j’étais incapable de partir, et il s’est créé une ouverture d’espace par rapport à l’Europe. J’ai appris, petit à petit, à connaître et à comprendre et aimer ce pays. Une perspectve nouvelle vers le Maghreb et l’Afrique s’est ouverte. J’essaie de le transmettre à mes amis européens, à mes enfants. Un grand merci à mes amis marocains de m’avoir aidée à me renseigner et à me libérer d’idées préconçues.
J’ai été impressionnée par les couleurs, la musique, l’artisanat, l’architecture et les habits traditionnels, arabes et amazighs.
L’encre noire m’a permis d’abord à débloquer le subconscient, à harmoniser la joie avec la souffrance, à traduire les expériences et les émotions par rapport aux mentalités, aux expressions humaines et sociales.
Les paysages mystiques et réels baignant sous les lumières se sont éclatées en couleurs. Ma palette développée en Finlande a changé à Tanger. Mon regard s’est amplifié.

-Pourquoi avez-vous choisi d’exposer aux Insolites et pas ailleurs ? Qu’est-ce qui vous a plu chez Stéphanie Gaou?

J’ai senti que Stéphanie Gaou a aimé ma peinture honnêtement. Nos regards se sont croisés et elle m’a demandé si je voulais exposer aux Insolites. Je connais sa librairie depuis cinq ans et j’admire sa manière de travailler. Elle connaît les livres qu’elle vend et elle réunit des Marocains, des Français, des résidents et des visiteurs étrangers. Sa librairie-galerie est un centre culturel et lieu de rencontre magnifique. Un grand merci à Stéphanie et à son personnel: C’est un grand honneur pour moi de pouvoir y partager mon art.

Propos recueillis par Abdeslam REDDAM