La crise des toxicomanes à la rue Velasquez et dans les autres espaces du centre-ville s’intensifie sans qu’aucune partie responsable n’intervienne.
Récemment, après des contacts répétés avec une association locale qui accompagne les toxicomanes, les riverains de la rue Velasquez ont eu la promesse d’une visite sur le terrain pour essayer de sensibiliser ces groupes de toxicomanes à ne plus continuer d’être une menace aux habitants.
Malheureusement, les membres de cette association ne se sont jamais présentés sur les lieux…
De part son aspect social très négatif et ses terribles conséquences sur toute la société, la toxicomanie peut disparaitre à jamais si l’État investit dans tous les moyens pour l’éradiquer.
« Je ne veux plus voler les gens pour avoir ma dose », jure Mohammed. Dans le grand salon de l’association Hasnouna, à Tanger, ils sont une trentaine de toxicomanes à raconter leur quotidien infernal et leur volonté de vaincre ce qu’ils appellent « l’mono », « le manque ».
Fondée en 2006, Hasnouna est, selon ses responsables, la première association à aider les toxicomanes à surmonter la dépendance grâce à une « stratégie de proximité », en établissant avec eux un dialogue basé sur la confiance mutuelle, dans une société conservatrice où ils sont mis à l’écart.
« Cette stratégie de proximité consiste à aider le toxicomane à comprendre sa maladie, à être conscient de son problème d’addiction », plutôt que le condamner, expliquent les responsables de l’ONG.
« J’ai eu une enfance normale à Tanger. Lorsque j’ai quitté l’école à 17 ans, j’ai fait toutes sortes de boulots, gardien de voiture, transporteur près du port, garçon de café », explique-t-il, honteux d’en être réduit à voler.
« Je viens depuis des mois, j’assiste à toutes les réunions mais je n’ai pas encore droit à la méthadone. Je vous assure que je veux arrêter », renchérit un autre participant.
« Pour moi le plus dur, c’est le regard des gens, l’exclusion dont on est victimes. A Tanger, tout le monde se connaît et tout le monde se méfie de nous », ajoute-t-il.

Selon les responsables d’Hasnouna, la drogue est très facile à trouver.
« Le minimum c’est trois doses par jour, mais la plupart ont besoin de cinq à sept doses, parfois dix », confie encore un autre toxicomane.
« Je me suis prostituée pour avoir ma dose quotidienne. J’étais au ban de la société. Dans une société comme la nôtre, une femme toxicomane souffre beaucoup plus qu’un homme », explique Fatima, 45 ans.

Quand la méthadone disparaît,
c’est la grande angoisse
A Tanger, Tétouan, Nador, Al Hoceïma et Oujda, ainsi que dans d’autres villes, la situation des patients traités à la méthadone est intenable. Par périodes, ils sont nombreux à craindre une rupture totale des stocks, qui finit toujours par se produire. Et quand cela arrive, c’est la pagaille totale. Des rassemblements ont lieu devant les centres de distribution de ce traitement de substitution, que le Maroc a été le premier dans la région arabe à adopter contre l’addiction à l’héroïne.
Parmi les anciens dépendants aux drogues, beaucoup craignent la violence d’un sevrage qui les replongerait dans leur consommation passée. Souvent, la situation nécessite l’intervention de la Protection civile quand certains manifestants perdent connaissance.
Alertant sur l’épuisement des réserves disponibles, des organisations de la société civile rappellent aussi du rôle essentiel de la méthadone dans le traitement de la dépendance aux opioïdes, qui permet de réduire les risques sanitaires et sociaux liés à la toxicomanie.
Résultat: il faut que les stocks de la méthadone ne s’épuisent jamais. Mais qu’en est-il de la lutte contre le trafic de l’héroïne et des drogues dures au Maroc?
A.R.