Le 12 septembre, Majorque a été le témoin d’un moment qui a dépassé le cadre du protocole. Dans le cadre du Forum EuroAfrica, organisé par la foundation EUROAFRICA en collaboration avec le Cercle d’Économie, la docteure Assia Bensalah Alaoui, ambassadrice itinérante de Sa Majesté le Roi du Maroc, Mohammed VI, a présenté devant le monde entrepreneurial baléare une vision qui transcende les frontières : celle d’un Atlantique africain conçu comme espace d’intégration et d’avenir partagé.
Une voix avec autorité continentale
La présence de la docteure Alaoui n’a pas été celle d’une simple invitée. Reconnue comme l’une des plus grandes spécialistes de l’Afrique dans sa complexité géostratégique, son parcours l’a consacrée en tant que pont vivant entre dirigeants et anciens dirigeants africains. Hier, à Majorque, sa voix a résonné avec l’autorité de celle qui non seulement observe, mais participe activement au tracé du destin africain.
Le Forum EuroAfrica et le Cercle d’Économie
Le Forum EuroAfrica a confirmé son rôle de plateforme de réflexion intercontinentale. Il l’a fait avec le concours du Cercle d’Économie de Majorque, un think tank indépendant et pluraliste, attaché à un esprit critique et généreux, orienté vers le progrès collectif. Ses membres, habitués à débattre avec des figures de premier plan — de Felipe González à José Luis Rodríguez Zapatero, de Mariano Rajoy à Enrico Letta —, ont entendu hier une perspective qui relie la Méditerranée à l’Atlantique, et l’Europe à l’Afrique.
L’Initiative Atlantique: redessiner la carte
Le cœur de l’intervention fut l’Initiative Atlantique, présentée par le Roi Mohammed VI en novembre 2023. Alaoui a expliqué qu’il ne s’agit pas seulement d’un projet logistique, mais d’un redessin géopolitique permettant aux pays du Sahel d’accéder au commerce mondial via les ports marocains, tels que Tanger Med et le futur port de Dakhla, encore en construction.
Les pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES) ont déjà exprimé leur soutien. Pour des nations comme le Mali, le Niger ou le Burkina Faso, longtemps enfermées à l’intérieur du continent, cette initiative équivaut à une ouverture vers l’océan — et, avec elle, vers l’économie globale.
Des chiffres révélateurs
Les données avancées par l’ambassadrice ont impressionné l’auditoire: la façade atlantique africaine concentre 55% du PIB du continent, assure 57% du commerce intra-africain et capte 60% des investissements directs étrangers. L’Initiative Atlantique apparaît donc comme une stratégie pour amplifier la force d’une région déjà moteur économique de l’Afrique.
Le gazoduc : artère d’acier sous le sable
Alaoui a relié cette vision au projet du gazoduc Nigeria-Maroc, conçu comme le plus long du monde, avec plus de 5 600 kilomètres. Cette infrastructure traversera 13 pays avant d’atteindre l’Europe et bénéficiera à plus de 440 millions de personnes en Afrique de l’Ouest.
D’un coût estimé à 25 milliards de dollars, avec une capacité allant jusqu’à 40 milliards de mètres cubes par an, ce projet n’est pas qu’un simple conduit énergétique: c’est une artère de développement reliant même des pays sans littoral comme le Mali, le Niger et le Burkina Faso.
Le Prix EuroAfrica
Un des moments les plus marquants de la journée fut la remise à l’ambassadrice du Premier Prix EuroAfrica, une distinction inaugurale appelée à être décernée chaque année à des personnalités d’impact intercontinental. Le prix a salué la trajectoire d’Alaoui comme bâtisseuse de ponts de dialogue et d’amitié, semant la paix et la compréhension mutuelle entre les rives de la Méditerranée et de l’Atlantique.
Une conclusion avec horizon
La journée d’hier n’a pas été un simple rendez-vous diplomatique. Elle a été une déclaration d’intentions. L’Afrique a montré que son énergie et sa jeunesse sont prêtes à franchir le pont vers l’avenir. Et le message fut clair: l’Europe, si elle sait lire les signes de l’histoire, devra marcher à ses côtés.
Car l’Atlantique africain, cet horizon qui fut durant des siècles une frontière, a commencé hier à Majorque à se révéler pour ce qu’il est appelé à devenir : un espace de rencontre, d’union et de destin partagé.
Par Abderrahman Ouadrassi
























