Cardiologue et une grande spécialiste en troubles du sommeil, Lamiae Ghziel est aussi un joli visage bien connu des chaînes de télévision et une douce voix qu’on écoute souvent à la radio expliquant à ses patients et même aux personnels de la santé, des détails très importants sur deux spécialités. Elle est également l’auteur d’un important guide professionnel que vous allez découvrir dans cet enretien très captivant.
Vous êtes cardiologue et spécialiste également en apnée du sommeil ? Expliquez-nous la relation entre ces deux spécialités et où se situe la dangerosité des apnées ?
Quoi de mieux qu’une bonne nuit de sommeil pour faire le plein d’énergie et pour améliorer nos performances.
Les personnes qui dorment cinq heures ou moins par nuit, ou plus de neuf heures par nuit, obtenaient de moins bons résultats quant aux indicateurs d’une bonne santé cardiaque, ainsi qu’une pauvre qualité du sommeil avait le même effet sur la santé cardiaque.
Le sommeil est un besoin biologique universel. La période du sommeil est constituée de 4 à 6 cycles successifs ; un cycle est lui-même constitué d’une alternance de sommeil lent et de sommeil paradoxal. On peut dire qu’on a bien dormi si au moins 85% du temps total passé dans le lit est consacré au sommeil, si la phase d’endormissement dure 30 minutes ou moins, et si on ne se réveille pas plus d’une fois par nuit.
Il existe plusieurs causes qui peuvent perturber le sommeil, dont l’apnée du sommeil ou autrement dit les troubles respiratoires du sommeil, et ceci a de grave répercussion sur la santé cardiaque.
Il y a un fort lien causal entre l’apnée du sommeil et la maladie du cœur qui se manifeste par apparition ou aggravation de plusieurs pathologies cardiovasculaires.
Quelles sont les causes des apnées du sommeil et leurs conséquences ?
D’abord, je dois expliquer au public que c’est l’apnée du sommeil se manifeste par des arrêts involontaires de la respiration durant le sommeil. Ces pauses respiratoires durent par définition plus de 10 secondes et se produisent plusieurs fois par nuit, à une fréquence variable. C’est sûr que le grand public se demande aussi quels sont les signes de cette pathologie ?
L’apnée du sommeil se manifeste, en effet, essentiellement par le ronflement, la fatigue, les maux de tête, la somnolence diurne excessive, le manque de concentration, les troubles de l’humour, les troubles sexuelles, l’énurésie, la sudation nocturne excessive…
Et quelles sont ses causes ?
Les causes sont nombreuses mais les plus évidentes sont:
a) l’Hypertrophie amygdalienne
b) Diabétique de type II
c) L’hypertension artérielle
d) Les maladies endocrines : hypothyroïdie….
e) L’obstruction nasale, saisonnière ou non, responsable d’une respiration anormale par la bouche.
f) La déglutition atypique
j) La micrognathie ; Rétrognathie.
Ce fameux syndrome a des conséquences très dramatiques sur la santé en général et sur le cœur en particulier.
Les manifestations cardiaques se résument en hypertension artérielle, les accidents vasculaires cérébraux, l’insuffisance cardiaque, l’infarctus du myocarde et l’apparition des arythmies.
Sur le plan général, cette pathologie peut entrainer une diminution de la qualité de vie, l’obésité, un risque de diabète, un risque potentiel de maladie d’Alzheimer, la dépression…
Existe-t-il une relation entre l’apnée du sommeil et les ronflements ?
Dois-t-on s’inquiéter quand on ronfle ?
Ma réponse est par un grand OUI, car le ronflement n’est pas un geste physiologique, c’est plutôt le résultat du relâchement des muscles du cou, ce qui peut entraîner un rétrécissement, voire même une fermeture des voies aériennes supérieures, et ceci aura comme conséquence des hypopnées ou bien des apnées.
Est-il vrai que les femmes en souffrent plus que les hommes ou c’est totalement le contraire ?
L’apnée est deux fois plus fréquente chez les hommes que chez les femmes, et si le fait d’être un homme et non une femme accroît le risque d’apnées du sommeil, cette différence devient moins perceptible après la ménopause. Ceci suggère une explication hormonale, jouant sur la résistance des tissus du cou. Par ailleurs Il existe une susceptibilité individuelle au syndrome et une prédisposition familiale.
Est ce que cette maladie est curable et par quels moyens l’est-elle le plus efficacement ?
L’ensemble des personnes souffrant d’un SAHOS, en toute sévérité confondue, doivent s’adapter à l’instauration des mesures suivantes :
• Perte de poids à travers la modification du mode de vie : le changement des habitudes alimentaires et l’augmentation de l’activité.
• Réduction de la consommation d’alcool et de tabac.
• Réduction de l’utilisation de traitements hypnotiques, myorelaxants et anxiolytiques.
À ce jour, il n’existe pas de médicaments permettant de soigner l’apnée du sommeil. Cependant, des traitements mécaniques très efficaces existent :
Traitement par ventilation à pression positive continue (PPC ou CPAP). Il s’agit du traitement de choix de l’apnée du sommeil. Un appareil insuffle de l’air en continu par le nez ou bien la bouche et le nez, grâce à un masque que l’on porte la nuit. L’air insufflé permet de maintenir les voies respiratoires ouvertes en continu, ce qui supprime les apnées. Bien que ce traitement soit extrêmement efficace, il faut prendre le temps de s’habituer à dormir avec le masque. Cela peut paraître inconfortable au début, mais il faut être patient.
L’OAM est un appareil orthodontique constitué de deux gouttières dont le principe mécanique est de dégager le carrefour aéropharyngé en maintenant une propulsion forcée de la mandibule pendant le sommeil, en prenant appui sur les structures maxillaires. Chaque gouttière est moulée sur l’arcade dentaire correspondante, et ne peut se maintenir en place qu’en présence d’un nombre suffisant de dents saines sur chaque arcade.
Vous avez publié le Guide « Échographie en réanimation » qui est dédié aux professionnels du secteur. De quoi traite-t-il exactement ?
La réalisation d’échocardiographies par le réanimateur est un impératif inhérent aux conditions même de l’exercice en réanimation.
La présence croissante d’appareils d’échocardiographie dans les unités de réanimation a naturellement ouvert la voie à l’exploration par les réanimateurs de structures cardiaques.
L’échocardiographie est un examen d’imagerie qui utilise le principe des ultrasons. Il permet la visualisation, l’analyse et la mesure en temps réel des structures du cœur (muscle, valves, péricarde) ainsi que des gros vaisseaux (aorte, artère pulmonaire).
L’objectif du réanimateur n’est donc pas de prendre la place du cardiologue, ni de faire un examen «à double» mais de couvrir une période de temps déterminante pour le succès de la réanimation initiale qui permet parfois, dans l’attente du spécialiste, de sauver des vies humaines.
En France, la réalisation de ces examens est devenue routinière pour les réanimateurs.
L’intérêt de mon livre c’est de couvrir ce besoin en réanimation qui servira de sauver plusieurs vies.
Propos recueillis par Abdeslam REDDAM