Aussi étonnant que cela paraisse et eu égard à mon aspect juvénile avec plus de 30 ans d’expérience professionnelle, j’ai fréquemment l’air idiot.
Et en réponse à 2 de mes publications sur les réseaux sociaux (voir images), cela va me faire encore courir une fois de plus le risque de passer pour un ANALYSTE NON SÉRIEUX, un Analyste sérieux étant un homme ou une femme qui se trompe tout le temps mais en même temps que tous les autres.
En ce qui me concerne, je me suis souvent trompé dans le passé. Il m’est parfois arrivé d’avoir raison, mais la plupart du temps, quand j’ai eu raison ou tort, j’étais tout seul dans mon coin. Et il est plus facile d’avoir tort avec tout le monde que raison tout seul dans son coin…
[« Avoir raison trop tôt est socialement inacceptable. » (Robert. A. Heinlein)]
Pour donner un sens à ces propos énigmatiques, il me faut préciser la façon dont je travaille. Jamais je ne fais une prévision. Toutes les erreurs que j’ai faites dans le passé venaient de la même cause: une ERREUR de diagnostic. J’investis en fonction de ce que je sais avec certitude. Et donc si je me trompe sur ce que je crois savoir, les résultats seront décevants.
Prenons l’exemple de l’inflation.
Ce qu’elle fera dans 2 ans je m’en FOU TOTALEMENT & JOVIALEMENT, la seule chose qu’il m’importe de savoir est si le hausse des prix aujourd’hui accélère ou décélère puisque c’est la seule chose aussi qui a de l’INFLUENCE sur les marchés.
Pour arriver au résultat recherché, je ne fais aucune confiance aux calculs sophistiqués. Je construis, pour arriver à une conclusion, sur plusieurs règles et quand une majorité de ces règles va dans le même sens, j’agis en conséquence. De ce fait:
u L’indice des prix de détail des USA est passé en hausse structurelle pendant le premier trimestre 2021. Donc, je dis que les USA sont dans une période inflationniste et je changerai d’opinion quand les faits changeront. Et par définition, quand l’inflation accélère dans un pays, on cesse de gagner de l’argent.
u Puis, je prends plusieurs pays et je vois combien d’entre eux sont en inflation structurelle par rapport à ceux qui n’y sont pas. Aujourd’hui, 100 % des pays sont inflationnistes et c’est la première fois depuis des lustres. D’où je conclus que l’inflation est maintenant un problème mondial et que gagner de l’argent dans les actions et obligations va être … très très compliqué.
u Enfin, je prends les indices des prix des grands pays (USA, Allemagne, Japon, Grande-Bretagne, Chine) qui sont composés en général d’une quinzaine de sous-secteurs (nourriture, énergie, transports, éducation, santé etc…) et je vérifie combien de ces indices sectoriels sont en hausse et combien sont en baisse. Laissons de coté ces analyses de pipelette où les prix de détail ont grimpé de 5 % parce que le pétrole a quadruplé alors que rien d’autre n’a bougé. Aujourd’hui, tous les indices sectoriels sont en hausse entre 4% et 8 %, ce qui veut dire que le problème inflationniste est en train de toucher tous les secteurs et n’a que peu à voir avec la hausse du prix de l’énergie.
En conséquence, nous sommes en plein dans une crise inflationniste de choix, dont il va falloir sortir en utilisant les recettes habituelles et je peux assurer le lecteur et la lectrice que cela ne sera pas une partie de plaisir. Et c’est là que je vais me servir de mon expertise (Analyse) pour expliquer ce qui doit être fait pour revenir à la stabilité des prix.
Si l’inflation, comme je l’ai dit dans plusieurs de mes articles antérieurs, [« c’est de subventionner avec de l’argent qui n’existe pas des dépenses qui ne rapportent rien »], eeh bien, il va falloir, d’abord et certes, cesser de créer de l’argent magique, mais aussi absorber l’argent magique créé depuis quelques années. Pour info, 55 % de l’argent créé aux USA depuis la guerre d’indépendance contre la Grande-Bretagne, il y a plus de 100 ans, l’a été durant les 4 dernières années …
En Europe, la croissance de M2 (création de la masse monétaire) a été d’environ 35 % sur la même période, mais avec une croissance économique beaucoup plus faible que celle de M2.
Le malade américain et le malade européen ont donc été sous perfusion constante d’argent gratuit depuis des années. Et, cela va être durs à sevrer.
Pour retirer tout ou une partie de cet argent excessif, et pour réduire la croissance de la masse monétaire dans le futur, il va falloir, comme toujours, que les taux d’intérêts passent significativement au-dessus du taux d’inflation, pour des raisons évidentes mais qui seraient trop longues à expliquer.
Exemple, admettons que le taux d’inflation pour le Maroc dans les 5 ans qui viennent soit aux alentours de 3% par an (soyons gentil).
Cela veut dire qu’il faudrait que les taux soient aux alentours de 4%. Avec des taux à 4%, au fur et à mesure que la dette ancienne arrive à échéance et est remplacée par de la dette nouvelle avec un taux plus élevé, le service de la dette passera de 5% à plus de 15% du PIB à la fin du mandat de monsieur Akhenouch, ce qui veut dire qu’il faudra couper toutes les autres dépenses telles la défense, la police, l’éducation, les transferts sociaux d’au moins 50 %, ce qui est impossible.
Ce que je dis est simple … compte tenu de la dette accumulée depuis des décennies par notre pays, la moindre hausse des taux d’intérêts nous ferait immédiatement rentrer dans une trappe à dettes Keynésienne, où le service de la dette croît beaucoup plus vite que la richesse nouvellement créée. Et comme le tiers de notre dette est détenue par des étrangers, plus de 100% de la richesse nouvellement créée ira à ces étrangers, ce qui veut dire que notre niveau de vie baissera inexorablement année après année.
Revenant à une conclusion mondialiste, puisque notre balance commerciale, grosse maille, est déficitaire de 70% (c’est-à-dire on exporte 1/3 et on importe 2/3), donc impacter par la FED et la BCE.
La FED & la BEC vont continuer à faire monter la masse monétaire (l’argent magique) en achetant les obligations d’Etat, puisqu’elle est la seule à pouvoir acheter « à perte » et que ces obligations vaudront à terme à peu près autant que leurs consœurs Vénézuéliennes ou Argentines, c’est-à-dire qu’elles vont tendre vers zéro.
Et pour ceux qui m’ont « commenté » en privés, il ne peut pas en être autrement tant que l’Euro existe, ce qui veut dire que les pays du Nord vont devoir choisir entre continuer à ruiner leurs épargnants ou tuer l’euro.
En termes simples, ni les pays du Sud de l’Europe, ni les USA ne peuvent monter leurs taux, c’est mathématiquement impossible, alors que les pays du Nord de l’Europe le pourraient.
Les évènements avec la Russie arrivent au bon moment pour enlever tout désir d’indépendance aux pays du Nord, ce qui veut dire qu’ils ne feront rien et que la BCE va continuer à émettre de l’argent magique, et donc le cours de change de ce qui n’a jamais été une monnaie, l’Euro, va s’écrouler puisque le taux d’intérêt sera structurellement trop bas.
Quel effet sur le patient dollar, tout aussi malade?
Paradoxalement, au début, cela va le faire monter.
Imaginons, un certain nombre de sociétés européennes aient d’un seul coup besoin d’acheter des dollars pour payer leur pétrole aux Saoudiens ou aux Qataris, ou leur huile et leur blé aux américains alors qu’avant elles payaient tout ça en euro.
SUPPLYCHAINEMENT, elles n’ont pas le moindre dollar en réserve.
Elles vont faire 2 choses:
u acheter des dollars avec les euros excédentaires qu’elles auraient.
u acheter pour se couvrir, le pétrole ou le blé, ou le gaz dans les marchés à terme sur ces produits en dollar.
Et si le pétrole, ou le blé, ou le gaz montent, elles seront l’objet d’appels sur marge, en dollar, alors qu’elles n’en auront toujours pas. Et il faudra en acheter ou en emprunter plus.
Ainsi, le dollar risque de continuer à monter, alors même qu’il devrait s’effondrer, tout simplement parce que pétrole et matières premières sont libellées en dollar et que l’Europe est short le dollar d’un montant équivalent à celui qu’elle dépensait pour acheter les mêmes matières premières à la Russie en Euro.
Et toute hausse du dollar renforcera la récession qui arrive aux USA, ce qui ne peut qu’entraîner des mesures protectionnistes à Washington. (Réponse à ceux qui m’ont « commenté » en privés).
Bref, et pour faire simple encore une fois, l’euro et le dollar sont dans un éminent, glorieux et remarquable cercle vicieux, où la baisse de l’euro déclenche des achats de dollars, ce qui fait baisser l’euro encore plus et donc monter le dollar … ainsi de suite, jusqu’à la faillite de ceux endettés en dollar et qui sera suivi d’un effondrement de la monnaie américaine lorsque les achats forcés en provenance de la zone Euro cesseront.
Autre conclusion:
Et la crise Russe ne fait que renforcer les divergences explosives entre les économies américaines et européennes.
Que le lecteur et la lectrice veuille bien me croire, tous les indicateurs ayant une relation avec ce qu’on convient d’appeler les actifs à risque (actions, obligations du secteur privé) sont au rouge vif, ce qui n’était jamais arrivé depuis des décennies.
Et je ne peux en tirer qu’une conclusion:
les politiques imbéciles suivies aux USA et en Europe depuis les 2 dernières dizaines d’années sont en train d’arriver à leurs limites et nous sommes peut-être beaucoup plus proches du feu final que bien des gens ne le pensent.
Et les autorités ne pourront rien faire. Les banques centrales ne peuvent plus rien faire, les états sont complètement dépassés, tous les hommes politiques sont des Lilliputiens (pauvres, petits et inférieurs), les Universités sont devenues des fabriques à crétins et la presse libre a disparu …
Le temps est peut-être venu, enfin, de procéder au Grand Reset, c’est-à-dire d’abandonner toutes ces politiques imbéciles pour revenir à des prix de marché. Nous sommes (peut-être) en train d’arriver à la fin de l’expérience sociale-démocrate qui a commencé en 1945 et qui, comme l’expérience communiste en 1990, est en train de s’écrouler sous ses propres contradictions. Et c’est ce qu’avait prévu Mon « Schumpeter ».
Comme la chute du mur de Berlin, ce serait une très bonne nouvelle, mais cela risque de secouer beaucoup …
Je crains pour mon épargne, et pour la vôtre … mais quand l’avalanche part, il vaut mieux ne pas être sur la piste en contrebas.
M. JOUAHRI (WALI BANK AL MAGHRIB) créé une position en Yen, incroyablement sous-évalué à cause du cercle vicieux entre le Dollar et l’Euro.
Bref, les conditions pour que nous ayons une baisse de 50% ou plus sur les marchés des actions sont en train d’être réunies et on en a connu (1973-1974, 2000-2003 et 2007-2009).
C’est là qu’il faut se souvenir que le grizzly est le plus grand des carnivores existant sur terre en ce moment.
J’en ai très peur.