Abdelkrim Ouazzani ne saurait effectuer un tour de piste sans ses joyeux monstres, d’un surmoi débordant d’envies et de plaisirs bien plus que de regrets, forçant le monde comme il le fait des
barres de fer enduites de cette toile qui fait peinture, arrondissant les angles et se couvrant d’un nuancier de la candeur.
Le printemps de Catherine Poncin est féminin et s’entrouvre comme l’origine du monde, où la nature s’affiche maternelle, d’une fente d’optique par laquelle la photographe nous initie aux plaisirs de l’exigence et de la perfection.
Selfati offre un bouquet de ses impressions, sa sensibilité du monde à vif et retravaillée avec une énergie de tous les diables, quand son portrait du pape du pop art en défait l’identification et le singularise, comme pour déconstruire le processus de celui qui rendit plus iconiques encore ces icones que furent Marylin, Mao ou Elizabeth Taylor.
Insaf Slassi met au monde d’entières nurseries de nourrissons brodés et de fœtus papillonnant,
couverts de guirlandes de fleurs comme Yto Barrada en couronnait ses harrags de la forêt, bouts d’hommes recroquevillés sur eux-mêmes, dans des cadres comme des biscuits de porcelaine, et qui refusent d’affronter le monde qui défile devant eux.
Houda Terjuman présente son univers surréaliste à la Magritte, frontal et opaque, comme des découpes dans l’improbabilité du réel, dans la résistance du monde, qu’elle laisserait flotter en tableaux ou en sculpture de la lévitation et du silence des choses.
PHILIPPE GUIGUET BOLOGNE
Gallery KENT
19, rue Jabha Al Watanya (près de l’Hôtel
Rembrandt) Tanger
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