Amina Rezki n’a pas eu besoin de se lancer à la reconquête de la figuration : elle est la figuration. Son œuvre entière parle de sa capacité de représenter, où elle plonge dans le dessin comme Mozart devait se jeter dans les notes d’une partition : d’une façon évidente, allant de soi, indiscutable ! Tout le travail d’Amina Rezki, aussi sombre soit-il – et bien souvent il est inquiet – constitue une ode au plaisir de la peinture et du dessin. Elle n’aura jamais à s’expliquer : il lui suffit de laisser son talent faire – sans compter que pour atteindre un tel niveau de technique et une telle production, il va de soi qu’elle est un phénomène de travail – : elle est là, elle peint, elle n’est rien d’autre que la toile dans laquelle elle se projette, elle n’est rien d’autre que le dessin qui s’esquisse ; elle n’est rien d’autre que le pigment qui s’étale. Amina Rezki n’a pas à justifier son travail : elle est dans l’acte, elle fait et elle sait faire. Elle est au cœur de cette veine de l’art, de la peinture en particulier, où la parole ne peut qu’être le substitut d’un manque, un constat d’échec : elle n’a pas besoin d’exégèse, elle peint et elle se tait. Elle est peintre et elle peint. Voilà tout. Pour nous, son public, il suffit de regarder. Tout est là, tout est dit.

(Extrait du texte de Philippe Guiguet Bologne pour Gallery Kent )