Dans le cadre de l’organisation d’une importante rencontre de la CGEM Nord, en partenariat avec l’AZIT, sur les enjeux et les perspectives de la gestion des déchets industriels, Adil Rais, président de la CGEM TTA explique dans cet entretien les plans de l’antenne de la Confédération au Nord pour que l’industrie soit plus propre.

Le dernier rapport RSE 2020 publié par Tanger Med indique que plus de 52000 tonnes de déchets industriels sont générés par les zones d’activités Tanger Automotive City et Tanger Free Zone et que sur cette quantité, uniquement 4700 tonnes seraient valorisées, soit moins de 10%. Nous sommes donc face à un vrai problème environnemental et écologique au niveau local. Quel est votre propre constat concernant cette situation ?

Je crois que le problème est posé sur le plan national et même mondial. On n’arrive pas à envisager une solution réelle pour ces déchets industriels. D’abord ces déchets ne sont ramassés par personne. Ils ne sont même pas intégrés dans le cahier des charges qui a été mis en place par la commune et c’est un problème.
Aujourd’hui, il faut que nous soyons tous responsables. Il faudrait réellement mettre en place tous les outils nécessaires pour faire le ramassage des déchets industriels, mais surtout, et c’est notre objectif, les trier et les valoriser. Trouver les moyens de construire une économie circulaire à partir de ces déchets. Il y a une richesse et une économie importante à créer dans ce domaine. Aujourd’hui si un pays se base seulement sur la vieille économie mécanique, etc., il sera un pays en retard dans tous les domaines. La valorisation des déchets industriels est devenue un élément fondamental pour pourvoir construire une nouvelle économie basée sur le recyclage des produits, sur l’intelligence de la récupération et donc visant à moins polluer et à moins utiliser des produits nouveaux, etc.

Est-ce qu’au niveau de la région Tanger-tétouan-Al Hoceima, industriels et responsables politiques sont prêts aujourd’hui à travailler ensemble pour atteindre ces objectifs ?

A la CGEM, nous avons commencé déjà par mettre en place une étude, avec un financement de la société financière internationale (SFI), qui nous a aidé à voir clair au niveau des déchets industriels.
L’étude a été réalisée au niveau de toutes les zones industrielles de Tanger. A partir de là, nous devons construire des projets qui nous permettront d’organiser un peu ces déchets, de bâtir des industries qui utilisent ces produits en terme de recyclage et de réutilisation. Le chantier est énorme, que ce soit pour les déchets métalliques, de bois, du carton, le tissu… Tout est aujourd’hui réutilisable.
Nous lançons cette dynamique et c’est l’un des grands projets de la CGEM Nord qui sera traduit par une première étape qu’on va mettre en place très bientôt pour essayer de traiter ces déchets.

Je crois que nous sommes pionniers au niveau national et nous espérons aller très loin dans ces projets de l’économie circulaire.
Existe-t-il un accompagnement de la part des autorités locales, la Wilaya et la Commune notamment, pour la réalisation de ces projets?

Nous sommes en contact avec les responsables concernés, notamment le Wali M. Mohamed Mhidia et le président de la Commune. Dans cette étape que nous préparons, le Wali nous aide, bien sûr, à la mettre en place. Pour le cas des responsables de la commune, nous avons un contact régulier, mais ils ne sont pas tout à fait impliqués dans la gestion des déchets industriels. Il faudrait qu’on travaille nous aussi pour les sensibiliser sur cette problématique jusqu’à ce qu’elle devienne une thématique centrale.
Nous voulons aussi traiter les déchets dangereux, car nous n’avons aucune information sur ces déchets qui sont réellement une boîte noire. Nous voulons aussi savoir comment les traiter.
Aujourd’hui, la plupart des déchets dangereux sont envoyés à Casablanca pour être traitée. Il est incroyable qu’on soit la première région en terme d’investissements industriels mais qu’on ne traite pas encore nos déchets dangereux.
Nous sommes aujourd’hui dans une phase de réflexion avancée, dans la mise en place de quelques projets pour pouvoir traiter l’ensemble de ces problèmes. Et c’est déjà un pas très important.