Tanger vit ses propres dilemmes et ses nombreux paradoxes. La ville avance et progresse sur divers chantiers, mais recule sur bien d’autres. Entre une partie de la population qui manque cruellement de civisme et une faiblesse atroce d’une partie des gouvernants, Tanger se déchire et ressemble à cette belle belle poupée qui coûte très cher mais que la petite fille, jouant avec, lui casse les pieds et les mains et arrache un œil, lui faisant perdre toute sa beauté et sa valeur.
Les mots ne suffisent plus pour décrire les maux de Tanger. La ville souffre effectivement de nombreuses situations contradictoires, insatisfaisantes et contraires à une logique de développement qui a du mal à s’imposer.
Les problèmes de Tanger ne datent pas d’aujourd’hui et c’est ce qui fait véritablement mal au cœur, car ils existent depuis plusieurs décennies en parallèle avec un sentiment de “confort” chez les responsables qui devaient mettre fin à cette situation dérangeant tout le monde.
Psychologiquement, ces responsables se sont retrouvés dans une “zone de confort” qu’ils n’arrivent plus à quitter ou qu’ils refusent de quitter.
En effet, en dehors de la lumière qui jaillit du ciel si sombre de Tanger, en l’occurrence ces beaux projets de réaménagement de l’ancienne Médina et de certains bâtiments historiques menés par la Wilaya et ses partenaires, notamment l’agence de promotion des provinces du Nord, les autres chantiers de la ville n’avancent absolument pas.
Et pourtant, souvent, il s’agit d’actions à la portée des départements responsables.
Petits exemples de grands problèmes
Des routes et des trottoirs cassés dans toute la ville
L’état des lieux est catastrophique et cette situation dure depuis plusieurs années déjà. Sur les grands boulevards comme dans les quartiers chics ou pauvres, la situation est la même. Des trous ici et là, des carrelages cassés ou carrément enlevés, etc. En parallèle, plusieurs comités communaux se sont relayés à la mairie et dans les différentes et communes sans que ces problèmes ne soient réglés.
Petit exemple: cassé et défoncé, le trottoir du Consulat de France donne un aperçu global de l’état de dégradation de cette zone réservée au piétons.
Mais il existe pire encore du côté des rues de Hollande, de Fès et de Moussa Ibn Noussair, sans parler, bien sûr, des zones périphériques qui sont dans un état lamentable.
Éclairage public
Qu’on oublie un ou deux jours de réparer un poteau de l’éclairage public dans une avenue ou une rue est humain. Mais qu’on s’en fout complètement et on abandonne les riverains dans l’obscurité totale et face aux dangers potentiels des vols et autres agressions, est tout simplement inacceptable. Quand on est une ville moderne, qu’on a une commune urbaine réactive, une société qu’on paie bien et un cahier de charges bien défini, ces laisser-aller sont impardonnables.
Petit exemple: cela fait plusieurs mois que les habitants de la rue Lafayette et de la rue de Fès réclament la réparation ou l’installation d’un éclairage public digne de cette zone… et là aussi, il n’y a eu aucune réponse.
Déchets et ordures: ça sent très mauvais
Tout le monde en parle. Contrairement à ce que les autres pensent, Tanger, si belle qu’elle soit, reste une ville assez sale en général, pour ne pas dire très sale s’agissant de certaines de ces zones les plus importantes.
Là aussi c’est un problème de gestion au niveau des principaux partenaires responsables: le citoyen, la commune et les deux sociétés chargées de ce secteur. Mais, franchement, c’est surtout le citoyen qui assume la grande partie de la responsabilité. Quand on aime sa ville et on espère la voir prospérer et progresser, on ne jette pas sa poubelle n’importe où et à n’importe quelle heure. Quand on aime sa ville, on la respecte et la protège.
Cela n’empêche pas que les deux sociétés responsables ont l’obligation de faire plus d’efforts pour assurer la propreté de toute la ville.
Petit exemple: cela fait des années qu’une partie de la rue Moussa Ibn Noussair est devenue un vrai dépotoir des ordures ménagères et autres déchets sans que la société responsable ni la commune ne réagissent. Pourquoi?
Un aspect urbain désolant
Comme dit au début de ce reportage, aujourd’hui à l’exception de l’ancienne Médina transformée en un joli bijou, le reste de la ville est dans un état qui mérite la réflexion. Faites une petite balade dans le centre-ville, à partir par exemple de la place de France vers n’importe quelle direction et vous allez constater que la majorité des façades des immeubles sont sales. De nombreux bâtiments historiques sont abandonnés et affichent souvent des fissures et donc une laideur qu’on peut bien soigner.
Par ailleurs, les jardins sont mal entretenus au point qu’on n’arrive plus à faire la différence entre un vrai jardin et un simple espace vert.
Petits exemples: le jardin de la place Faro (Sour Maagazine) et celui de la Mendoubia méritent un meilleur aspect. En un mot, tout y est cassé, leur design est d’une mocheté absolue et sont mal fréquentés.
La place des Nations est l’autre mauvais exemple de la gestion urbaine de Tanger. Vieillotte au marbre et carrelage cassés, celle esplanade mérite un meilleur aspect qui soit digne de la ville et du boulevard où elle se trouve. A l’instar de la place de France, également très mal gérée, la place des Nations devrait être une très belle vitrine de Tanger.
Conclusion: si les autorités locales s’attaquent sérieusement à ces 4 chantiers, Tanger sera véritablement une ville plus belle….