« …Dans ma vie personnelle et professionnelle, j’ai eu la chance d’avoir des relations avec des gens de différentes nationalités et cultures et c’est une richesse humaine absolument magnifique… »

Asma Larbi, gérante de l’Agence immobilière NREA INVEST, n’est plus à présenter. Grande professionnelle dans un domaine dominé encore par les hommes, elle est aussi une intellectuelle qui aime tout ce qui a une relation avec sa ville natale, Tanger, son progrès et son développement. Elle en parle franchement dans cette interview.

Votre vie personnelle est partagée entre une enfance et une adolescence durant lesquelles on disait du passé deTanger qu’il était l’âge d’or, et un présent dans lequel la ville essaie de rattraper ce temps perdu.
Quels sentiments avez-vous de ces deux époques et quels sont les points qui les différencient l’une de l’autre?

Ces deux époques sont très différentes l’une de l’autre à mon sens. Durant mon enfance et mon adolescence, si je décris mon sentiment à cette époque, ce qui me revient et ce que je vis encore à l’heure actuelle sur le passé de notre ville, c’est son côté international, les voyages, les échanges, les artistes et les gens qui ont marqué la ville et son histoire.
Je me souviens toujours de la plage magnifique avec ses balnéaires en plein centre-ville à chaque fois que je passe à côté, un endroit unique au Maroc, avec ses kilomètres de sable doré. Les maisons coloniales de l’époque, l’absence des grands immeubles. Malgré le fait que la ville ait pu être un peu délaissée durant une période, Tanger a toujours eu une âme et nous étions vraiment heureux d’y vivre. En résumé, je trouvais qu’il y avait une vie ou toutes les nationalités et les origines se rassemblaient sans peurs et sans contraintes.
Aujourd’hui, si je vois les choses d’un côté vraiment personnel, je suis heureuse de voir que notre ville a profondément évolué sur le plan économique et a pris un nouvel élan avec ses infrastructures, et il y a plus d’emplois et de possibilités pour nos proches et la population.  Peut-être que la ville a perdu un petit peu de son âme, mais elle ouvre une nouvelle page très prometteuse de son histoire et une belle chance de se transformer pour un nouveau futur.

Après l’école espagnole, vous avez vécu pendant plusieurs années en Espagne, en Andalousie, avant de décider de vous installer définitivement à Tanger. Jusqu’à quel point la vie et la culture espagnole ont-elles façonné votre personnalité?

Avant de partir en Espagne, une grande période de ma vie a commencé à Marrakech d’abord, et puis en Espagne.
J’ai grandi avec des frères et sœurs qui ont tous fait des études à l’école espagnole. Mon défunt père a toujours travaillé à l’Institut espagnol et une partie de ma famille aussi. Ma première carrière professionnelle je l’ai faite pendant 11 ans à Marrakech dans le Tourisme. C’était avec  un marché d’entreprise espagnole, et puis l’Espagne. Je ne sais pas à quel point la culture espagnole a façonné ma personnalité mais il est sûr que dans ma vie personnelle et professionnelle, j’ai eu la chance d’avoir des relations avec des gens de différentes nationalités et cultures et c’est une richesse humaine absolument magnifique !!!

Vous avez démarré votre vie professionnelle dans d’autres secteurs avant d’investir définitivement dans celui de l’immobilier, d’abord en Espagne et depuis quelques années déjà à Tanger. Comment cette expérience a-t-elle commencé et grâce à qui?

C’est grâce à mon ex partenaire qui était une personne visionnaire et qui a pu voir à temps une crise de l’immobilier à la Costa del Sol en 2004, et puis sa vision d’un potentiel dans  l’immobilier à Tanger avec un manque professionnel dans les services. C’est lui qui m’a motivé à rentrer à Tanger et c’est avec lui que j’ai tout appris dans ce métier et je ne suis pas la seule…

Vous êtes aujourd’hui l’une des meilleures agents immobiliers. Cette succes story est le résultat de nombreux sacrifices. Quel résumé feriez-vous de cette riche expérience?

Je dirais plutôt que l’agence NREA était la première agence immobilière avec une vraie structure professionnelle et ses 7 sites dans les services personnalisés pour les clients, quand peu de gens à Tanger connaissait et croyait aux Sites Web d’une agence immobilière.
Il faut dire qu’on a créé  l’agence NREA au bon moment quand tout le monde voulait investir pour l’événement de l’expo 2012 (que finalement on ne l’a pas eu) et l’agence qui a donné les services pour tous les expatriés au lancement  de l’usine Renault.
Mon expérience se résume en beaucoup de sacrifices pour une femme qui n’avait pas sa place dans un monde d’hommes et où il était difficile de se présenter comme responsable d’une agence immobilière pour traiter des affaires de l’immobilier avec les hommes.
De l’autre côté, il y a ces années très riches en relations humaines et qui continuent !!!

Comment se porte le métier des agents immobiliers aujourd’hui et selon votre expérience y a-t-il des efforts encore à faire pour mieux le développer?

Comme je dis toujours, il n’y a pas d’efforts quand on aime et on est passionné par ce qu’on fait. J’aime mon travail malgré tout…
Sur mon point de vue professionnel et je pense que beaucoup de professionnels de ce métier partagent mon avis, je pense qu’on pourra mieux développer ce métier une fois qu’on aura notre projet de Loi qui est sur la table du Ministère de l’habitat. Cette loi permettra d’en finir avec les «Faux agents immobiliers» qui n’ont pas les compétences requises et qui ternissent l’image de marque des vrais professionnels.
On veut aussi encourager ceux qui n’ont pas du tout suivi des formations dans l’immobilier, et qui souhaitent s’y reconvertir, à se former pour apprendre les bases du métier et la charte de déontologie.
C’est un Projet de Loi qui va beaucoup aider les professionnels de l’immobilier à assainir ce métier avec une carte professionnelle pour  protéger leurs droits et ceux des clients.
Côté personnel, il faut se développer à faire plus confiance aux professionnels avec un  «STATUS» d’un métier assurant des prestations et des services comme tous les autres métiers partout au Monde !!!

Quelle est votre propre vision de l’avenir de ce secteur à Tanger et au Maroc au moment que l’on supporte très mal le passage d’une crise à une autre?

Malgré que les impacts de la crise sanitaire aient été très forts,  je suis une personne qui a une vision toujours positive, mais il est difficile pour moi d’anticiper avec précision l’avenir de ce secteur. Ce qui est vrai, c’est qu’on commence à sentir la reprise de l’intérêt pour la pierre et des clients à vouloir entreprendre leurs projets immobiliers. Je pourrai faire mieux mon analyse après les vacances de l’été car, depuis l’ouverture des frontières, beaucoup de personnes veulent venir s’installer à Tanger, que ce soit pour la location, pour un projet ou pour l’achat…  Vrai ou non ??? Je l’espère bien  !!!.

Propos recueillis par Abdeslam REDDAM