Gérer une ville du poids de Tanger n’est pas une chose facile. Non seulement il y a tant de dossiers à suivre minutieusement et des projets à observer avec une grande attention, mais en plus il faut bien faire attention à toute la sphère formant le noyau de la première autorité responsable.
A ce niveau, même sans jamais le dire, le Wali Mohamed Mhidia doit sûrement souffrir.
Lui qui aime si tant la perfection et l’abnégation totale et absolue dans son exercice, observerait, sans doute avec amertume, comment le rythme du suivi n’est pas égal au sien. Même s’il existe presque le même sérieux et la même abnégation chez une partie de son équipe, certaines institutions ou certains responsables communaux, etc., ils restent en deçà de ce qu’il espérait voir. En deçà de sa vitesse.
Les projets réalisés à Tanger, notamment dans l’ancienne Médina, ont certes été très applaudis par tout le monde, populations locales, touristes, étrangers vivant à Tanger, etc. Mais la gestion de Tanger ne s’arrête pas uniquement à cette partie de la ville et dépasse de loin sa muraille bien réaménagée.
La ville ce sont aussi des problèmes vécus au quotidien: circulation routière, propreté, protection de l’environnement, éclairage public, transport urbain, pollution sonore et de l’air, constructions anarchiques et bidonvilles en briques, commerces ambulants, sécurité…
Mohamed Mhidia est certes un très bon gestionnaire, il l’a d’ailleurs bien démontré à Tanger, mais il n’est ni Superman, ni Batman pour tout faire tout seul…
Il devrait sûrement être un peu déçu de cette situation globale qui ternit ses propres efforts à faire de Tanger une “métropole” et une vraie cité “intelligente”.
Il devrait aussi être “fatigué” en constatant que pas toutes ses directives ni ses ordres sont respectés à la lettre.
Quand on n’arrive même pas à trouver rapidement une solution aux poteaux de l’éclairage qui deviennent un danger public dans chaque rue, boulevard et jardin, c’est qu’il existe un problème de fond à résoudre.
Quand il n’existe pas de toilettes publiques aux grottes d’Hercule, ni un parking, cela s’appelle “incapacité”.
Quand on abandonne les trottoirs du centre-ville si sales et qu’ils deviennent un dépôt des ordures, sans aucune réactions la part des communes responsables, cela s’appelle “insouciance”.
Quand la crasse est visible partout, même au niveau de la vieille fontaine de la place de France, et qu’on vende librement des cigarettes de contrebande sur les escaliers même d’une agence bancaire dont le coin et le mur sont devenus les toilettes publiques favorites des clochards et des clients des bars d’à côté, sans jamais réagir, cela signifie “abandon”.
Quand sur le plan administratif et comptable, une dizaine d’architectes qui ont fait le Tanger Métropole ne sont toujours pas payés, même s’ils ont frappé à toutes les portes, même si certains sont presque en faillite, cela n’est tout simplement pas digne de cette ville, ni du sérieux et de l’abnégation de son Wali.
Tanger aimerait bien que Mohamed Mhidia continue encore à exercer son métier au 4ème étage de la Wilaya. Mais elle aimerait aussi que tous les autres responsables se réveillent et arrêtent de somnoler!.
A.R.