« De la même façon que Manolo Valdès a toute sa vie décliné la figure de l’infante des Ménines telle que peinte par Diego Velázquez – mais Pablo Picasso aussi bien qu’Andy Warhol, jusqu’à Salvador Dali et Fernando Botero, s’y sont attachés – Adil Rabih reprend les nodules de Vassily Kandinsy, ces monèmes du langage de l’expressionnisme abstrait que sont le carré et le cercle concentrique, unités qu’il décline jusqu’à abstraire cette abstraction même et n’en faire plus que l’effigie d’un travail vertigineux, à s’en aveugler, sur le mouvement et la couleur : C’est là qu’Adil Rabih établit sa palette, en tant qu’œuvre singulière et puissante ».
Philippe Guiguet-Bologne

Gallery Kent a l’honneur de présenter Ma Palette, une exposition personnelle de l’artiste peintre Adil Rabih, sous le commissariat de Abdelkrim Ouazzani, du 18 octobre au 30 novembre 2024. À travers cette nouvelle série de toiles, Adil Rabih, reconnu pour son approche singulière de l’abstraction, nous invite à découvrir un univers pictural où les couleurs, les formes et les textures se mêlent pour former une réflexion profonde sur la mémoire, l’identité et la transformation. Ma Palette, comme son nom l’indique, est une immersion dans l’intimité créative de l’artiste. Rabih explore ici une vaste gamme de tonalités, où chaque teinte révèle un fragment de son parcours personnel, entre influences locales et dialogues avec les grands courants artistiques internationaux. Pour le critique d’art Amine Boushaba, «l’une des premières impressions qui surgit en observant les œuvres d’Adil Rabih est la richesse tactile de la surface peinte. La matière est omniprésente, vibrante, presque sculpturale. Dans cet usage prononcé de la texture, Rabih s’inscrit dans une lignée d’artistes pour qui la peinture n’est pas seulement une image plane mais une matière vivante à part entière».
Toujours pour Amine Boushaba, l’artiste dépasse les catégories formelles de l’abstraction et renoue avec une certaine sensibilité figurative. «Ici, l’influence de Nicolas de Staël se fait sentir, non pas tant dans la composition que dans l’approche viscérale de la peinture. Chez de Staël, la peinture est un acte physique, un engagement du corps dans la matière. De la même manière, Rabih traite la surface de ses toiles comme un champ de forces, où la matière picturale se déploie, s’épaissit, se creuse, se sillonne, jusqu’à devenir presque une sculpture en deux dimensions, créant une sorte de cartographie poétique, où chaque fragment semble refléter une émotion contenue. Ces textures épaisses, travaillées par couches successives, sont la trace visible du geste de l’artiste, du va-et-vient entre le contrôle et le lâcher-prise,entre la planification rigoureuse de la composition et l’abandon à l’instinct créatif. Cette matérialité crée une profondeur qui semble contredire la nature fondamentalement abstraite des œuvres. La peinture de Rabih oscille ainsi entre abstraction géométrique et figuration poétique, entre le monde des formes pures et celui des impressions sensorielles». L’exposition Ma Palette est à découvrir à la Gallery Kent à partir du 18 octobre 2024, en présence de l’artiste, pour un moment privilégié de rencontre avec l’une des figures montantes de la scène artistique marocaine.