Ce n’est pas par manque de moyens, mais de vision et de motivation.
Parmi les avantages de l’organisation de la coupe du monde 2030 au Maroc, outre les bénéfices que cet événement assure au pays organisateur dans divers secteurs, le renouvellement total des infrastructures (transports, routes, établissements hôteliers, hôpitaux…) ou leur aménagement, reste le point le plus important de ce projet.
Il y a aussi cette réorganisation dans la gestion quotidienne de certains secteurs comme la propreté de la ville, la refonte du système de la circulation routière et du circuit, en général informel, du commerce.
Mise à part le volet des nouveaux projets à construire, c’est le second volet qui pose un réel problème pour le cas d’une ville comme Tanger, et d’ailleurs de toutes les autres grandes villes marocaines qui vont abriter des matchs de la coupe du monde.
Pourquoi? Parce que la ville a pris énormément de retard concernant des projets qui devaient être bouclés il y a plusieurs décennies. Et, rappelons-le, ce retard n’est pas dû à un manque de budget, mais d’une vision sur le moyen et le long termes.
Cette situation dure depuis assez longtemps qu’il est illogique d’accuser aujourd’hui tel ou autre bureau communal ou un maire d’être le responsable de l’actuel contexte. C’est même absurde de le penser.
Ce problème est national et concerne vraisemblablement toutes les villes du royaume. Quand le pays a besoin d’accélérer le rythme de développement, (urbain, économique, sportif…) d’une cité, il se retrouve face à une montagne de problèmes perplexes qui, à priori, ne devraient pas exister. Des « petites » difficultés qui durent dans le temps et s’accumulent jusqu’à constituer des situations très compliquées nécessitant des budgets énormes pour les résoudre et surtout beaucoup de temps.
Pour mettre fin à ces ennuis, Tanger a eu droit aux trois Big Walis
Durant la dernière décennie, la capitale du nord, comme Tétouan, s’est transformée en un énorme chantier géré d’abord par Mohamed El Yacoubi (actuellement Wali de Rabat), puis Mohamed M’hidia (Wali de Casablanca) et Younès Tazi qui gère désormais les affaires de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceïma.
L’ensemble des habitants de la ville et ses visiteurs attestent de l’excellent savoir-faire de ces trois responsables qui ont appliqué à la lettre les directives royales pour réaliser des projets gigantesques comme le port Tanger Med ou encore le programme Tanger Métropole, avec le réaménagement de l’ancienne médina comme principal projet.
La vox populi affirme cependant que la réalisation de ces projets aurait été plus facile à gérer si la ville ne souffrait pas de difficultés à manager certains secteurs clés qui, à force d’être résolus partiellement, ou légèrement, par faute d’une vision à long terme, sont devenus un gros problème éliminant même ce qui se fait de « beau ».
Le réaménagement de l’ancienne médina comme exemple
Le projet de réaménagement de la Casbah et de l’ancienne médina est si bien réussi que les responsables qui ont assuré son suivi méritent des applaudissements. Nonobstant, les murs de certaines ruelles redeviennent petit à petit sales, l’éclairage public tombe en panne sans être réparé dans certains espaces et les constructions illégales sur les terrasses, même si la loi les interdit, continuent de déclencher de grands ennuis entre voisins.
Dans le centre-ville, la situation est pareille sinon pire. Au lieu d’y réaliser des petits projets de réaménagement et de maintenance, au fur et à mesure, on a opté pour un laisser aller durant de longues décennies dont les conséquences sont aujourd’hui désastreuses.
Actuellement, grâce à la coupe du monde, Tanger va obligatoirement résoudre tous ses problèmes. Mais ce qu’il n’est nul part dit, c’est que cet événement doit impérativement être l’occasion pour repenser la gestion de nos villes. Entièrement.
Il est en effet inconcevable de ne pas adapter une nouvelle vision et de solides stratégies, incluant aussi le développement du sens du civisme des citoyens.
Et il sera également incompréhensible de continuer à accuser, à chaque fois, tel ou autre responsable d’être à l’origine de tous nos problèmes.
Nous sommes tous ce problème!
Abdeslam REDDAM