On dispose d’une fenêtre temps de 10 ans, ne pas prendre la mesure de son importance, c’est accepter que d’autres acteurs (Etat, Multinationale, Groupement d’Intérêt, etc …) décident à notre place ou décident pour nous pour les prochains siècles.
Dans le monde, et au niveau du FMI, les états et les organismes financiers internationaux ont des modèles dits «économétrique» sur lesquels ils projettent des prévisions et des projections, et dans le modèle choisi, ils mettent les mesures.
Ainsi les hypothèses, les pronostics et les mesures choisies, pour le PLF 2023, annoncent ou présagent un taux de croissance de 4,5%. Pour ainsi dire, il n’y aura vraiment pas de récession puisque le pouvoir d’achat des salariés augmentera et la productivité sera plus efficace.
Leur modèle leur décrit un monde COOL.
A moins que ce taux exprime l’évolution par rapport à celui de 2022 (Taux de croissance 1,5%) soit une croissance -3% pour 2023 (1,5 – 4,5).
En reprenant leur modèle économique maison, je me suis dit que certaines hypothèses sont à réviser et même le modèle économique.
En tant qu’expert en Supply-chain, il y a 2 choses qui me gênent dans leur modèle économique.

• La 1ère chose est que de nombreux économistes utilisent ce qu’on appelle le théorème du “Cost share”. Cela veut dire en termes clairs, la part primaire de l’énergie dans le PIB, voire même du PNB. Autrement dit, combien s’élève l’achat du pétrole, du gaz et du charbon dans l’ensemble du PIB. On se rend compte que la part du coût est moyennement faible, de l’ordre de [5 à 10%] du PIB.
Pour exemple, le PIB 2018 faisait 1.107 milliards Dhs, le Taux de croissance 3% et la facture énergétique était de 82,152 milliards Dhs. Donc lorsqu’on fait un PIB de 100, on a 7 qui ont servi à acheter notre énergie primaire.
Donc beaucoup d’économistes considèrent que du moment où l’énergie primaire représente uniquement 7%, cela n’est point un problème puisqu’il n’affectera que 7% de l’économie.
Je m’explique MATHEMATIQUEMENT
Si le coût de l’énergie augmente de 10%, l’impact sur le PIB ne sera que de 0,021 [((10*7)/100)*3%]. De ce fait, on n’a pas besoin de trop se canaliser et de s’exciter dessus. C’est intellectuellement voir complètement ABSURDE.
Poussant le raisonnement à l’extrême en se disant que pour l’année 2023 on n’aura aucune énergie primaire.
Après avoir bien fêté(e) le réveillon, on se réveille foncièrement sans Gaz, Fuel, Charbon, etc … Ces économistes nous diront, on n’a paumé, affaibli et gaspillé notre PIB que de 7%.
Tout bonnement, on a 7% de PIB en moins.
Mais en réalité, on n’a pas 7% de PIB en moins mais 100% du PIB en moins.

ON NE PEUT PLUS RIEN FAIRE.
Je comprends, maintenant, le raisonnement que le gouvernement tient pour justifier la NON EXPLOITATION de la SAMIR. Son coût ne représente que 7% du PIB, c’est que DALLE, des CLOUS, NEANT et TINTIN.
Il est gentil de savoir, M. AKHENOUCH, qu’on ne pourra plus fabriquer, monter, manufacturer et produire les DACIAS, les PEUGEOTS et les CITROENS. On n’aura plus la capacité et la possibilité de se déplacer. C’est plus de 95% du PIB voire plus qui s’évapore, se volatilise et disparaît.
Donc, lorsqu’on le regarde d’un point de vue Supply-chain, on comprend bien que TOUTES les activités humaines sont conditionnées au tuyau de l’INPUT Energie.
PAS D’ENERGIE, PAS D’ACTIVITE.
On revient à l’air de nos grands-parents et arrière grands-parents. Conclusions, on revient à nos bras et à nos ânes.
Donc penser que l’énergie, en tant que facteur de croissance, est négligeable, c’est conceptuellement ABERRANT & INCOHERENT.

• La 2ème chose est le raisonnement sur la notion d’élasticité dans les modèles économiques utilisés.
Explication de l’élasticité; on monte un peu les prix d’un produit donc la demande se réduit et diminue. Ainsi, l’élasticité c’est la sensibilité de sa vente du VOLUME au Prix. Malheureusement, la difficulté est que les modèles économiques sont chargés, gavés et bourrés de machins, de choses et de trucs d’élasticité partout et sur TOUS les produits.
Et personnellement en tant qu’Expert en Supply-Chain, j’ai une autre interrogation avec ce concept. Ce problème est au moment où (c’est le cas maintenant) un manque de VOLUME se révèle, se manifeste et apparaît clairement.
Donc, si tout d’un coup, on a une insuffisance, une déficience et une carence en VOLUME, on n’a pas d’ajustement possible par le prix.
Si par exemple, tu arrives au Supermarché pour acheter ta barre de chocolat ou les biscuits pour tes enfants et qu’il n’y en ont pas. Tu peux clamer, affirmer et manifester que tu es prêt à les acheter à 100 Dhs l’unité, tu ne les auras pas. Cela veut dire simplement, clairement, mathématiquement, supplychainement et naturellement parlant que l’élasticité disparaît. Elle n’a plus AUCUN SENS.
Je vous invite à tenir la même logique, déduction et dialectique pour l’EAU.
C’est le VOLUME qui détermine la croissance en période de manque, et c’est ce qui peut-être va nous arriver. Il n’y a pas d’alternatif s’il n’y a pas d’énergie.
S’il y a moins d’énergie, il y a beaucoup de choses qu’on ne peut plus faire. Si ces activités, qu’on ne peut plus faire, sont sous l’angle de la production et même pas en terme de dépenses, le PIB va glisser, s’éteindre, échouer et sombrer.
Donc MATHEMATIQUEMENT, si l’augmentation des INPUTS d’une entreprise augmente plus que sa marge, elle FERMERA. Cela fera très MAL (augmentation du chômage, restriction des recettes fiscales, etc …).
Lorsque tu n’as plus tes barres de chocolats ou tes biscuits pour tes enfants, c’est toute la chaîne d’amant et d’aval qui disparaît.
C’est SUPPLYCHAINEMENT MATHEMATIQUE.
PAS D’ENERGIE = PAS D’ELECTRICITE = PAS DE PIB = PAS DE CROISSANCE = RECESSION.
Toutes mes pensées à la SAMIR.
Les économistes, de ces modèles économiques, raisonnent sous l’angle de consommation et non de production. L’économie d’un pays est estimée, évaluée et appréciée sous l’habillage de la production.
Comme on l’apprend en 1ère année de l’économie, le PIB est l’ensemble, le sigma des Valeurs Ajoutés des activités ou des différents secteurs d’activité.
Si on prend la 1ère Valeur Ajoutée de tout pays, à savoir l’énergie (Pétrole, Gaz, Charbon, etc …) qui est presque gratuite chez les producteurs (juste le coût de l’extraction ou le coût de la transformation), l’avoir au moindre prix est primordial, impérieux, nécessaire, indispensable et obligatoire pour une productivité compétitive.
En tant qu’Expert en Supply-Chain et en Intelligence Economique, la croissance économique est fonction de 4 facteurs:
– Energie primaire
– Productivité
– Inflation primaire
– Inflation secondaire
La règle est qu’il faut avoir de l’énergie pour pouvoir faire quelque chose. Donc si on diminue l’énergie de 10%, on aura beau à faire de la productivité, le gain sera insignifiant, dérisoire, ridicule et inepte.
Mes cher(e)s lecteurs et lectrices, on vient de définir, spécifier, préciser et énoncer l’un des 2 mastodontes, colosses et poussahs qui rongent notre croissance et notre épanouissement, à savoir l’ENERGIE et la PRODUCTIVITE.

PRODUCTIVITÉ
On va s’intéresser au coût de la dette. Les intérêts payés chaque année en pourcentage du PIB ramènent un flux de paiement à un flux de production de richesse. Et une montée rapide du ratio signale un problème certain.
Sinon, on utilise une approche simple: on compare le taux de croissance du PIB avec le taux d’intérêt de la dette publique.
Prenons exemple sur les exercices 2016, 2017 et 2018, des années standards. 2020 & 2021 étaient des années chaotiques.

Effet boule de neige, le taux d’intérêt [voir Résultat (%)] est supérieur au taux de croissance. C’est comme si vous avez emprunté à un taux moyen de 3,71% [(3,62+3,65+3,86)/3] pour réaliser votre projet alors qu’il ne vous rapporte en moyenne que juste 2,80 % [(1,3+4,1+3)/3].
On se surendette juste pour payer les intérêts de la dette, c’est notre cas actuellement et depuis des décennies. C’est ce qu’on appelle en économie le Déficit primaire, ceci est DANGEREUX.
Rappelons que durant la période allant de 2010 à 2017, le volume de la dette publique est passé de 534 milliards Dhs à 970 milliards. À fin 2018, on a dépassé les 1.000 milliards.
On ne peut pas d’un côté faire des déficits budgétaires tous les ans de 3 à 5% du PIB et de l’autre faire un taux de croissance qui ne dépasse pas les 3% . La répartition de la richesse du pays est impossible et cela est MATHÉMATIQUE.
Une dette maîtrisée et financée peut tout de même devenir inquiétante si l’argent a été utilisé n’importe comment. Un indicateur simple permet de s’en rendre compte. Il suffit de recalculer le déficit budgétaire hors dépenses d’investissements publics. Si le déficit persiste, voire s’accroît, cela signifie qu’il est dû à un surcroît des dépenses de fonctionnement et de remboursement de la dette par rapport aux recettes fiscales. Une situation qui, si elle est durable, est mauvais signe.
Sinon, on utilise une méthode simple de calcul pour vérifier la rentabilité de l’endettement.
Prenant pour exemple l’année budgétaire 2018, j’arrondis les chiffres pour que le calcul soit simple:
• Le taux de croissance PIB: 3%
• PIB : 1.200 milliards Dhs
• Augmentation de la Dette publique de: 50 milliards Dhs
• Endettement de l’État: 65%
Donc cela veut dire qu’on a misé 10 Dhs de dette (50 milliards * 0,03 * 0,65) pour obtenir 1 Dhs de PIB supplémentaire. aaa
Je veux bien qu’on appelle cela de la croissance mais il y a quelque chose qui me gêne, la dette n’est pas rentable.
Si on met pour 2019, 3% de dette pour faire 1% de croissance du PIB, cela veut dire qu’on est en Récession de 2% pour une dette égale à 100% au PIB. C’est à dire qu’on doit encore s’endetter juste pour payer les intérêts de la dette.

QUELLE STRATÉGIE?
– Se poser la question du niveau de vie et de pouvoir d’achat c’est se poser la question du taux de croissance.
– Se poser la question du taux de croissance minimum, c’est se poser la question de la politique industrielle.
– Se poser la question de la politique industrielle, c’est se poser la question de l’avenir des enfants, de la jeunesse et du peuple.
– Et enfin la question énergétique, produire quoi avec l’électricité, cultiver ou produire quoi avec l’eau des barrages et des nappes? Du textile bas de gamme ou de la Nanotechnologie? Cultiver de la pastèque ou des produits à valeur ajoutée?
Voilà un certain nombres de questions que ceux qui ont le pouvoir de gouverner et de décider doivent poser.
Bref, une étude Stratégique doit tenir obligatoirement compte du Modèle Économique (Autonomie Économique, % d’Economie de Marché, Dépendance Financière etc …)

GOUVERNER, C’EST PRÉVOIR

Pour comprendre l’ETAT DE CRISE dans lequel nous sommes aujourd’hui, je me réfère à la période d’indépendance. Les Marocains et le Roi ont dû opérer une réorientation complète parce qu’ils étaient dans un état de CRISE.
Aujourd’hui, la seule différence est que nous n’avons pas d’ennemis à faire face sauf à nous-mêmes. Nous n’avons pas un visage sur lequel on peut projeter notre haine pour pouvoir déclencher notre MOTIVATION.
Alors parler de PLF qui soit de 2023, 2100 ou de 2200, sans réviser le modèle économique et revoir la stratégie gouvernementale, c’est comme pisser dans un violon.

Oussama OUASSINI 
L’homme qui murmure aux oreilles des Hommes d’Etat.