Le Maroc vit une période charnière, à la croisée des chemins entre un héritage historique fort et une modernité qui bouscule les repères. D’un côté, un pays riche de traditions, de valeurs humaines et de spiritualité. De l’autre, une jeunesse connectée, ambitieuse, parfois révoltée, qui ne veut plus attendre que le changement vienne d’en haut.
Entre ces deux mondes, un fossé s’élargit générationnel, culturel, mais surtout psychologique.
La génération Z, ancrée dans l’instantané et le numérique, questionne tout: l’école, la religion, la politique, les modèles sociaux. Elle ne croit plus aux discours ni aux promesses sans résultats. Ses priorités sont simples: l’emploi, la dignité, la liberté de choix, la reconnaissance de ses compétences. Pourtant, elle se heurte à une administration lente, à des mentalités figées et à des circuits de décision verrouillés.
Cette jeunesse, qui représente plus d’un tiers de la population marocaine, est aujourd’hui le cœur battant du pays, mais aussi sa plus grande source d’inquiétude. Car sans perspectives, l’énergie devient colère, et la créativité se mue en désillusion.
Dans les cafés, les rues ou sur les réseaux sociaux, le même constat revient: le Maroc avance, mais sans ses jeunes.
Pourtant, le pays dispose d’atouts considérables: une stabilité rare dans la région, une vision royale orientée vers le développement durable, les énergies vertes et la valorisation des territoires. Mais ces ambitions nationales ne prendront sens que si elles s’accompagnent d’une réforme profonde du lien social : l’éducation, la formation, la gouvernance locale et surtout la confiance.
Le véritable défi est là: réconcilier le Maroc de l’héritage avec celui du futur. Cela passe par une révolution silencieuse, celle de la mentalité collective.
Accepter la critique, écouter la jeunesse, investir dans les talents, moderniser sans effacer nos racines. Il ne s’agit pas d’opposer tradition et modernité, mais de les harmoniser, pour bâtir un modèle marocain de progrès ancré dans ses valeurs.
Le Maroc de demain ne sera ni celui des privilèges, ni celui des slogans.
Il sera celui du mérite, de la responsabilité et du respect mutuel.
C’est en redonnant confiance à sa jeunesse, en la plaçant au cœur de la décision et de la création de richesse, que le Royaume pourra relever les défis du siècle : emploi, innovation, environnement, industrie, agroalimentaire, économie verte, cohésion sociale…
Car un pays n’avance pas par la peur ni par la nostalgie.
Il avance par la foi en son avenir.

Et cette foi, au Maroc, porte un nom: la jeunesse.

Par Nadia Laaroussi