Il y a de quoi faire un film, même plusieurs, quand on évoque l’histoire de la frappe de la monnaie marocaine en Allemagne, à Berlin plus précisément.
L’installation de la banque allemande, qui n’a jamais été réalisée, est également une histoire très passionnante.
En présence des deux nations portant un intérêt spécial sur le Maroc, en l’occurrence la France et l’Espagne, l’l’Allemagne avait réussi à leur arracher une belle affaire: la frappe de la monnaie marocaine. L’accord avec les autorités cherifiennes permettait à l’Allemagne de produire la monnaie marocaine, dont la pièce de 10 DH, (dont la valeur actuelle coûte 5000 DH tellement elle est très rare à trouver). Cette pièce a été frappée en 1896 à Berlin et la nouvelle monnaie marocaine de production allemande a commencé à être utilisée en novembre de la même année.
Nonobstant, cette production n’a pas duré très longtemps et a été interrompue à cause des interventions franco espagnole. Le Makhzen devait payer en pesetas espagnoles. Peu au courant du système monétaire marocain, Conrad Franck n’avait pas aperçu le danger d’une pareille clause.
La dépréciation rapide de la monnaie espagnole lui a causé de grandes pertes au point qu’il est obligé d’arrêter le contrat.

Eduard Haessner, un autre Allemand, s’est déclaré prêt à reprendre l’affaire.
Peu de temps après sa déclaration,  Eduard Haessner a été retrouvé assassiné devant sa maison au quartier de Marshan. Un assassinat mystérieux que personne n’a pu élucider, les auteurs de ce crime et leurs motivations sont ainsi restées inconnus et sombres. Mais c’est sûr que quelqu’un ne voulait pas que les Allemands continuent à produire la monnaie marocaine.
Eduard Haessner est enterré au cimetière allemand de Tanger, actuellement jardins de la Mendoubia. Sa pierre tombale fait partie du lieu commémoratif local. Dr Max Haessner, fils de Otto Haessner avait publié un livre sur les relations commerciales du Maroc qu’il avait dédié à son oncle.
Dans son livre, l’historien Pierre Guillen a par ailleurs indiqué que la contre partie que voulaient avoir les Allemands du Makhzen était d’obtenir une autorisation pour ouvrir la première banque maroco-allemande à Tanger. Le projet était bien monté et presque parfait, sauf que lors de son déplacement à Fès Conrad Franck n’avait sûrement pas envisagé que la réponse du ministre marocain allait être négative sous prétexte que “pour des raisons religieuses, le gouvernement marocain ne peut pas s’occuper d’affaires de banque”.