Certains architectes qui ont mis la main dans la pâte des projets Tanger Métropole ont réalisé ces projets sans aucun contrat. Certains sont payés au goutte à goutte et d’autres pas du tout !
Mohamed Mhidia n’a absolument rien à voir avec cette affaire. Il n’était pas encore nommé Wali de la région. Il n’est pas responsable de ces accords “forcés” qui ont été imposés durant l’époque de son prédécesseur, Mohamed el Yacoubi, actuel Wali de Rabat.
De quel système s’agit-il exactement et pourquoi est-il adopté de cette manière ? Peu de gens possèdent la bonne réponse, car même dans le camps des architectes, la majorité a du mal à comprendre cette situation.
A La Dépêche, nous avons posé la question à des architectes qui ont réalisé les plans de  certains projets du programme Tanger métropole. Ils ont été unanimes à s’abstenir de répondre et cela reste compréhensible.
Il fallait creuser ailleurs pour avoir une idée sur ce système.
Parlant dans l’anonymat, c’est un cadre haut placé qui a expliqué à notre journal comment ces projets sont attribués à des architectes sans aucun appel d’offres, mais plutôt en se basant sur une sélection de candidatures à partir de laquelle les architectes présentent leurs “offres” et attendent le verdict du Wali qui repose en général sur l’avis de certains cadres responsables de la réalisation de ces projets.
Ainsi, certains de ces projets ne sont pas protégés par des contrats, alors que dans d’autres cas si. Et pour passer à la caisse il faut vraiment galérer et supporter une panoplie d’obstacles administratifs (et humains…!) qui font stresser les plus optimistes des architectes.
Sur le plan artistique, tous les architectes sont “obligés” de respecter les ordres qui sont apparemment donnés depuis Rabat. Tous les bâtiments construits dans le cadre du programme Tanger métropole doivent avoir la même forme architecturale. Les mêmes fenêtres arquées, les mêmes portes, le même bois et la même couleur.
Ces “instructions ont été tellement appliquées à la lettre que pour faire la différence entre un centre social, un bâtiment culturel et un musée, il faut lire la plaque devant la porte principale. Les formes de ces bâtiments sont trop identiques pour ne pas dire qu’elles sont les mêmes, ce qui a ôté aux architectes cette dimension d’artistes, qu’ils ont naturellement, leur permettant d’offrir à la ville d’excellents chefs-d’œuvre.
Tanger possède les plus belles bâtisses art nouveau et art déco du Maroc et les jeunes architectes de la ville pouvaient bien avoir la liberté d’exprimer aussi leur talent et savoir-faire comme l’avaient fait les espagnols, les français et les italiens durant l’époque internationale.
Exemple : les jardins de la Villa Harris sont sûrement le plus beau cadeau fait à la ville, le musée est aussi une excellente initiative mais le bâtiment qui l’abrite est d’une laideur insupportable quand on a déjà connu la vraie Villa Harris (lire également l’article relatif à ce sujet).
A. REDDAM