L’incendie du marché de proximité de Beni Makada est un nouveau rappel aux autorités et aux citoyens qu’il est grand temps de changer notre mode de vie comme société.
Cet incendie a un point en commun avec l’un des plus grands incendies qu’avait connu Tanger durant les années 70, en l’occurrence celui du souk d’Ain ktiouet, qui allait provoquer une grande catastrophe dans le centre-ville, vu qu’il se situait à côté de la station de gasoil de Ras Msallah, de l’ancien cinéma Lux et d’un quartier populaire abritant des milliers de personnes. Le point commun: une anarchie qui dure depuis des décennies.
Idem pour le marché de Casabarata, qui a tellement été victime de nombreux incendies, durant longtemps, qu’on ne se rappelle même plus de leur nombre.
Que s’est-il passé à Beni Makada ?
Au marché de Beni Makada, les témoins évoquent un court circuit qui serait à l’origine de ce terrible accident. D’autres parlent de l’existence d’un problème électrique que les techniciens de la société Amendis n’auraient jamais voulu réparer.
Cette deuxième hypothèse semble pourtant peu probable, selon plusieurs autres sources. La majorité des témoins affirment que de nombreux commerçants, dont des ambulants, obtenaient l’électricité frauduleusement du même générateur électrique, ce qui a forcément provoqué le court circuit.
Dans cette tragédie, ni Amendis ni la commune ne sont responsables!
Un message fort et brûlant
Peu importe la cause et l’origine de l’incendie. Cette catastrophe représente aujourd’hui un appel à tout le monde pour mettre fin à cette anarchie qui a trop duré.
Certes, des incendies sont provoqués dans différentes galeries commerciales du monde. Des espaces sécurisés, protégés et surtout très bien organisés ont subi ce terrible sort pour différentes raisons. Mais jamais l’anarchie et le laisser-aller des commerçants et des autorités responsables n’ont été à l’origine de ces accidents. Contrairement à ce qu’il se passe dans de nombreux cas chez nous.
Paradoxalement, en révisant les lois organisant le commerce en général, il est bien stipulé que le commerçant est obligé de respecter certaines normes strictes garantissant la sécurité de tout le monde dans un marché ou une galerie commerciale. De même, s’agissant du rôle des autorités locales qui ont l’obligation de ne délivrer une autorisation d’exploitation d’un magasin ou une boutique que quand elles sont certaines que toutes les conditions, notamment de sécurité sont remplies. Est-il le cas dans tous les marchés et toutes les galeries commerciales à Tanger? Non.
L’incendie du marché de Beni Makada est donc l’occasion pour revoir tout ce système anarchique qui n’arrête pas de provoquer des catastrophes ici et là.
Commerce ambulant, l’autre grave menace
Tanger souffre par ailleurs d’un autre genre de menaces aussi graves et alarmantes. Le commerce informel, qui a imposé sa propre loi dans certains quartiers, comme celui de Msallah, a transformé les rez-de-chaussée d’une grande partie des maisons, situées dans des ruelles très étroites, en dépôts pour stocker des marchandises inflammables. Tissus, vêtements, plastiques, cartons…
Des tonnes et des tonnes d’articles super inflammables entassés dans des maisons difficiles à joindre par les sapeurs pompiers en cas d’incendie.
D’autres maisons ont été converties en petits restos fast food stockant des dizaines de bouteilles de gaz sans aucune mesure de protection.
Tout le monde est au courant, mais personne ne bouge…
Bizarrement, cela fait des années que ce problème dure et prend des dimensions alarmantes sans qu’aucune autorité ne réagisse pour mettre fin à ce risque si grave.
Des dizaines d’articles et de reportages ont été publiés par les médias locaux, exigeant une intervention des autorités responsables. En vain. Les populations habitant ce quartier n’ont cessé de réclamer une meilleure réorganisation du commerce ambulant à Ras Msallah, comme dans les autres quartiers de la ville. Mais jusqu’à présent aucune décision drastique n’a été prise pour mettre fin à cette grave situation.
On laisse faire au nom de la situation sociale difficile des centaines de jeunes « chômeurs » (qui gagnent pourtant très bien leur vie sans payer aucun impôt !) et on oublie que cette même situation peut être à l’origine d’une grande catastrophe qui plongerait des centaines de familles dans un désastre qu’on peut pourtant bien leur éviter.
Aujourd’hui Tanger s’active pour améliorer ses services lui permettant de réussir de grands événements futurs. Nonobstant, ce serait un fiasco si les dirigeants de la ville pensent atteindre cet objectif en le faisant dans la même anarchie.
A. REDDAM