La vie à Tanger était-elle véritablement le paradis sur terre?

Si beaucoup de personnes, les jeunes tout spécialement sont enthousiastes à l’égard des changements et du développement de Tanger, d’autres ressentent une certaine nostalgie pour plusieurs raisons.
Pour elles, il est en effet tout à fait logique d’avoir le blues quand on compare la vie actuelle à Tanger à celle du passé.
Tanger a été une ville internationale, un melting-pot de cultures, avec des influences européennes, africaines et moyen-orientales. Cette diversité a permis de créer une atmosphère unique qui a attiré des artistes, des écrivains et des aventuriers. Et chez beaucoup de gens, la perte de cette « richesse » sociale et culturelle suscite une certaine nostalgie.
En parallèle, les changements rapides dans l’urbanisation et le développement ont souvent effacé les traces du passé, ce qui a rendu « malheureux » les habitants nostalgiques de l’ancienne ville.
Dans ce contexte, la destruction ou la dégradation de bâtiments historiques peut rendre les habitants nostalgiques de l’architecture et du charme du passé.
Mais pas que cela. Les changements opérés sur les modes de vie influencent directement sur le « moral » des populations. A ce titre, par exemple, la disparition des petits marchés traditionnels, des femmes vendeuses des fleurs au grand socco, etc., est regrettable chez les gens qui ont vécu durant cette époque et leurs enfants qui en gardent encore quelques souvenirs.
Ces espaces ont véritablement façonné l’identité de la ville, mais leur disparition n’est pas l’unique raison pour être si nostalgique. Les changements dans l’environnement, comme la pollution ou la perte de plages vierges, sont pour les Tangérois une raison pour se rappeler des espaces naturels de la ville qui étaient plus vierges et plus grands.

Mais quelle est la meilleure époque jamais vécue à Tanger?

La meilleure époque jamais vécue à Tanger est souvent subjective et dépend des perspectives individuelles. Cependant, il y a quelques périodes que les populations locales citent souvent comme étant particulièrement significatives et influentes dans l’histoire de la ville.
Bien sûr, il y a la période internationale durant laquelle la ville a été une zone internationale, sous la supervision de plusieurs puissances européennes, ce qui a attiré des diplomates, des commerçants, des artistes et des écrivains. Cette période a vu l’émergence d’une communauté cosmopolite et a contribué à la réputation de la ville comme un lieu de rencontre entre les cultures.
Il y a ensuite la période des années 1920-1950 que les nostalgiques appellent l’âge d’or de Tanger, avec l’arrivée de nombreux artistes, écrivains et musiciens, tels que Paul Bowles, William S. Burroughs et The Beatles. La ville a été un lieu de créativité et d’expérimentation, avec une atmosphère de liberté et de tolérance. Mais les autochtones étaient-ils véritablement heureux durant cette période et vivaient-ils bien? Non, bien au contraire !
En réalité, ce n’est qu’à partir de l’indépendance du Maroc en 1956, marquée par un sentiment de fierté et d’espoir pour l’avenir que les familles marocaines vivant à Tanger ont véritablement commencé à jouir d’un sentiment d’équilibre social et économique. L’accès à l’école et puis au travail a permis à des centaines de jeunes familles d’avoir accès à un logement plus digne dans le nouveau centre-ville, jadis entièrement réservé aux familles européennes, et donc à une vie sociale plus stable.
Une stabilité qui va se confirmer durant les années 1960-1970 ayant connu l’émergence d’une scène musicale et artistique vibrante à Tanger et un développement touristique qu’aucune ville marocaine n’avait atteint encore.

Le boom culturel et touristique de Tanger

La vie à Tanger durant les années 60 et 70 était unique et fascinante.
La ville est devenu un lieu de prédilection pour les artistes, les musiciens et les écrivains. Des groupes comme les Rolling Stones, les Beatles et des artistes comme Jimi Hendrix, Bob Dylan et Janis Joplin ont visité la ville, attirés par son atmosphère libre et créative.
La fin des années 60 et le début des années 70 a été marquée par le mouvement des hippies qui ont eux aussi trouvé un refuge à Tanger attirés par la ville’s liberté et son esprit de tolérance. Durant cette période, la ville a offert un espace pour expérimenter de nouvelles formes d’art, de musique et de vie.
Et qui parle des années 70 n’oublie pas que Tanger a été connue pour sa vie nocturne animée, avec ses bars, ses clubs et ses cafés qui restaient ouverts tard dans la nuit (même toute la nuit!)
Sans oublier, bien sûr, le fait que Tanger a toujours été une ville cosmopolite, où la mixité culturelle était bien évidente durant cette même période. Tanger a été la Mecque des gens de différentes cultures, nationalités et religions qui s’y sont rencontrés et ont vécu et partagé leurs expériences, créant une atmosphère unique.
Tanger a été relativement libre et tolérante et les gens pouvaient exprimer leurs opinions et leurs créations sans trop de restrictions, ce qui a attiré des personnes qui cherchaient à échapper aux contraintes de leurs sociétés d’origine.

Même si ce n’était pas non plus le paradis sur terre, ces années 60 et 70 ont représenté une époque de créativité, de liberté et d’expression qui a laissé une marque indélébile sur Tanger et ses habitants.

A.R.

Les 10 grands problèmes de Tanger

Les gens qui ont vécu la belle époque de Tanger attestent en général qu’il existe plusieurs raisons pour lesquelles il est devenu difficile de vivre à Tanger à partir des années 2000. Petit résumé:

  • La population de Tanger a augmenté rapidement, ce qui a entraîné une pression sur les infrastructures et les services publics.
  • L’augmentation du nombre de véhicules a entraîné des embouteillages chroniques, rendant la circulation difficile et polluante.
  • La ville a connu une augmentation de la pollution de l’air et de l’eau, due en partie à l’industrialisation et à la croissance démographique.
  • Le coût de la vie à Tanger a augmenté, rendant difficile pour les habitants de se loger, de se nourrir et de vivre décemment.
  • La corruption et la bureaucratie ont entravé le développement de la ville et ont créé des difficultés pour les habitants et les entrepreneurs.
    • La ville a connu une perte de son identité culturelle, due en partie à la mondialisation et à l’influence de la culture occidentale.
  • Tanger a connu des problèmes de sécurité, notamment des vols, des agressions et des trafics de drogue.
  • La ville a connu une dégradation de l’environnement, notamment la destruction de la côte, la pollution des plages et des forêts.
  • Tanger a connu des problèmes de pénurie d’eau, ce qui a entraîné des difficultés pour les habitants.
  • La ville a manqué d’investissements dans les infrastructures et les services publics, ce qui a entravé son développement.