Le 10 et 11 décembre 2023, en  appui aux  femmes victimes du seisme de Chichaoua Farida benlyazid , présidente de l’association Les ami.es de Fatema Mernissi- section Tanger  et Fathiya Saidi, secrétaire générale de l association Action Feministe – section Tanger  ( UAF) ont conjugué leurs efforts pour organiser une exposition  regroupant  la  coopérative  des Femmes tisseeuses de Taznacht et les Coopératives des femmes tisserandes que l ‘UAF-Tanger accompagne dans leur processus d’autonomisation économique .

L’ ASSOCIATION  » les ami es de Fatema Mernissi »  , présidée par Dr Ahmed Farid Mrini et à Tanger par Mme Farida Benlyazid, à pour objectif de continuer le travail initié par Fatema Mernissi, notamment au niveau de l’autonomisation économique des femmes et de la visibilisation de leurs productions.

En effet, « dans les années 90. Fatema Mernissi a découvert un tapis de Taznacht dans un musée en Allemagne. De retour au Maroc elle est allée voir les tisseuses de Tapis de Taznacht et n’a cessé de les encourager jusqu’à son décès survenu en 2015. Elle les a aidé à monter la première coopérative pour commercialiser leurs tapis. Elle a beaucoup écrit au sujet des tapis qui témoignent d’un savoir ancestral ( voir son livre les Sindibad marocain) Elle invitait ses amis à se déplacer à Taznacht pour acheter des tapis et faisait parfois venir les tisseuses à Rabat et Casablanca pour faire connaître leurs œuvres et les vendre. Après le séisme du Haouz, l’association des Amis du centre Fatema Mernissi pour l’animation culturelle se sont enquis de leur état. En apprenant qu’elles avaient été touchée par le cataclysme, ils ont décidé de leur donner de la visibilité en les invitant dans l’esprit de Fatema à vendre par solidarité, leurs tapis dans différentes villes: Marrakech,  Casablanca,  Salé et Tanger. 3 femmes représentant trois générations et plusieurs coopératives de plus de soixante femmes ont contribué à la réussite de l’évènement auquel ont également participé Dar Maalma et l’Union pour l’Action Feministe », écrit Farida Benlyazid à cette occasion.

Pour  Mme Fathiya, secrétaire de lAction Feministe-se tion Tanger,  ce type d’activité  est le résultat du travail de l’association  pour optimiser le partenariat entre différents intervenant pour l’autonomisation économie des femmes à travers le réseautage des coopératives féminines au Maroc .

Farida Benlyazid

Il m’est difficile de  résumer  Farida Belyazid en quelques mots. La réduire à son métier ? Qu’aurais-je fait alors de l’artiste ? M’arrêterai-je  à ses œuvres alors que la soufie en elle ne cesse de  chercher  sur la carte cosmique les traces de la sagesse ? Et qu’aurai-je fait de son engagement envers les femmes,  les jeunes talents, envers sa ville, envers son pays ?

De l’amitié qui nous lie, surgit toujours son visage diaphane pour me rappeler que la créativité chez cette femme jaillit   d’une  longue méditation ,qu’elle poursuit dans ses films et documentaires.

Pourrai-je inventer des mots nouveaux pour transcrire  nos discussions alors qu’elles sont émaillées de silence ?

Tenterai-je de tracer son parcours estudiantin ou celui de la cinéaste que je ne rendrai pas la profondeur de son engagement humain ?

Personnage notoire de la ville de Tanger, Google étale sa biographie et son parcours professionnel, mais seul-es ses ami-es connaissent  un peu de cette femme peu loquace, un brin timide, fortement présente par son art et ses idées.

Non. J’aimerai  évoquer  avec vous cette femmes qui tout au long de sa carrière a  exploré la condition des femmes  et a dévoilé les multiples nuances de leurs profils mais aussi les multiples contraintes qui pèsent sur elles. L’arme  de Frida  a toujours été  l’art et cette profonde  solidarité qui la pousse à bousculer les frontières entre le dit et le non-dit,  à sonder le bruit du silence  et à déchirer l’opacité des représentations.

S’interroger sur l’identité des femmes, sur la définition du couple, sur la migration, sur le pouvoir de la parole, sur le mirage des frontières ou  réunir  les « Ami.es de Fatima Mernissi »  pour tisser les liens de la continuité entre les générations ,Farida Benlyazid ne se ménage  pas pour  réfléchir sur le dynamisme qui traverse la société marocaine.  En faisant venir vers Tanger  les femmes de Tazenacht depuis ce Haouz traumatisé par le séisme,  Farida Benlyazid semble nous dire que le féminisme ce n’est pas uniquement ce militantisme rigide drapé dans les draps des revendications juridiques, il est surtout  cet élan d’humanisme qui  associe l’urgence de l’actuel  à l’étendue de l’espoir en un demain empreint d’empathie et de soutien mutuel entre tous les humains, femmes et hommes.  Cet élan humaniste qui a aussi caractérisé Fatema Mernissi.

Fathiya Saidi

Actuelle secrétaire générale de l’association Union de l’Action Féministe (UAF) –section Tanger, et présidente di pôle régional du REMES ( réseau marocain de l’économie sociale et solidaire), Fathiya Saidi est une tangéroise de souche qui, après avoir quitté sa ville natale pour étudier en Belgique puis en France, revient dans ce Tanger si cher à son cœur riche d’un diplôme en sciences et techniques  et d’un autre en administration dans l’administration des entreprises délivrés par l’université française de Lille. Une longue expérience auprès des associations en France de 1995 à 2005, elle décide de continuer son engagement auprès d’associations de femmes au Maroc. En 2006, date de son retour  au bercail, elle opte pour  l’entreprenariat féminin  en tant que volontaire dans diverses associations locales avant d’adhérer à l’UAF en 2008. A la même date, elle est chargée de la mise en place du Programme politique régional de l’Economie sociale et solidaire (ESS). Ce programme projetait la création d’une Maison de l’ESS, d’un Observatoire régional  et d’une Plateforme de l’ESS. Ces trois  projets  ne furent pas concrétisés au grand dam des femmes et jeunes porteurs de projets. Comme  Fathiya Saidi est de ces personnes qui ne s’avouent pas vaincues pour avoir perdu une bataille, elle a continué à œuvrer pour que l’ESS vienne porter secours aux femmes en situation de précarité ou victimes de violence et néanmoins résilientes. La conjoncture s’y prêtait aussi : la stratégie lancée par le gouvernement marocain pour l’autonomisation économique des femmes et des jeunes a servi de base pour que la secrétaire générale de l’UAF- section Tanger se lance dans des projets  de formation et accompagnement des jeunes et des femmes en quête d’employabilité. Si l’ESS est au cœur de ces projets, c’est parce que les femmes comme les jeunes rencontrent divers  obstacles dans le montage de leurs structures économiques. Avec l’appui d’institutions et d’ONGs étrangères, l’UAF-section Tanger garantit à ces deux catégories d’entrepreneurs une formation continue et un accompagnement en aval et en amont. Cet accompagnement s’est concrétisé lors de la pandémie du Covid par l’octroi de « Chèques Khadamat » pour soutenir les coopératives qui ont souffert de cette période d’inactivité. Il se concrêtise aujourd’hui par la création d’un Centre de Coworking dans lequel coopératives, associations, auto-entrereneur , étudiants et experts pourront trouver un lieu pour travailler et se rencontrer. Un Cluster est aussi réalisé pour répertorier les coopératives des femmes et jeunes et les fournisseurs  adeptes de l’économie sociale et solidaire.

Fathiya Saidi  milite aujourd’hui pour « l’émergence d’un écosystème collaboratif associant plusieurs structures de l’économie sociale et solidaire. »

Souhaitons-lui de trouver en Tanger le lieu propice où les forces vives de la ville et de la régions s’allient pour réaliser ce vœux cher  à son cœur et dont la région a besoin pour contribuer à atteindre l’objectif 05 des ODD ( objectifs de développement durables) en 2030 comme prévu par l’Etat Marocain.

Chems eddoha Boraki