Construire des immeubles sur le cours d’un Oued est un crime contre l’humanité. C’est aussi clair que l’eau des pluies diluviennes qui cherchent, même après un siècle, à revenir au lit et au cours du Oued dont le cours a été transformé.
Les inondations qui ont frappé plusieurs municipalités de la province de Valencia, ont aussi été causées par les opérations de transformation des cours des oueds sur lesquels des milliers de constructions ont été bâties, il y a très longtemps, sans que personne ne doute qu’un jour, à cause du réchauffement climatique, des pluies diluviennes causeront des centaines de morts et de disparus.
A Tanger, si aucune mesure n’est prise pour éviter des scénarios catastrophiques, la situation risquerait d’être pire qu’à Valencia.
Tout récemment, une affaire dévoilée par l’hebdomadaire Al Akhbar a eu l’effet d’une bombe à Tanger.
Selon le journal, à Azib Haj Kaddour, un complexe immobilier aurait été construit sur le cours d’un oued, dont le tracé a été modifié. Les habitants de la zone portent plainte devant la justice, craignant les conséquences d’un tel acte.
De récents relevés topographiques effectués dans cette région du nord du Royaume ont montré que «les contours d’un oued avaient été complètement dénaturés à Tanger», à indiqué Al Akhbar du lundi 4 novembre.
Citant des sources proches du dossier, dans le cadre de l’affaire dite du complexe résidentiel «Azib Haj Kaddour», qui a récemment éclaté, explique le quotidien, il s’est avéré que trois titres fonciers avaient été établis pour des lots de terrain situés dans le cours de cet oued, «en infraction flagrante aux lois en vigueur».
Cette affaire immobilière, ajoute Al Akhbar, «a connu des nouveaux rebondissements», car «les relevés topographiques effectués par un cabinet d’architecte et un expert assermenté agréé près les tribunaux de Tanger ont montré une modification flagrante de la nature de ce terrain, afin de pouvoir réaliser un grand projet immobilier sur le lit et le cours de l’oued», ce qui «représente un danger réel pour les dizaines de personnes qui habitent dans cette zone».
Tout cela a cours alors que, selon les termes de la législation en vigueur en la matière, «il faut respecter une distance d’au moins 15 mètres de chaque rive de l’Oued afin de prévenir les risques d’inondations ou toute autre catastrophe naturelle», explique le quotidien.
C’est pourquoi «les habitants de la zone, après avoir réuni assez d’éléments pour constituer un dossier, ont mandaté un avocat pour porter l’affaire devant la justice», indique Al Akhbar, ajoutant qu’ils «affirment qu’à chaque année, au début de la saison des pluies, ils guettent à tout moment le pire».
«Le cours de l’eau ayant été détourné, leurs maisons risqueraient d’être inondées en cas de fortes précipitations. C’est que, et tout le monde le sait, même après de longues années, les oueds finissent toujours par récupérer leur tracé initial», explique le quotidien.
Or, précise Al Akhbar, «après les derniers relevés topographiques comparés aux photos aériennes de la région, prises dernièrement, ainsi qu’au relevés topographiques réalisés en 1997 et 2011, le constat est sans appel: le tracé de l’oued aux abords duquel a été construit le complexe immobilier, objet du litige, a bien été modifié».
«Cela dit, poursuit le quotidien, l’affaire a été portée récemment devant le wali de la région par les héritiers de l’un des anciens habitants de cette zone, qui ont même demandé l’ouverture d’une enquête».
Les habitants de la zone ont donc «décidé de s’adresser au wali après que le juge devant lequel l’affaire était auparavant portée a décidé de la classer», précise Al Akhbar.
Les habitants ont par la suite demandé, à plusieurs reprises, «la réouverture de ce dossier et d’une enquête globale», affirme le quotidien, et ont appelé «à une interdiction ferme de toute forme de constructions sur le lit et le cours des oueds».
Quelle serait la réaction du Wali Younes Tazi pour faire de ce dangereux dossier la priorité des administrations responsables? Et quelles solutions techniques peut-on trouver pour résoudre cette difficile situation d’anciens Oueds transformés en zones d’habitat abritant des milliers de constructions?