Tanger doit revoir sa stratégie urbaine en mettant fin à la politique menée depuis l’indépendance jusqu’à aujourd’hui.
Quand le Wali Younes Tazi avait indiqué récemment qu’il faudrait arrêter cette « absurdité », il pensait notamment au secteur de la construction qui pose un énorme problème au développement de la ville.
Tanger, en effet, est victime d’une attaque massive de constructions anarchiques devenues intolérables. On ne parle pas de quelques bâtiments construits ici et là, mais de grands quartiers qui encerclent la ville.
Des bidonvilles « modernes » absorbant des milliers de familles désespérées, entassées dans des circonstances pénibles, sans airs de jeux pour les enfants, ni zones vertes leur procurant un joli paysage et de la fraîcheur.
A l’instar des grandes villes du Royaume, le paysage urbanistique de Tanger est envahi par ce modèle de la maison typique marocaine, que l’architecte, portant pleines de belles idées pour créer d’autres modèles plus modernes, n’a pas le droit de modifier. La maison marocaine étant un copier coller d’un seul et même modèle constitué d’un garage ou deux et de deux ou trois étages, plus la terrasse où ne manque pas la fameuse « Berraka ».
Presque toutes les maisons au Maroc sont identiques et respectent ce style.
Mais le pire est que la majorité d’entre elles restent également en briques sans aucune couche de peinture. Ce rouge brique, qui donne peur quand on traverse certains quartiers, enregistre chaque jour la multiplication de ses dimensions.
Un paysage des plus affreux pour les gens qui survolent Tanger à bord d’un avion, dont les touristes et les investisseurs. Une carte postale qui n’a absolument rien à voir avec celle de la Casbah et de la baie de Tanger quand on rejoint la ville par mer.
Cette densité pose un problème à une ville qui se développe très rapidement au niveau industriel et touristique. Car du côté du revers de la médaille, on construit très rapidement aussi mais surtout avec une anarchie menaçante.
Les doléances et les remarques formulées officiellement par l’autorité locale et par un grand nombre d’observateurs et experts, dont des architectes, ne suffisent plus aujourd’hui d’être comme une simple critique. Les départements responsables devront en effet réagir en prenant des mesures efficaces pour, au moins, arrêter ce massacre.
Il faut véritablement agir et ne pas avoir honte de le faire. L’exemple du projet de réaménagement du quartier de Bouqnadel est parfait. Au début, tout le monde a critiqué l’action, mais aujourd’hui tout le monde applaudit la belle transformation de ce vieux quartier qui fait désormais partie du circuit touristique de l’ancienne Médina.
Au début des années 2000, Haoumat Chouk avait, par ailleurs, été scène d’une intervention lui assurant une nouvelle forme bien réussie également.
Ces expériences peuvent bien être reprises dans les zones périphériques et réussir sans aucun problème. Les populations concernées souhaitent fort vivre dans un meilleur cadre que l’actuel.
L’important est surtout de trouver les moyens pour stopper de nouvelles constructions anarchiques.
Les logements économiques et sociaux sont un autre cauchemar qui mérite une nouvelle réflexion.
A. REDDAM