En deux jours, plus de 60 exilés ont débarqué à Ceuta, après une dangereuse traversée en mer, à la nage. Une équipe de la Croix-Rouge a été déployée sur la plage de Benzu pour fournir des soins aux nombreux migrants blessés et transis de froid.
Plus de 60 personnes ont débarqué à la nage à Ceuta entre dimanche 25 et mardi 27 février au soir. La plupart sont de jeunes marocains, mais des Algériens et des Syriens figurent aussi parmi les exilés, âgés de 15 à 40 ans.
« Beaucoup [de migrants] se sont blessés » à cause des rochers qui longent le littoral, et sont arrivés transis de froid sur la côte. Certains présentent aussi « des traces de morsures », causées par les chiens des garde-frontières, affirme El Faro de Ceuta. Pour leur fournir des soins, une unité de la Croix-Rouge a été déployée sur la plage espagnole de Benzu.
Des vidéos du média montrent les exilés affronter le courant et les vagues qui les poussent malgré eux sur les rochers. L’un d’eux s’y réfugie et s’effondre sur le dos, visiblement épuisé. Des agents de la Garde civile postés sur une digue tendent des cordes à quelques-uns, ballotés par les vagues.
La plupart des personnes arrivées sur le sol sebti ont demandé l’asile. Les 23 mineurs non accompagnés ont été pris en charge à leur arrivée par le Service de protection de l’Enfance du gouvernement local et transférés au centre d’accueil de La Esperanza, tandis que les adultes ont été conduits à la Préfecture de la Police Nationale pour y être identifiés.
Il y a tout juste une semaine, 57 jeunes marocains auraient débarqué au même endroit. Des images filmées par la presse espagnole montraient les exilés, certains avec des palmes, débarquer là aussi à bout de force sur la plage de Benzu. Une fois sur le sable, certains s’étaient effondrés, éreintés par une traversée dans une mer démontée.
Des arrivées en baisse en 2023
Ces récentes arrivées contrastent avec la situation observée l’année dernière. En 2023, le centre de séjour temporaire pour immigrés (CETI) de Ceuta a accueilli au total 1 093 personnes, soit le chiffre le plus bas depuis 2010, hors pandémie. Cette année-là, 977 migrants avaient été comptabilisés.
Le centre dispose d’une capacité maximale de 512 places. D’après Europa Press, il accueille actuellement 250 migrants subsahariens, algériens et marocains. La semaine dernière, le conseiller à la Présidence du Gouvernement de l’enclave, Alberto Gaitán, a tout de même demandé « d’accélérer les mécanismes de répartition des mineurs qui entrent dans la ville ». Celle-ci « disposant de ressources limitées qui débordent rapidement et la rendent incapable de faire face à des situations d’afflux massifs », a-t-il défendu.
Le gouvernement de Pedro Sanchez prévoit d’investir 5,6 millions d’euros dans le CETI – dont les derniers travaux datent de 2004 – pour refaire à neuf les huit blocs d’hébergement et construire une annexe pour les « situations d’urgence ». Ce bâtiment remplacera les casernes militaires utilisées en cas d’afflux de personnes, comme ce fut le cas en 2017 et 2018.
Rappelons qu’en mai 2021, près de 10 000 migrants s’y étaient rendus en quelques heures.
Ces arrivées massives se sont produites en pleine crise diplomatique entre le Maroc et l’Espagne, cette dernière ayant accueilli sur son sol le chef du Front Polisario Brahim Ghali. Depuis que Madrid a apporté son soutien au plan « d’autonomie » du Sahara marocain en mars 2022, les relations entre les deux pays se sont apaisées. Et leur coopération vis-à-vis de la lutte contre la migration irrégulière s’est renforcée.
Le 21 février, le chef du gouvernement Pedro Sanchez s’est rendu à Rabat pour sa deuxième visite depuis la réconciliation. Le Premier ministre a confirmé la position de Madrid : le plan marocain d’autonomie est la solution « la plus crédible, sérieuse et réaliste », a-t-il indiqué.