Les Tangérois qui sont nés ou ont habité à Amrah et à la Casbah de Tanger durant les années 40 à 60, se rappellent d’elle encore.
Pendant trois décennies, Tanger fut la maison de la riche héritière américaine Barbara Hutton. Pour oublier sa vie désespérée, elle a accueilli les soirées les plus extravagantes de la ville, vivant pleinement le rêve marocain.
Américaine, socialiste, héritière et philanthrope, Barbara Woolworth Hutton est l’une des femmes étrangères ayant le plus marqué l’histoire de la ville de Tanger, notamment avec ses fêtes somptueuses et les soirées qu’elle organisait dans son palais tangérois. Mais la Queen de Tanger, comme l’appelaient autrefois les Tangérois, tentait simplement d’oublier ses mariages ratés et son triste quotidien.
Surnommée la «pauvre petite fille riche», elle était une expatriée au Maroc dans les années 40. Dans la ville internationale, tout le monde connaissait Barbara comme étant une fille riche menant une vie malheureuse. Fille du magnat du commerce de détail, Frank Winfield Woolworth, elle n’avait cessé d’accuser les hommes de «tous les malheurs de sa vie», comme le rapporte le New York Times dans un article de 1979.
La «reine» des soirées tangéroises

La recherche inlassable du bonheur conduira Barbara Hutton à Tanger après un troisième divorce dramatique. Elle investira dans une somptueuse maison de 15 chambres, achetée en doublant l’offre du Général Franc. En 1946, «Hutton a acheté un palais de pierre à l’intérieur de la Casbah, la forteresse qui se trouve dans les murs du vieux quartier arabe connu sous le nom de Médina», écrit l’auteure canadienne Victoria Brooks dans son livre «Literary Trips : Following in the Footsteps of Fame, Volume 1», (GreatestEscapes.com Pub, 2000).
A Tanger, Barbara considérera la ville comme un refuge où elle exposera sans retenue sa renommée et sa fortune. Et tout comme Gatsby, personnage de fiction éponyme de Scott Fitzgerald, Barbara Hutton organisait «des fêtes avec des chameaux, des charmeurs de serpents, des danseuses orientales et des hommes bleus venus des montagnes du Haut-Atlas du Maroc», rappelle l’écrivaine.
Dans ses réceptions, la «Poor Little Rich Girl» faisait tout pour impressionner ses invités qui étaient, la plupart du temps, des expatriés américains et européens. Barbara entrait dans ces soirées «comme une reine nomade dans une fête hollywoodienne, dressée de caftans marocains étincelants et assise sur un trône», rapporte Brooks dans son livre. Les soirées de Hutton avaient tellement gagné en notoriété, lorsqu’elle était déprimée et n’était pas d’humeur à faire la fête, ses invités étaient déçus et cherchaient «le plaisir ailleurs».
Une femme sombrant dans la tristesse
Cependant, les dépenses illimitées de Barbara cachaient ses multiples malheurs. Elle était affectée par ses maladies, sa malchance avec l’amour et le suicide de sa mère. «Barbara était si faible suite à sa maladie et les pilules qu’elle prenait, lorsqu’elle sortait de chez elle, dans les
Mais la «pauvre petite fille riche» était trop triste pour s’occuper de ses dépenses. Selon la version racontée par Fintayson, Barbara Hutton n’hésitait pas à offrir ses affaires personnelles aux autres. Ainsi, elle «avait donné un collier d’or et de perles dont elle dit qu’il a appartenu à l’Impératrice du Japon» à une Tangéroise qui passait régulièrement des heures en sa compagnie. Le bijou aurait une valeur de 200 000 dollars. Visitée une fois par la femme de Paul, Jane Bowls, Barbara «lui avait offert une magnifique bague en diamant». Réalisant que l’Américaine était «à peine responsable de ses actions», Jane Bowls lui aurait rendu le cadeau le lendemain. «La bague n’était pas restée en la possession de Barbara puisqu’elle l’avait offert à quelqu’un d’autre», ajoute l’écrivain écossais.
Commentant sa vie à Tanger, Paul Bowles a écrit que la riche héritière américaine avait une fois forcé sa servante à chanter. «Tout ce qu’ils disaient normalement devaient être dit en chantonnant», a déclaré Paul Bowls.