Le projet de réaménagement du bâtiment abritant la délégation du ministère de tourisme, ainsi que la bibliothèque Abdellah Guennoun, premier bâtiment construit au boulevard Pasteur, passe à la vitesse supérieure.
Nonobstant, selon des experts de la restauration des bâtiments historiques, les ouvriers de l’entreprise qui a obtenu ce marché seraient en train de massacrer la façade.
Si personne n’intervient, le zellige espagnol, qui date de plus d’un siècle, va sûrement disparaître et sera remplacé par des carreaux de seconde qualité vendus au marché de Casabarata. Ces derniers craignent finalement une défiguration de cette façade à travers son réaménagement…
Au fond, depuis le lancement du programme du « Grand Tanger », historiens et autres spécialistes ne cessent de déclarer que cet héritage, mémoire du temps passé et jalons de l’identité locale, est soumis aux risques de disparition et de dévalorisation en raison du rythme accéléré de l’urbanisation et de l’impact du phénomène de la spéculation immobilière et ses spécificités patrimoniales sont menacées de dégradation et/ou de défiguration à cause de deux types de facteurs :
Des facteurs intrinséques relatifs aux bâtiments et sites eux même qui souffrent de certains aspects de dégradation dus essentiellement au veillissement naturel, au manque d’entretien permanent, à la mauvaise occupation de l’espace et aux actions d’aménagent, de réfection ou de construction arbitraires et non intégrées.
Et des facteurs extrinséques relatifs aux effets néfastes de la pression urbaine que connait la ville de Tanger, à la spéculation immobilière qui s’amplifie de jour en jour et qui cherche la rente dans la valeur du support foncier de la bâtisse et du site, plutôt que dans leur valeur patrimoniale et historique.
Ainsi, les pertes sont déjà importantes si on compte le nombre de bâtiments ou sites disparus ou défigurés dans les dernières décennies, et les tendances négatives, même si leur intensité a largement diminué de nos jours, sont toujours présentes dans la ville.
Il est donc primordial exigent les mêmes experts d’œuvrer en urgence pour la protection et la sauvegarde de ce patrimoine qui constitue la mémoire collective de la ville, fait partie intégrante de la vie moderne et représente un potentiel énorme de développement pour le présent et pour l’avenir. Dans ce sens, des efforts considérables et louables sont déployés par les pouvoirs publiques de la ville en application des instructions royales pour la sauvegarde et la valorisation du patrimoine historique local. Mais quand il y a défiguration dans certains projets de réaménagement, la protection des bâtiments qui ont fait l’histoire de Tanger devient difficile pour le pas dire impossible.
La maison de la dette marocaine, premier bâtiment construit au boulevard Pasteur
« …En 1910, la maison de la dette marocaine ou ”Dar-Esself” fut la première construction sur un verger qui deviendra “le Boulevard Pasteur”. Cet édifice devait abriter un organisme d’Etat qui contrôlait les emprunts contractés par le Maroc avant et après l’Acte d’Algésiras.
Dans ce cadre, un véritable régime spécifique avait été instauré par la convention de Paris du 18 décembre 1923 et le dahir y annexé organisant l’administration de la zone de Tanger fait à Rabat le 16 février 1924. Conformément aux dispositions de l’article premier du traité de protectorat du 30 mars 1912 et de l’article sept de la convention franco-espagnole, relative au Maroc, du 27 Novembre 1912, “les gouvernements contractants” avaient convenu de créer une zone internationale à Tanger où il appartenait à des autorités et organismes nommément désignés d’assurer l’ordre public et l’administration générale de la zone par délégation de Sa Majesté le Sultan du Maroc… »
A. REDDAM