Entre le 16 et le 17e siècle chrétien, un corsaire anglais allait faire la une de tous les tabloïds d’époque. Son nom : Jack Ward. Désertant la Royal Navy pour mieux razzier des navires sur l’Atlantique, il accoste en 1014H (1605G) à Salé, un port au Maroc devenu une République de corsaires et pirates. Passant quelques temps aux côtés des « renégats » (des pirates européens convertis à l’islam), il va s’aventurer en Méditerranée jusqu’à obtenir du Dey de Tunis le droit de razzier les navires chrétiens sur ses eaux contre 1/5 de ses prises. C’est peu après que Jack Ward devenait musulman. Aidé d’une centaine d’hommes, il attaque les bâtiments ennemis et aide quelques Juifs et morisques à quitter l’Espagne sous l’inquisition. Sa réputation s’enflamme, les chansons pamphlétaires à son compte se multiplient en Angleterre. Le corsaire est même approché par l’écrivain William Lithgow, un Écossais qui, en visite à Tunis, confirme sa conversion et son abandon de l’alcool. Rendant la vie en 1031H (1622G), le corsaire était aussi connu pour son amour pour les oiseaux. Surnommé Jack Aṣfūr, il est, dans sa version anglaise, le terrible Jack Birdy, lequel va inspirer nombre de fictions et plus tard, l’un des plus gros succès d’Hollywood : Pirates des Caraïbes. Oui, Jack Sparrow (moineau, en français) est la version romancée du corsaire anglo-musulman. Si le turban, le noir autour des yeux, ses nattes et sa barbe peuvent renvoyer à certains éléments de l’esthétisme musulman, les plus attentifs auront remarqué un détail non dénué d’intérêt : l’un des bijoux pendant entre ses cheveux est marqué du signe du croissant et de l’étoile.