Les gens différents le sont parce qu’ils possèdent cette faculté de dépassement, une force leur permettant d’aller au-delà de ces freins qui limitent toutes les autres personnes. Cette faculté est souvent une idée et une grande volonté. Celle-là même qui, chez Nouha Ben Yebdri, a donné naissance, en 2016, à Mahal Art Space. A Tanger, c’est une galerie pas comme les autres.
Mahal Art Space a cette particularité d’être différente des autres galeries d’art de la ville. Mahal Art Space s’est fixé un caractère non lucratif. Quelles sont les raisons qui justifient votre choix?
Les principales raisons qui justifient le choix de ce modèle sont la volonté d’accompagner et de donner de la visibilité aux artistes, ainsi que de créer une base de travail solide pour le développement du travail des créateurs émergents, et notamment les étudiants de l’Institut des Beaux-Arts de Tétouan. Sans aucun doute, l’aspect commercial de la pratique artistique est important pour que l’artiste, comme les professionnels d’autres secteurs, ait une source de revenus. Cependant, pour Mahal nous pensons qu’il y a d’autres voies au-delà de la vente, qui méritent d’être envisagées, explorées, étudiées et travaillées, pour que les artistes novices puissent définir leur chemin et construire leur carrière professionnelle.
C’est à partir de cette volonté, que depuis sa création en 2016, Mahal conçoit, accueille et présente des expositions, des rencontres, des projections et des ateliers pour soutenir la scène artistique marocaine, au niveau local et à l’étranger, tout en ouvrant l’espace aux artistes, aux créateurs et aux écrivains internationaux.
Les objectifs de Mahal Art Space sont de décentraliser l’offre culturelle du pays, qui est principalement axée sur Casablanca, Rabat et Marrakech, soutenir et promouvoir la création contemporaine au Maroc et à l’étranger, offrir un espace d’intervention culturelle à Tanger pour les artistes et agents culturels nationaux et étrangers, fournir un complément pédagogique aux étudiants et aux lauréats des beaux-arts, ainsi que susciter l’intérêt du public pour l’art contemporain, combinant programmes éducatifs et expositions avec des services de documentation.
A quels types d’artistes se dirige cette belle galerie et comment sont choisis vos projets ?
La programmation est élaborée grâce aux contributions et à la participation des étudiants des Beaux-Arts, ainsi que des artistes autodidactes, émergents et dévoués, basés sur le territoire national et à l’étranger ainsi que d’autres types d’agents culturels et artistiques.
Pour continuer à exister une galerie à besoin de fonds. Quelle est alors votre stratégie de financements et sur quels bailleurs de fonds comptez vous pour assurer vos activités ?
Les projets de Mahal sont généralement réalisés grâce à la bonne volonté d’artistes, amis, collaborateurs et partenaires, qui apportent leur envie, leur énergie, leur savoir-faire et leur aide financière. Dans les cas où les dépenses engagées ne sont pas couvertes par l’aide disponible, elles sont payées avec les fonds propres des membres de l’association. Au même temps, lors de la mise en place de certains projets, nous avons eu des aides de la part d’institutions telles que l’Institut Français ou le Goethe-Institut. Récemment, le Goethe-Institut et le Ministère fédéral des affaires étrangères allemand se sont engagés auprès de leurs partenaires culturels, artistiques et éducatifs en les soutenant financièrement pour affronter la crise provoquée par la pandémie. Au Maroc, c’est l’espace culturel Mahal qui a été sélectionné pour bénéficier en 2020 d’une aide d’urgence.
Quelles sont vos prochaines expositions ?
La programmation de Mahal est construite au fur et à mesure que différentes rencontres avec des artistes, des commissaires, des écrivains ou d’autres agents culturels et / ou artistiques ont lieu. Cela signifie, d’une part, ne pas avoir un agenda fixe établi à l’avance.
D’autre part, cela permet une certaine flexibilité, de sorte que la structure soit toujours à l’écoute de ceux qui recherchent un espace où ils peuvent partager et développer leur recherche et leur pratique artistique.
D’ailleurs, je profite de l’occasion pour vous inviter le prochain 6 février à l’exposition « Facets of Tangier ». C’est une exposition qui s’organise en collaboration avec The Amsterdams Andalusisch Orkest et en partenariat avec l’École Nationale d’architecture de Tétouan. Cette exposition qui présentera les œuvres de Guus Dubbelman, Hicham Gardaf, Karima Maruan et Robin Vermeulen, sera une exposition interactive où le visiteur pourra participer en réinventant la ville de Tanger et l’exposition.
Pour plus d’informations pratiques sur l’événement veuillez visiter les liens suivants: https://fb.me/e/1Xi9w9FIi www.facetsoftangier.com
Bio
Nouha Ben Yebdri est une tangéroise qui développe sa carrière professionnelle en tant que curatrice, coordinatrice culturelle et chercheuse indépendante. Son intérêt principal est centré sur les questions liées au développement des espaces artistiques, l’impact que ceux-ci ont sur l’environnement ainsi que dans la relation entre l’art et l’éducation, une recherche entamée avec le programme Pédagogies Invisibles (Prélude).
En parallèle à son activité en tant que freelance, Nouha Ben Yebdri est la directrice de Mahal: une association à but non lucratif dédiée à la promotion des pratiques artistiques contemporaines à Tanger. Les efforts de Mahal sont principalement orientés vers l’accompagnement des artistes émergents dans le développement de leur carrière. Le projet le plus représentatif de l’organisation est Mahal Art Space, qui a débuté en novembre 2016.
Elle a étudié une double licence en Gestion et Communication Audiovisuelle à l’Université Carlos III de Madrid. Après avoir obtenu ces deux diplômes, elle s’est spécialisée en gestion culturelle et en art contemporain dans différents établissements à Madrid, pour ensuite commencer la licence en Histoire de l’art à l’UNED.