Les Tangérois souhaiteraient tant que le marché de Sidi Bouabid retrouve ces femmes qui décoraient chaque jeudi le mur de l’église anglicane St Adrew et son cimetière.
Obliger ces femmes à se déplacer vers d’autres marchés, dont celui de Dradeb qui offre une très mauvaise qualité d’organisation, était une erreur fatale commise durant l’époque de l’ancien Wali Mohamed M’hidia. Ce transfert obligé est sans doute la seule erreur de ce mandat jugé en général très satisfaisant par la majorité absolue des Tangérois.
En faisant déplacer ces femmes, vendeuses de produits frais et bio, Tanger a perdu un patrimoine matériel ou immatériel, peu importe, mais humain.
Outre son aspect économique et social, la présence de ces femmes villageoises rappelait surtout cette dynamique commerciale dans le grand socco durant l’époque internationale et bien longtemps après l’indépendance. Un joli tableau que la ville a perdu, même si ces femmes avaient aussi leur rôle à jouer dans la promotion touristique, puisqu’il y avait également pas mal de touristes qui aimaient les approcher par simple curiosité, pour prendre une photo et souvent pour acheter quelques produits du terroir.
Ce qui constitue la pire des contradictions ne se limite pas uniquement à la simple décision de les avoir « chassées » de ce lieu, mais de voir qu’aujourd’hui cet espace est occupé par des commerçants d’un autre style.
Des vendeurs de nombreux articles que les autorités ne devaient jamais autoriser. De vieux vêtements et chaussures dont on ne connait même pas l’origine. Des téléphones et chargeurs d’occasion qui sont un grand danger et même des Sebsi pour les fumeurs du kif.
A Tanger, pour faire beau, il ne suffit pas de réaménager les espaces et de redonner une nouvelle vie au patrimoine historique qui a été longtemps délaissé. La ville est un musée d’art où chaque tableau est un chef-d’œuvre qui mérite d’être protégé.
A.R.