« J’ai toujours envie de faire mieux, de découvrir des nouveaux artistes, des nouvelles tendances artistiques et toutes ces envies constituent un formidable moteur »
Des souvenirs d’enfance, une âme omniprésente et des études universitaires très poussées ont offert à Tanger et au Maroc l’une des meilleures galeristes de son temps. Humble mais très ambitieuse, Aziza Laraki a redonné vie à la Gallery Kent. Une vie pleine d’histoires et de bons souvenirs qui ne s’était, en fait, jamais arrêtée.
En peu de temps Aziza Laraki est devenue une star dont tout le monde parle grâce à sa gestion parfaite de sa galerie Kent. Quel est véritablement le secret de cette succes story ?
C’est une Success story à la marocaine mais je ne suis certainement pas une star ! Une star, c’est dans les étoiles, alors que moi, bien au contraire, je m’efforce de garder les deux pieds sur terre ! J’ai du courage, je suis dynamique, j’ai un bel espace et beaucoup de travail et d’implication. Gérer la galerie, c’est mettre en application l’éducation et les valeurs que m’ont données mes parents.
Comment vivez-vous cette énorme réussite ?
Jusqu’à présent, je la vis bien, même si parfois je suis fatiguée et qu’il n’est pas facile tous les jours de gérer certains ego surdimensionnés de quelques artistes. Néanmoins, j’ai toujours envie de faire mieux, de découvrir des nouveaux artistes, des nouvelles tendances artistiques et toutes ces envies constituent un formidable moteur. Ma vie privée, constituée de mon mari toujours plein de compréhension, de mes deux enfants et mes amis, me permet de trouver un équilibre et de ne surtout pas prendre la grosse tête, mais au contraire de me ressourcer.
Gallery Kent est aussi un local chargé d’histoires et de souvenirs depuis que vous étiez toute petite et vous y accompagnez votre papa. Que gardez-vous de ces bons souvenirs?
D’abord le nom Gallery Kent est chargé de souvenirs lorsqu’il était sur le boulevard.Pasteur. Tous les Tangérois qui ont connu la ville il y a quelques années, font cette association. L’image de mon père plane et surtout, je suis convaincue, que son âme veille sur moi et sur ce lieu. Comme disait si justement François Miteerand «les forces de l’esprit» ! Conduire cette galerie, c’est honorer la mémoire de mon père, son âme, c’est me référer à sa capacité de travail, son humilité avec les personnes qui oeuvraient pour lui. C’est lui faire des clins d’oeil à ma manière : ici son bureau transformé, revisité, customisé, là des photographies en noir et blanc témoins de l’Histoire du Royaume, là encore la magnifique porte de Fès, ville d’origine de mon père.
Avant de vous lancer dans le domaine de l’art, avez-vous reçu une formation dans ce domaine ou alors c’est un choix de « business » que vous avez fait à base d’autres convictions?
Ce ne fut pas un choix de business mais plutôt un accomplissement de mes années d’études et de ma diversité culturelle. D’abord un Máster en marketing à Chicago et des séjours à Madrid régulièrement avec un oncle, Celedoño Perellón qui était un peintre renommé et un autre antiquaire. J’ai baigné dans une atmosphère artistique et en pur « produit tangérois », cela m’a permis d’être à l’aise en français, darija, espagnol et anglais ! Tout ceci a forgé mon ADN !
Quelles sont les meilleures expositions que vous avez organisé et celles que vous rêvez de faire ?
Chaque exposition est pour moi «la première fois», donc la meilleure! C’est une rencontre avec un artiste, des artistes, leur univers qui en les écoutant devient d’abscons parfois, lumineux et chargé de messages que je souhaite partager avec le public. Chaque exposition fait de moi, à mon modeste niveau, un passeur. Et j’ai envie de poursuivre dans cette voie, en offrant à Tanger des artistes marocains et des artistes espagnols, et de faire de l’Art un vecteur qui transcende les frontières.
L’art au féminin. Les artistes femmes. Le thème du genre… Ces sujets restent aussi importants à la Gallery Kent. C’est votre manière à vous comme femme de défendre la parité ?
En effet, la Gallery Kent aux artistes femmes. Nous avons ainsi organisé, deux années de suite, lors du 8 mars, deux expositions consacrées exclusivement aux femmes marocaines, espagnoles, françaises et j’ai organisé des expo solo à plusieurs artistes femmes et cerise sur le gâteau, je réussis parfois dans des expositions collectives la parité, comme ce sera le cas pour l’exposition qui aura lieu le 25 juin.