Après les ateliers de confection, c’est au tour des tunnels de l’ancienne Médina d’être qualifiés de secrets.
Définitivement le mot « Secret » est à la mode à Tanger ou est devenu un tic chez tous les responsables de cette ville et même ses médias.
Cette semaine, c’était au tour de la chaîne Médi1TV qui a diffusé un reportage annonçant la découverte de tunnels « secrets » à la Casbah de Tanger. Le terme « secret » signifie dans ce cas que c’est la première fois que les habitants de Tanger et ses autorités entendent parler de ces tunnels qui traversent différentes ruelles de l’ancienne Médina. Et pourtant ce n’est absolument pas vrai. Les journalistes de Médi1TV n’avaient qu’à demander aux anciens habitants de la Casbah s’ils etaient au courant de l’existence de ces tunnels. Certaines associations locales œuvrant dans le domaine de la protection des monuments historiques de la ville savent aussi que le sous sol de l’ancienne Médina regorge de tunnels. Il suffisait de leur poser la question pour avoir plus d’informations sur ces galeries, surtout à quelle époque  elles ont été construites et pour quelles raisons.
Dire que ces tunnels sont un secret dévoilé grâce aux travaux de réaménagement des ruelles de l’ancienne Médina, sans faire l’effort de creuser plus pour avoir l’information exacte, a fait croire à tout le Maroc et sûrement aussi à l’étranger (les médias espagnols ont repris la même information), que c’est réellement un secret que la ville vient à peine de découvrir.
Cependant, ces tunnels sont connus par la grande majorité des habitants de l’ancienne Médina. Ces tunnels existent depuis des siècles et traversent certains quartiers de l’ancienne Médina jusqu’à arriver à Marchan et à Bab Marsa.
En 1997, deux journaux locaux avaient déjà signalé l’existence de ces tunnels après que leurs journalistes respectifs les avaient visités en compagnie de l’ancien élu communal Abdelilah El Moufti.
Tout récemment, un reportage de La Dépêche avait également signalé l’existence de ces tunnels dont l’une des issues se trouve dans la maison Vidal, qui a été restaurée l’année dernière. (Pour ceux qui ne la connaisse pas, la maison Vidal avoisine Bab Bhar).
Cette histoire peut paraître banale, mais elle reste nonobstant une nouvelle preuve que Tanger est gérée par des gens qui  ignorent totalement son histoire. Car sinon, la commune urbaine aurait publié un communiqué indiquant que ces tunnels ne sont pas un « secret » pour les Tangérois, mais qu’ils ont été abandonnés et oubliés à l’instar de tous les bâtiments historiques de la ville.
Concernant le fameux Observatoire spécialisé dans la protection de l’héritage historique de Tanger, dont le responsable, contacté par la même chaîne, a qualifié ces tunnels de « trouvaille » et « découverte », cette affaire prouve que ses membres ont besoin de revoir leur manière de travailler et de se documenter.
A. REDDAM