Sans une organisation commerciale respectant les lois et les normes appliquées dans toutes les villes qui sont des destinations touristiques, Tanger ratera toujours les grandes opportunités qui lui sont présentées.
La ville, même dans ses commerces destinés aux populations locales et à la consommation de tous les jours, vit un problème assez grave qui est renforcé par l’absence des actions des autorités responsables.
En Espagne, par exemple, les chambres de commerce, aussi petites qu’elles soient, gèrent les commerces, le tourisme et même les ports…
C’est aussi le cas des mairies qui appliquent à la lettre les lois du pays ou de la région où elles se trouvent, et peuvent même être en désaccord avec le gouvernement central et imposer leurs propres décisions.
C’est exactement ce qui fait défaut au Maroc où ni les chambres de commerce, ni les communes n’ont un pouvoir de gestion élargi.
Bordel total
A Tanger, les horaires de l’ouverture des commerces et de leur fermeture ne sont pas soumis à une réglementation respectée par tout le monde. A part les grands centres commerciaux et les supermarchés, les autres commerces ouvrent et ferment à des heures différentes, souvent tard, même très tard dans certaines zones de la ville.
A Souk Dakhil, dans l’ancienne Médina, qui est le principal circuit touristique de la ville, cela fait des années que les professionnels du tourisme réclament que les bazars et autres commerces soient ouverts tôt le matin et non pas à 11 heures passées ou midi dans certains cas.
Depuis le dernier Mundialito organisé à Tanger, le port Tanger-ville accueille de plus en plus de navires de croisières. Ces derniers accostent assez tôt au port situé à 10mn à pieds de l’ancienne Médina.
Malheureusement, dans la majorité des cas, les touristes (en shopping, les croisiéristes gaspillent le double que les autres touristes) se baladent dans des ruelles presque désertes, où une bonne partie des commerces sont encore fermés, les bazars notamment.
En plus de ce problème, touristes et visiteurs locaux se plaignent ouvertement de la cherté des produits et services proposés dans ce même quartier.
En effet, à Souk Dakhil encore, le café central est visé depuis plusieurs semaines par une vague de protestations contre les prix trop exagérés du simple café ou thé à la menthe (interdit de servir en terrasse à partir de 19 heures!).
La colère des gens concerne aussi cette terrasse qui “bouffe” chaque année des mètres carrés de la place du Petit Socco devenue au fil du temps encore plus petite et souvent difficile à gérer quand il y a beaucoup de visiteurs en même temps.
Tout le monde accuse le propriétaire de ce café de semer le désordre et l’insécurité en multipliant le nombre des tables et des chaises sur sa terrasse. Mais personne n’a réagi pour remettre de l’ordre.
Il est aussi supposé que ce dernier possède un permis délivré par la commune et paie annuellement des impôts. Et si c’est le cas, il reste inacceptable que pour multiplier ses bénéfices en matière d’impôts, la commune autorise l’occupation d’une place si importante. Elle a bien d’autres moyens pour le faire.
En quittant Souk Dakhil, touristes et citoyens sont toujours face à la même situation. L’organisation commerciale est en effet une catastrophe à Tanger et elle s’aggrave quand on se retrouve dans une artère aménagée spécialement pour cette activité.
Le commerce ambulant, malgré qu’il aide à absorber le chômage de centaines de jeunes, pose le plus grave problème que supporte très mal la capitale du Nord.
C’est l’exemple de la ruelle de Bab Gzenaya, faisant partie de ce circuit touristique, devenue un marché de légumes et fruits qui a littéralement effacé les deux trottoirs. Pire, les bagarres entre les gangs des vendeurs sont devenues un spectacle quotidien qui rend dangereux le passage par cette ruelle, pourtant historique.
Ailleurs, des quartiers et des rues, comme à Ras Msallah, la rue du Mexique (et bien d’autres) deviennent souvent inaccessibles en véhicules, même les ambulances, les sapeurs pompiers et les véhicules livrant les marchandises trouvent d’énormes problèmes pour y circuler. Un véhicule particulier est tout simplement interdit de passage.
Dans ces zones, l’affaire dépasse la commune et encore plus la chambre de commerce. L’organisation des commerces ambulants dépend des préposés du ministère de l’intérieur et les forces auxiliaires qui veillent sur le bien-être des commerçants et leur liberté d’action et d’expression.
Comme rien n’est fait pour arrêter cette situation bordélique, Tanger perd les nombreuses opportunités pour se hisser parmi les destinations touristiques les plus attrayantes au niveau du bassin méditerranéen et être une cité bien organisée où les populations ne souffrent d’aucun problème les stressant.
Abdeslam Reddam