A quand une brigade pour surveiller les plages de Tanger et les protéger de cette mafia des sables qui est en train de provoquer un très grave problème environnemental.
Cela fait plusieurs décennies que ce problème est posé, sans qu’aucune autorité ne prenne au sérieux ce grave et dangereux problème.
Aujourd’hui, sur les plages de Tanger (pour ne parler que notre ville), les voleurs de sable sont très nombreux. Car en plus de camions qui mènent leurs opérations durant la nuit ou très tôt le matin, il existe ce nouveau phénomène des moteurs triporteurs qui font des allers retours durant toute la journée sans jamais être “dérangés” .
En 2019, la ville italienne de Cabras, en Sardaigne, connue pour son immense plage immaculée, a lancé un système de “gardiens du sable” chargés de signaler les tentatives de collecte illégale et toute opération de vol du sable de cette plage.
Ces “gardiens du sable” ont pour but de surveiller et signaler d’éventuels vols de sable.
A Tanger, le problème est plus grave. Le sable est pillé pour nourrir une industrie du bâtiment croissante, au moment où le ministère de la tutelle, ainsi que les autorités locales responsables ferment l’oeil.
Un rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) sur la surexploitation du sable dans le monde, publié début mai, pointe du doigt le rôle des “mafias du sable” dans la disparition des plages marocaines, sur fond de bétonnage du littoral.
La moitié du sable utilisé chaque année dans la construction au Maroc, soit 10 millions de mètres cubes, est extraite illégalement, selon ce rapport.
A Tanger, sur tout le littoral de la ville, de nombreuses dunes de sable ont disparu. Et à ce rythme, il ne restera bientôt que des rochers. Résultat: les côtes s’érodent, les plages rétrécissent. “La poursuite de la construction risque de conduire à la destruction de la principale attraction naturelle des visiteurs: les plages elles-mêmes”, alerte l’organisation onusienne.
Et pourtant la loi est Claire : le vol de sable sur les plages ou les dunes littorales est passible d’un à cinq ans de prison au Maroc.
Les plages continuent pourtant d’y être dépouillées, le long d’un littoral de 3.500 km où le sable est lui transporté à dos d’âne, en triporteurs ou en camions.
Dans le nord, “sur certaines plages, le sable a quasiment disparu”, alerte un militant écologiste. “Il y a eu énormément de pression sur les plages de Tanger avec des projets immobiliers à la chaîne”.
Il y a le petit pillage, puis il y a le trafic intensif et structuré par des réseaux organisés, opérant avec la complicité de certains responsables. Une mafia très organisée qui ne paye pas de taxes et vend un sable “ni lavé, ni dessalé”, non conforme aux critères du BTP.
La protection de l’environnement a pourtant été érigée en priorité par l’Etat marocain, qui met en avant une communication prolixe sur ce thème depuis qu’il a accueilli la COP22 en 2017.
Mais en fait, où est-il passé ce plan national de protection du littoral ?
Les sables marins font l’objet de traitements plus ou moins élaborés selon leur destination et selon leur teneur initiale en coquillage (qui varie fortement selon la nature du sable) :
Traitement de l’eau et du sel par lavage ou égouttage ;
Triage puis éventuellement broyage.
Quand le produit fini est utilisé pour fabriquer du béton, il est généralement nécessaire de rajouter des fines pour obtenir un fuseau granulométrique optimal.
Le traitement du sel a pour objectif d’obtenir un taux de chlorure acceptable. En effet, une présence trop importante risque d’entraîner la corrosion des aciers du béton armé.
Il existe des normes qui imposent une mesure et la mention en teneur en chlorure de chaque béton et limite précisément la teneur en fonction de l’utilisation du béton.
Ainsi, le sable de mer peut être utilisé dans la construction, mais il va de soi que des précautions sont à prendre. Son utilisation dans le gros œuvre de bâtiment sans traitement aboutira à une baisse de la performance de la structure et la rendre vulnérable.
Le dragage intensif du sable détruit l’environnement
Les conséquences de l’extraction massive de sable des plages ou des fonds marins sont nombreuses. Les plages disparaissent : lorsque l’on extrait du sable marin, le sable des plages vient combler le vide créé. Petit à petit, le sable des côtes, s’il n’est pas lui aussi dragué, va donc glisser vers les fonds marins, pour finalement disparaître.
Exemple à Tanger : si aucune mesure réelle de contrôle et d’interdiction du dragage ou du vol du sable n’est appliquée, dans quelques décennies, plusieurs belles plages situées entre Tanger et Assilah vont disparaître.
Ce scénario est-il vrai ? Oui. En Floride, 9 plages sur 10 ont déjà disparues.
Le sable des côtes constitue également une barrière naturel contre les éléments. Il a été montré que certains ouragans n’auraient pas été aussi dévastateurs il y a 100 ans. L’extraction massive met enfin de nombreuses espèces sous-marines en danger. En bref, les conséquences environnementales de notre surconsommation de sable sont désastreuses.