Le Maroc est particulièrement vulnérable au changement climatique. Depuis les années 1960, les températures ont augmenté en moyenne de 0,2°C par décennie, soit deux fois plus vite que la moyenne mondiale. La région méditerranéenne a déjà dépassé le seuil de 1,5°C au-dessus des niveaux préindustriels, entraînant une augmentation des vagues de chaleur et des périodes de sécheresse. Ce réchauffement a des conséquences graves sur les secteurs dépendants du climat, tels que le tourisme, qui repose sur des conditions météorologiques stables et des écosystèmes côtiers sains.
Le tourisme côtier, qui contribue à près de 60% du PIB national, est confronté à plusieurs défis liés au changement climatique :

  1. Érosion Côtière : Entre 1984 et 2016, l’érosion sur les côtes méditerranéennes marocaines a atteint 14 cm par an, tandis que les côtes atlantiques enregistrent une érosion de 12 cm par an, soit deux fois la moyenne mondiale. Cette situation menace les infrastructures touristiques essentielles telles que les hôtels, les restaurants et les services situés le long des plages.
  2. Changements dans le Comportement des Touristes :L’augmentation des températures pourrait réduire l’attractivité du Maroc en tant que destination touristique. D’ici 2030, la région méditerranéenne pourrait devenir trop chaude pour le tourisme balnéaire traditionnel. Des études montrent que 70% des touristes changeraient de destination si les températures devenaient inconfortables, et plus de 80% opteraient pour d’autres destinations si les plages continuaient de se dégrader.
  3. Impact Économique et Social :Une diminution de 8 à 18% du nombre de touristes due au changement climatique pourrait entraîner des pertes d’emplois de 14 à 32% dans l’hôtellerie et la restauration d’ici 2035. Les secteurs du transport, des arts, du divertissement et des produits locaux subiraient également une baisse significative de la demande.
    Face à ces défis, le Maroc a une opportunité unique de transformer son secteur touristique et de le rendre plus résilient face aux effets du changement climatique. L’économie bleue, qui met l’accent sur l’utilisation durable des ressources marines et côtières, représente une solution pour atténuer les impacts négatifs et garantir une croissance économique à long terme.
  4. Infrastructures Résilientes :Il est essentiel d’investir dans des infrastructures côtières capables de résister aux effets du changement climatique. Cela inclut la construction d’hôtels et de services touristiques respectueux de l’environnement marin et la protection des zones côtières vulnérables à l’érosion.
  5. Promotion du Tourisme Durable :L’économie bleue encourage un tourisme plus respectueux de l’environnement, tel que l’écotourisme et la création de zones marines protégées. Ces initiatives attireront non seulement des touristes soucieux de l’environnement, mais elles contribueront également à la préservation de la biodiversité marine marocaine.
  6. Investissements dans les Énergies Renouvelables :Les côtes marocaines offrent un potentiel important pour le développement des énergies renouvelables, telles que l’éolien et le solaire, qui peuvent alimenter les infrastructures touristiques de manière durable. L’adoption de pratiques circulaires, comme la gestion des déchets, favorisera également une croissance plus durable.
  7. Protection des Écosystèmes Marins :En investissant dans la protection et la régénération des écosystèmes marins, comme les récifs coralliens et les herbiers marins, le Maroc protégera non seulement sa biodiversité, mais créera également de nouvelles opportunités pour le tourisme écologique, comme la plongée sous-marine et la pêche durable.
    Le changement climatique constitue une menace réelle pour le tourisme côtier au Maroc, mais l’économie bleue offre une voie d’adaptation et de durabilité. le Maroc a l’opportunité de se positionner en tant que leader mondial du tourisme durable. La transformation du secteur touristique autour des principes de l’économie bleue permettra non seulement d’atténuer les effets du changement climatique, mais aussi de protéger l’environnement et d’assurer un avenir prospère pour les générations futures.
    Abderrahim Ouadrassi