« …J’ai une responsabilité de faciliter la transition et permettre à la CGEM TTA d’avoir une nouvelle génération de dirigeants, de mettre du sang neuf et d’avoir une vision différente… »

« En général, nous avons avancé sur beaucoup de projets, mais il reste encore énormément de choses à faire ».

Après deux mandats que tout le monde applaudit, tout prouve que M. Adil Raïs quittera le bureau de la CGEM TTA comme président durant quelques heures pour y revenir comme vice-président durant un nouveau mandat de trois ans. Le troisième. Dans cette interview, il nous explique les raisons et pourquoi, finalement, les adhérents ont beaucoup insisté pour qu’il soit présent dans cette phase de transition entre deux générations d’entrepreneurs.

Quel bilan faites-vous de votre dernier mandat de présidence en binôme avec Mme Chaibia Balbzioui Alaoui, à la tête de la CGEM TTA?
Ce sont trois années intenses de travail, de rencontres (53 rencontres durant ce dernier mandat), sur toutes les thématiques. Toutes les commissions ont travaillé activement. Nous avons réglé de nombreux problèmes aux adhérents, notamment avec la direction des impôts, celle des douanes, avec les autorisations, etc. Nous avons aussi gagné le respect de la CGEM centrale en défendant les intérêts de nos adhérents comme il le faut. Nous avons uni tous les secteurs d’activités autour du travail que nous avons réalisé pendant ces trois années.

Quels ont été les projets prioritaires que vous avez pu réaliser pendant cette période et en quoi serviront-ils le secteur entrepreneurial de la région?

L’action prioritaire qui a été faite est de pouvoir créer un environnement positif pour l’investissement. Il y a une communauté qui travaille pour que la région soit attractive, et elle est la région la plus attractive actuellement. Nous recevons des investisseurs de tous les pays, et ils veulent venir et s’installer à Tanger, car ils savent qu’ils ont derrière eux une communauté qui va les défendre, de faciliter leur travail et de bien les accompagner. Je crois que c’est la grande réussite de notre mandat.
L’autre point essentiel est le fait que nous avons essayé de mettre en valeur la région, tout simplement. Certains diront que nous n’avons pas fait ceci ou cela, mais il est impossible de tout faire en trois ans. Durant ce même mandat, nous avons énormément travaillé avec Tétouan et Larache et certes il nous fallait un peu plus de temps pour travailler avec Al Hoceïma qui mérite l’attention de tout le monde. C’est une région qui a besoin d’investissement et de plus d’appui et c’est un travail qu’il faut faire et compléter. Je pense que ce que nous avons fait à Larache est apprécié. L’agropole du Loukkos est aujourd’hui à sa troisième extension et beaucoup d’entreprises marocaines et surtout espagnoles sont intéressées par l’investissement sur Larache. Voilà, il n’y a pas seulement que Tanger qui a accaparé notre attention. A Tétouan aussi, les acteurs sont dynamiques et ses problèmes de vision sont à régler définitivement. Nous sommes déterminés à ce que cette ville ait sa vision et sa stratégie sur l’espace.

Que reste-t-il encore à faire à ce niveau? Quelles priorités et dans quel secteur exactement ?

Aujourd’hui, la priorité, en plus d’accompagner Al Hoceima, Ouezzane et Chefchaouen, c’est d’accompagner les entreprises dans cette transformation et dans cette révolution majeure qui est l’intelligence artificielle, qui va bousculer, révolutionner et changer réellement toute notre façon de travailler et de produire. L’IA va accélérer les choses et nous mettre sous pression parce que les autres pays y investissent énormément et le Maroc doit réagir rapidement. Nous devons garder cet espace attrayant pour l’investisseur.
Il ne faut pas oublier aussi la problématique de la décarbonation. Il faut aider les entreprises à décarboner et régler tous les problèmes qui ne sont pas encore réglés tels que l’injection. Les sociétés qui ont investi dans le photovoltaïque et qui ne peuvent pas injecter… Il faut donc rendre ces investissements plus rentables.
Je maintiens que pour un secteur d’activité, celui de l’automobile en l’occurrence, un changement est fondamental. L’électrique est là et il faut savoir aussi comment l’accompagner, comment attirer des opérateurs présents sur ce marché et les acteurs qui fabriquent des composants pour ce segment. En général, nous avons avancé sur beaucoup de projets mais il reste encore énormément de choses à faire.

Dans le groupe des entreprises proches de la CGEM TTA, on évoque l’espoir de vous garder à la présidence dans un nouveau binôme, où vous seriez le vice-président accompagnant un nouveau président. Est ce que ce scénario est vrai?

Oui c’est vrai. Je rappelle que j’ai eu la chance d’être élu et réélu. J’ai donc passé deux mandats et les statuts sont clairs. Je ne peux pas avoir un troisième mandat puisqu’il faut céder la place à une nouvelle génération. Nonobstant, énormément d’acteurs, des centaines de membres m’ont contacté pour continuer à accompagner un nouveau président et j’ai accepté car j’ai une responsabilité de pouvoir faciliter la transition et permettre à la CGEM TTA d’avoir une nouvelle génération de dirigeants, de mettre du sang neuf, d’avoir une vision différente. Il est clair que chacun à sa vision et la mienne peut être bonne, mais certainement il y en a d’autres qui sont différentes ou plus complètes qui peuvent apporter un plus. Donc il faut savoir laisser la place aux autres. Je suis ravi qu’on ait un candidat jeune, actif, à l’écoute et réellement proche des investisseurs et des entreprises [ndlr: M. Omar Kadaoui, jeune et dynamique entrepreneur, également président de la Délégation de la Chambre de Commerce, d’Industrie et des Services du Portugal au Maroc – région de Tanger].
Notre génération est sur l’associatif depuis plus de trente ans. Nous sommes aujourd’hui là pour permettre à cette nouvelle génération de réussir et de maintenir le cap sur une amélioration continue de notre région, son attractivité et aussi sur cet élément fondamental qui est la convivialité entre tous les secteurs d’activités. Nous constituons réellement un seul grand écosystème divisé en différents secteurs d’activités, mais nous travaillons ensemble, nous communiquons pour mettre en place une coordination poussée.
Je crois que l’équipe qui va être nommée va devoir continuer sur des chantiers qu’on n’a pas fini et ensuite apporter une vision nouvelle, travailler ensemble. Je pense que cette révolution de l’IA doit être bien intégrée par les entreprises et le secteur de l’éducation pour pouvoir rester dans le jeu et qu’on ne soit pas écarté de cette nouvelle réalité qui est un monde avec l’IA qui est au centre de tout.

Propos recueillis par Abdeslam Reddam