Le patrimoine historique de Tanger est éminemment diversifié et les biens qui le composent sont tous uniques. Ils sont attachés à un lieu précis et reflètent l’histoire, les caractéristiques, les techniques et les savoir-faire de ce lieu. Les biens patrimoniaux sont de ce fait constitutifs de l’identité du territoire qui les abrite et de ses habitants. Malheureusement, une grande partie des bâtiments historiques de la ville tombe en ruine et est abandonnée. Abandonner « volontairement » un bâtiment déclaré monument historique jusqu’à sa démolition totale est un crime que les autorités de chaque ville doivent interdire.

La ville de Tanger est, en effet, en train de perdre pas mal de ses bâtiments historiques à cause de cette méthode que tout le monde dénonce, mais qu’on n’arrive pas à stopper puisqu’il n’existe aucune loi pour le faire.
La disparition de l’hôtel Cécile, à l’ancienne avenue d’Espagne, est un flagrant exemple de cette politique. Perdre ainsi un bâtiment déclaré patrimoine historique est un désastre inacceptable. Aujourd’hui, à la place de l’un des plus beaux hôtels du Tanger international, on se retrouve devant une enceinte cachant un terrain vide qui abritera sûrement un immeuble sans âme, ni histoire. Un autre immeuble!
Plusieurs autres bâtiments historiques attendent certainement le même sort. Fermés depuis des décennies, ils tombent en ruine « doucement » et sans bruit, jusqu’à devenir une menace pour les voisins et les piétons et qu’on exige qu’ils soient démolis par précaution.
Vu leur position en plein centre-ville, le prix de ces terrains, alors débarrassés des anciens bâtiments, atteignent des montants vertigineux car la demande est énorme, surtout que l’offre en terrains vides à Tanger est de plus en plus rare.
En effet, il n’existe presque plus de terrains dans le centre-ville, d’où le secours à cette stratégie.
Le pire est qu’il n’existe aucune volonté des autorités de protéger ces bâtiments à valeur historique et civilisationnelle contre leur détérioration et leur transformation en constructions modernes dépourvues d’âme.
Tout confirme un certain laxisme des gouvernements successifs et des collectivités locales et régionales qui se sont succédé dans la gestion des affaires locales, en ce qui concerne la protection du patrimoine matériel de la ville. Cela est d’autant plus grave que ces bâtiments patrimoniaux constituent un facteur majeur d’attraction touristique.

Que faire pour protéger ce patrimoine ?

la protection de ce type de patrimoine nécessite des efforts considérables de la part de nombreux intervenants, en particulier de l’autorité judiciaire. Mais elle a surtout besoin de la voix des élus parlementaires pour proposer un texte de loi interdisant l’abandon des bâtiments historiques au niveau national. En attendant, c’est aux ministères responsables (de l’Intérieur, de l’Habitat, de la Culture et même de tourisme) de prévoir des mesures pour que cette démolition indirecte des anciens bâtiments devienne un tabou. Ou les propriétaires acceptent de réaménager leurs propriétés dans un délai précis, ou la ville applique le droit du recours à l’expropriation pour le protéger.
A. RDDAM