Le projet de restauration de l’ancienne maison de la dette, qui allait durer six mois, dépasse aujourd’hui plus d’un an et demi sans aucune nouvelle sur la date de la fin des travaux.
Ce chantier est en effet en arrêt total. La partie responsable du réaménagement de ce bâtiment historique avait accéléré les travaux des façades après l’annonce d’une visite royale à Tanger qui n’avait finalement pas eu lieu. Mais depuis ce temps, le chantier n’avance plus.
Une situation qui dérange beaucoup de gens, dont des touristes qui n’ont plus aucun repère quand ils veulent s’adresser à la délégation en tant qu’Office du tourisme.
C’est notamment aussi le cas des professionnels du secteur touristique qui ne savent plus à quel saint se vouer depuis le lancement de ce projet.
Finalement, tout le monde attend avec impatience la réouverture des bureaux de la délégation de tourisme dans son espace de tous les temps. Mais personne ne sait quand cela se fera-t-il?
Sur le boulevard Pasteur, le contrat de location existant entre le domaine public et le ministère du tourisme, relatif au rez-de-chaussée de ce fantastique bâtiment, date de 75 ans. Une présence qui a fait que cet espace devienne un repère connu à l’échelle nationale et internationale pour les professionnels du secteur touristique et, bien évidemment pour des milliers de visiteurs. Ne plus retrouver ce repère c’est faire perdre à ce bâtiment historique une partie de sa valeur. Et au ministère du tourisme sa boussole localement.
Et c’est dans ce contexte que tout Tanger s’interroge aujourd’hui légitimement sur le sort « incertain » de ce bâtiment si cher à la mémoire des populations locales.
Alors que tout le monde s’attendait à voir les espaces réservés à la délégation du ministère de tourisme s’élargir davantage, en occupant d’autres espaces du bâtiment, actuellement personne ne sait qu’adviendrait-il de cette représentation ministérielle?
Au début du chantier, les gens croyaient fort que le rez-de-chaussée, occupé par la délégation de tourisme depuis plus de 70 ans, allait être converti en Office de tourisme, comme il en existe partout dans le monde. Un Office ouvert sur le boulevard Pasteur dans un bâtiment historique entièrement rénové. Imaginez la belle image et le joli coup en matière de communication…
On imaginait aussi l’actuelle direction du ministère occuper, par exemple, une partie du deuxième étage du même bâtiment…
En effet, si on va considérer la bibliothèque Abdellah Guennoun comme un héritage « intouchable » ou un patrimoine presque sacré, et par conséquent elle doit garder ses espaces au second étage, il existe néanmoins d’autres « institutions » qui logent dans ce bâtiment sans créer aucune valeur ajoutée au développement de la ville. Ces espaces peuvent bien devenir des bureaux de la délégation du tourisme.
Essayant de mieux comprendre ce qu’il se passe, les contacts avec la direction de ce ministère, à Tanger, pour avoir des réponses à toutes ces questions, étaient des tentatives finalement vaines.
Nonobstant, certains professionnels du secteur, ainsi que quelques responsables, notamment de la Wilaya de Tanger, ont bien accepté de livrer quelques indications relatives à l’avenir de ce bâtiment.
A en croire les dires des uns et des autres, certains responsables, partenaires solides, dans la restauration du bâtiment de l’ancienne maison de la dette, cherchent à tout prix à s’approprier son rez-de-chaussée.
Le plan est finalement clair: chasser la délégation du ministère du tourisme de ce beau rez-de-chaussée et la pousser à déménager définitivement et s’installer dans un bidon bureau d’un bidon immeuble quelque part dans la ville.
Finalement, la même histoire de la délégation du ministère de l’artisanat et de son ancien complexe de Ras M’salah qui a été entièrement rasé, risque de se répéter une seconde fois.
Aujourd’hui, le complexe a disparu et une délégation aussi importante s’est retrouvée logée dans un petit appartement que presque personne ne visite.
Il serait dommage que la même erreur se répète une nouvelle fois avec une institution touristique aussi importante. Car faire sombrer le symbole du tourisme local dans un abysse ne répond pas au slogan « Maroc, terre des lumières ».
Enfin, le souhait des opérateurs consultés est de voir agir le Wali Younès Tazi pour que la délégation du tourisme garde la même adresse au boulevard Pasteur.
Abdeslam Reddam