L’Institut culturel international Mekki Moursia représente un lègue du grand artiste marocain dont les œuvres font partie des grandes collections au niveau mondial. Rabia, fille de Mekki Moursia, multiplie les efforts pour maintenir vivante une mémoire constituée de grands chefs-d’œuvre et transmettre aux jeunes artistes le savoir-faire dun grand artiste.

Vous êtes la fille de Mekki Moursia, l’un des plus grands artistes marocains dont les chefs-d’œuvre ont dépassé la frontière. A travers l’Institut culturel international Mekki Moursia vous sauvegardez cet énorme héritage. Comment expliquez-vous l’importance de ce travail?

C’est justement pour cela qu’existe l’ ICIMM, pour sauvegarder l’héritage artistique de mon père et le faire connaître aussi bien au Maroc comme dans d’autres pays, comme l’Espagne.
A ce sujet, notre travail constitue un élément fondamental pour conserver le patrimoine artistique et culturel de mon père et sa projection sur toute la géographie marocaine et au-delà des frontières.

Vous vivez à cheval entre le Maroc et l’Espagne où vous assumez votre travail en même temps que les activités de votre institut. Comment est-il perçu des deux côtés du détroit de Gibraltar?
Comment les deux sociétés considèrent vos actions? 

A vrai dire, nous avons trouvé un grand accueil à nos activités culturelles des deux côtés du Détroit aussi bien de la part des autorités que de la société civile représentée par les associations et entités culturelles, ainsi que du public.
Nous avons pu constater cet accueil chaleureux spécialement lorsque nous avons organisé, en Octobre 2019, la Première Caravane Culturelle Internationale avec laquelle nous avons parcouru, avec des artistes, poètes, écrivains et professeurs de onze pays, une partie de la géographie de l’Espagne, depuis Madrid jusqu’à Grenade, au sud du pays. Celle-ci a été notre dernière activité en Espagne avant qu’arrive la pandémie du Covid 19.
La Première Caravane Culturelle Internationale Mekki Moursia a eu un grand succès. Sa devise « La culture est fraternité et paix » s’est réalisée, puisque ni les différentes religions ni les coutumes de chaque pays n’ont empêché la fraternité parfaite parmi ceux qui ont assisté à la Caravane, ce qui démontre qu’une préparation culturelle ouvre l’esprit pour l’entente et la convivialité. Pour cette raison et afin que les participants à la Caravane, qui ont été les pionniers et les racines  qui s’étendront partout dans le monde, m’aidant ainsi à réussir le projet de mon père, insistent sur la nécessité de recommencer l’expérience, et apporter avec  eux plus d’amis, au ICIMM. Nous sommes en train de préparer la prochaine Caravane. Notre projet : la Seconde Caravane Culturelle Internationale Mekki Moursia partira de Madrid au Maroc, en passant par les pueblos de l’Andalousie, où nous avons laissé notre empreinte de notre précédente Caravane. La première halte au Maroc sera à Tanger, puis Tétouan et Rio Martil, le village où est né mon père en 1934 et mourut en 1984, pour prendre fin à Chaouen. C’est pour cette raison que je me suis déplacée à Tanger en Février 2020, pour faire toutes les démarches, mais la pandémie ne me l’a pas permis. Cependant, ce projet est en suspens dans l’attente d’être réalisé et continuer notre plan, où nous donnerons aux jeunes artistes de chaque ville la chance de suivre le travail des grands artistes et calligraphes internationaux ainsi que d’apprendre des grands poètes, écrivains et artistes en convivialité avec ces personnes venues de plusieurs pays.
Je crois que les deux sociétés, la marocaine et l’espagnole, sont avides de se tendre mutuellement les mains, culturellement, comme en fait cela arrive aussi dans le social, politique et économique. Il s’agit de deux pays voisins qui représentent, chacun de son côté, les pays de son entourage : l’Espagne, les pays de l’Europe et d’Amérique Latine, et le Maroc, le Monde Arabe et les pays de l’Afrique subsaharienne, d’où l’importance spéciale des activités de notre Institut, converti en un vrai pont entre ces deux mondes.

Quand on évoque le nom de Mekki Moursia, on parle d’un patrimoine culturel et d’un héritage. En quoi consiste cet héritage exactement?

Les oeuvres picturales et sculpturales de Mekki Moursia sont réparties dans le monde, Espagne, France, Etats-Unis, Irak, etc … comme serait le rêve de tout artiste. On les trouve dans des collections privées,  dans les collections de centres privés et dans les administrations du Maroc, ainsi qu’au Palais Royal, et en possession de Cheikh Zayd Ben Sultan Al Nahyan qui fut président des Emirats Arabes Unis.
Du point de vue culturel et artistique, mon père représente les premiers pas du Maroc se faisant connaître dans le milieu culturel et artistique dans le monde, depuis l’Espagne jusqu’aux Etats-Unis. On n’ignore pas le long séjour de mon père, durant des années, en Espagne où il déployait une activité artistique constante et intense et côtoyait des artistes espagnols de sa génération. Durant son périple de cinq ans, il organise des expositions, des activités artistiques et culturelles, visant principalement le patrimoine artistique du Maroc à Madrid, Bilbao, San Sebastian et Andalousie
Il en est de même pour son long parcours à travers plusieurs états des Etats-Unis d’Amérique, vers le milieu des années 60, faisant connaître ses œuvres picturales, ainsi que celles d’autres peintres marocains. Pour ce, on peut dire que c’est la première fois que le Maroc se fraie une fenêtre sur le continent américain et sur le monde anglo-saxon.

Est ce qu’a l’institut Mekki Moursia, vous avez des programmes pour aider et soutenir les jeunes artistes?
Que faites-vous exactement dans ce domaine ?

Là, nous devons signaler les moyens restreints dont dispose notre Institut.
Cependant, notre aide aux jeunes artistes, aussi bien du Maroc que d’autres pays arabes, a été considérable tout au long de cette courte période depuis que nous avons entamé nos activités en 2016 jusqu’au début de l’actuelle pandémie.
Dans toutes nos activités, en plus de soulignes les oeuvres et biographie de mon père, le patriarche des Créateurs Marocains, nous le faisons aussi à celles des artistes, poètes et intellectuels qui collaborent avec nous dans nos événements culturels, venus du Maroc, Algérie, Tunis, Irak, Syrie, Palestine, Arabie Saoudite, etc  …
Nous caressons l’espoir de pouvoir, dans le futur, établir des programmes concrets pour le support du travail et le développement des artistes au Maroc et d’autres pays arabes.