Le récent rapport de la FIFA, critique envers la capacité de Tanger à gérer la mobilité et l’hébergement touristique, n’a surpris personne. Ce diagnostic met en lumière des problèmes structurels que le Maroc traîne depuis des années et qui freinent ses ambitions de devenir un leader mondial dans le secteur du tourisme.
Mobilité et transport : un stigmate mal géré
La mobilité au Maroc, et particulièrement à Tanger, est piégée dans un cercle vicieux. D’une part, le transport urbain reste perçu comme un service destiné aux classes sociales défavorisées, un préjugé qui limite son développement et renforce la dépendance à l’automobile. D’autre part, il n’existe pas de plans alternatifs ou intégrateurs, tels que la promotion du vélo, des restrictions pour les voitures dans les médinas ou des politiques de parkings relais.
La société n’est pas non plus exemptée de responsabilités. Beaucoup de citoyens continuent d’utiliser leur voiture pour de courts trajets, aggravant les embouteillages urbains. L’absence de sacrifices collectifs et la dépendance culturelle à l’automobile empêchent toute avancée vers une mobilité durable.
Hébergement touristique : une honte nationale
Dans mon article du mois dernier, j’ai abordé en détail la crise de l’hébergement touristique au Maroc. Toutefois, la gravité de ce problème mérite d’être réitérée. Un pays aspirant à devenir un acteur touristique majeur ne peut se permettre une offre aussi limitée et obsolète.
Les clés du changement sont évidentes :
- Un modèle touristique audacieux : Il est temps d’abandonner les vieilles recettes proposées par des cabinets étrangers, qui nous livrent des présentations attrayantes mais vides de contenu stratégique.
- Diversification du modèle : Le Maroc doit cesser de dépendre du modèle « marrakchi », dépassé et peu représentatif de la diversité du pays.
- Plus de capacité et une meilleure qualité : Il est nécessaire d’augmenter la capacité d’hébergement touristique, de rénover les hôtels existants et de garantir des normes de qualité grâce à des inspections rigoureuses.
- Promotion stratégique : Il ne s’agit pas de faire de la promotion pour le plaisir, mais de définir quoi promouvoir et comment, en alignant la stratégie avec les forces et opportunités du pays.
Le tourisme comme une politique d’État
Les prix et distinctions obtenus lors de salons internationaux ne doivent pas être une source de complaisance. Célébrer le succès des stands ne peut pas être l’aboutissement de la politique touristique nationale. Le véritable défi se situe sur le terrain : créer un écosystème compétitif, durable et attrayant, tant pour les touristes que pour les Marocains eux-mêmes.
L’avertissement de la FIFA doit marquer un tournant. Si nous n’agissons pas avec audace et vision stratégique, le Maroc continuera de manquer l’opportunité de se positionner comme un acteur incontournable du tourisme mondial. La clé réside dans l’écoute des experts, l’abandon des vieilles formules et le travail pour un modèle qui reflète la richesse et la diversité de notre pays.
Ce n’est pas seulement un défi touristique ; c’est une question de fierté nationale.
Abderrahim Ouadrassi