Ces propositions, véritables remontées de terrain de professionnels en contact direct avec la réalité que vivent les entreprises marocaines depuis près d’un an, se veulent simples à mettre en œuvre pour produire des effets positifs immédiats et prennent, autant que faire se peut, une dimension incitative en remplacement du caractère punitif souvent déployée.

FONDS PROPRES:
La crise a montré la nécessité de renforcer les fonds propres des entreprises pour leur permettre de passer plus facilement les périodes de crise et d’être prêtes pour préparer la reprise. Pour ce faire, il faut inciter les chefs d’entreprise à renforcer leurs fonds propres par une fiscalité incitative, tout en soutenant leur trésorerie.

CONSOMMATION:
La relance de la consommation est une priorité si on veut éviter une crise économique. Notre responsabilité de citoyen est de consommer local et de faire preuve de patriotisme économique. Nos propositions visent à permettre le déblocage de l’épargne des marocains avec une fiscalité incitative pour relancer la consommation et ainsi injecter de l’argent dans le circuit économique.

INVESTISSEMENT:
L’investissement étant le moteur de la croissance de demain, les propositions doivent être incitatives sans que le remboursement de la dette «Covid» puisse obérer la capacité de l’entreprise à investir.

ENTREPRENEURIAT :
Pour encourager l’entrepreneuriat nécessaire à la relance de l’économie, il convient d’offrir à tout entrepreneur ou candidat à la création d’entreprise un cadre évolutif, adapté à chaque situation, et qui permette de dissocier la situation de l’entreprise de celle de l’entrepreneur, sans qu’il soit nécessaire de recourir à la mise en place de structures juridiques inadaptées aux besoins de son activité.

DROIT DU TRAVAIL:
Il s’agit de simplifier le droit du travail, en particulier pour les petites et moyennes entreprises. Les grandes entreprises bénéficient de plus de souplesse car elles peuvent plus facilement adapter les règles légales à leurs spécificités.
La relance est conditionnée :
t à l’agilité des TPE/PME et à leur capacité à investir et conquérir de nouveaux marchés. Or, les employeurs de ces entreprises hésitent à s’engager sur de nouveaux contrats et à embaucher en CDI dans la crainte du lendemain. En effet, si elles sont ensuite confrontées à une baisse d’activité, elles devront procéder à des licenciements avec les risques juridiques inhérents (risque de remise en cause par les tribunaux…) et le surcoût inhérent à ce contrat; il faut donc assouplir le recours au CDD,
t au retour au travail des salariés et à leur mobilisation.

PREVENTION DES DIFFICULTES DES ENTREPRISES:
Dans ce contexte si particulier, la détection des difficultés des entreprises fait l’objet de nombreuses discussions récurrentes car, plus l’on intervient tôt, plus l’entreprise a de probabilités de se redresser, d’être restructurée. Mais le dirigeant attend souvent le dernier moment pour agir. Des professionnels ont la volonté de renforcer leur engagement en faveur des entreprises en difficultés et permettre ainsi à la plupart d’entre elles de rebondir.

FORMATIONS:
L’absence de compétences et de main d’œuvre qualifiée au Maroc dans des secteurs clés de nos économies ou des secteurs en forte tension. Le gouvernement doit initier un vrai plan de formation professionnelle au niveau national pour combler les besoins des entreprises et freiner la vague d’immigration.

NUMÉRIQUE ET INNOVATION:
La crise post-Covid-19 a montré la fragilité de notre économie et sa dépendance aux chocs extérieurs. Les pays qui ont le mieux résisté à la crise sont ceux qui ont opté pour une digitalisation avancée. Dans le contexte actuel, il est indispensable d’accélérer le développement du digital dans notre économie et de repenser nos modes de travail. Le numérique doit permettre de booster l’innovation dans tous les secteurs économiques. Ajoutant que cela doit être intégré dans tous les plans de relance sectoriels pour créer de l’emploi et améliorer la compétitivité de notre économie. Accélérer l’adoption des technologies du futur, accompagner les acteurs de l’écosystème (TPME, startups, auto-entrepreneurs, entreprises, administrations publiques…) dans le développement de leurs compétences dans les métiers du digital, instaurer une meilleure gouvernance du secteur et renforcer la souveraineté numérique restent des impératifs pour une relance économique pérenne. Il faut également lever les freins réglementaires à la dématérialisation des actes et des procédures et adopter les bonnes pratiques mises en place durant la crise.

Mohamed LAHYANI
Expert-comptable diplômé à Paris.
Commissaire aux comptes.
Fondateur du cabinet Audit & Analyse Tanger www.audit-analyse.com
Ancien responsable de mission dans un cabinet international d’audit à Paris.
Responsable de consolidation dans un groupe américain.
Auteur de nombreux ouvrages : Evaluation des sociétés – fusion – consolidation, comptabilité approfondie, Comptabilité des sociétés, Finance d’entreprise, Audit et contrôle interne, Audit fiscal, Audit comptable et financier, L’audit pour tous, Normes IFRS, Bien gérer les subventions, Pour le bon usage de l’argent public.