Tanger est le second pôle économique du Maroc et abrite le premier port en Afrique, en plus des plus grandes zones industrielles. La capitale du Nord est aussi une destination touristique très appréciée, et sur le plan agricole sa région reste des plus riches…
Normalement, le taux de la pauvreté dans cette ville devrait être bas. Nonobstant, les statistiques affirment le contraire.
Chaque année, le nombre des bénéficiaires des opérations de soutien alimentaire durant le Ramadan augmente davantage par rapport aux années précédentes.
Une réalité qui prouve que le nombre des familles pauvres est en croissance, devenue vertigineuse à cause notamment de la grave crise économique et la hausse des prix des produits alimentaires, conséquence d’autres actions malsaines.
Quand un responsable comme Ahmed Lahlimi, patron du HCP, déclare qu’il faut dire la vérité aux Marocains et que ce n’est pas demain que les prix vont diminuer, il devient clair qu’il va falloir chercher d’autres solutions pour faire face à ce grave problème.
Quand on suit le journal TV de 20 heures sur toutes les chaînes nationales, on a l’impression positive que les mécanismes et les réglementations contre la fraude et les spéculations sont bien appliquées dans tout le pays. Mais dans la réalité, jusqu’à aujourd’hui il n’y a eu aucune mesure efficace permettant de mettre fin à ce qui est en train de devenir une grande tragédie touchant la majorité des familles marocaines.
Officiellement, le gouvernement, à la veille du Ramadan, avait promis une baisse des prix des produits alimentaires dans tout le pays. Officiellement aussi, ces prix ont continué à flamber et rien ne semble arrêter ces hausses vertigineuses des prix des légumes, des viandes, du poisson, des œufs, des fruits…
A Tanger, un total de 7.860 familles issues de la préfecture de Tanger-Assilah devront bénéficier de l’opération de soutien alimentaire « Ramadan 1444 », dont le coup d’envoi a été donné lundi dernier au centre d’éducation et de formation de la femme au quartier Aouama.
Cette opération de distribution de denrées alimentaires concerne 3.400 familles en milieu urbain, réparties sur la commune de Tanger (2.300), la commune d’Assilah (700) et la commune de Gzenaya (400), tandis que les 4.460 ménages restants vivent en milieu rural.
Cette opération bénéficiera cette année à plus de 94.000 ménages au niveau de la région du Nord, soit environ 460.000 personnes, dont près de 39.000 relevant de la préfecture de Tanger-Assilah.
Ainsi, le nombre de familles bénéficiaires de cette opération, initiée par la Fondation Mohammed V pour la Solidarité à l’occasion du mois sacré de Ramadan, a augmenté de 20% par rapport à l’édition précédente, soit 1.310 familles supplémentaires.
Quand on rajoute à ces chiffres, ceux des centaines de personnes soutenues par des dizaines d’associations qui distribuent quotidiennement des paniers de produits alimentaires et des produits pour le Ftour du Ramadan, le total des familles pauvres à Tanger devient sincèrement alarmant.
Dans des déclarations faites mardi soir à la première chaîne de la télévision marocaine, Nabil Benabdellah, patron du PPS (opposition) à fait savoir que le nombre des pauvres au Maroc a augmenté d’environ 3,2 millions personnes durant les deux dernières années.

A. Reddam

Nabil Benabdallah:
« L’actuel gouvernement est politiquement faible »

S’exprimant, dans la soirée de mardi, lors de l’émission Point à la ligne de la SNRT, le numéro un du PPS a estimé qu’un plafonnement des prix du carburant, que son parti a régulièrement réclamé, aurait contribué à freiner l’envolée des prix de certains produits de large consommation sans «en arriver à la paupérisation d’une partie de la société.

« Si le gouvernement d’Aziz Akhannouch avait eu «l’audace» de plafonner les prix des hydrocarbures à un moment donné, l’impact de l’inflation sur les ménages marocains n’aurait pas été aussi fort », a déclaré Nabil Benabdallah, secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme (PPS, opposition).
Et d’ajouter « pourtant, ce gouvernement a réalisé depuis 2021 d’importantes recettes fiscales et autres qui se sont chiffrées à 50 milliards de dirhams. L’exécutif en a reconnu 38 milliards de dirhams »,  a-t-il affirmé.

Nabil Benabdallah a également égrené les dix promesses que le gouvernement n’a jusqu’à présent pas tenues. A titre d’exemple, il a cité la faiblesse du taux de croissance, le déficit en matière d’emploi, «seuls 24.000 emplois créés en 2022 au lieu des 100.000 promis. On est très loin du million de personnes que le gouvernement voulait faire sortir de la précarité». Autre remontrance «le taux d’employabilité de la femme a régressé à16%», a rappelé le chef de l’ancien parti communiste marocain qui juge ce taux faible.

Lors de cette émission TV, il lui a été rappelé «l’erreur» de la libéralisation des prix des hydrocarbures, mesure qui a été décidée lorsque le PPS faisait partie du gouvernement à majorité PJD durant son mandat de 2018. Et à l’ancien ministre de l’Habitat de rétorquer: «le gouvernement ne doit pas mener sa politique en regardant dans le rétroviseur, cette tactique n’est qu’un leurre. Ils oublient (le RNI) qu’ils étaient dans ce gouvernement Benkirane, et qu’ils dirigeaient, à l’époque, le ministre de l’Economie et des finances».

Il s’est par ailleurs déclaré «surpris» du silence de l’actuel gouvernement qui «ne parle plus du nouveau modèle de développement, ni de la lutte contre la rente, ni de la promotion des droits de l’Homme».

Dur dans son appréciation, Nabil Benabdallah, dont le parti compte 24 députés au sein de la Chambre des représentants, estime que le gouvernement actuel «est politiquement faible».