À Tanger, la semaine dernière, les services de sécurité relevant de la Préfecture de police ont mené une vaste campagne pour la sécurité urbaine, afin de nettoyer la corniche en prévision de la saison estivale. Environ 14 personnes ont été arrêtées puis déférées au service de sécurité compétent, dans le cadre de cette campagne.
Sept autres personnes possédant des chevaux qu’elles louaient sur la plage sans autorisation, mettant ainsi en danger la sécurité des visiteurs, ont connu le même sort.
Outre les arrestations, les services de sécurité ont procédé à la saisie de plusieurs chevaux qu’ils ont remis aux autorités locales de l’annexe administrative pour qu’elles prennent les mesures appropriées.
Cette campagne, qui a été lancée après l’aggravation de plusieurs phénomènes inquiétants sur la corniche, se poursuivra tout au long de l’été, afin de débarrasser les places publiques et les sites touristiques des activités illégales et de garantir la sécurité des touristes et de la population.
Cet effort est certes louable et considérable, mais reste limité dans le temps et s’accompagne d’une erreur grave.
D’abord l’action d’arrêter ces 14 personnes est incompréhensible. La logique était de leur interdire ces pratiques sans les arrêter. De les dissuader et de les informer que le retour à ces activités sur la corniche et la plage pourrait induire à une lourde amende ou au pire des cas une peine pour avoir récidivé.
L’autre détail important est la continuité de cette action visant une meilleure sécurité urbaine dans toute la ville et pas uniquement sur la corniche durant les 3 mois de l’été.
Quand les gens s’habituent à une situation d’interdit et observent que les agents de la police sont présents tout au long de l’année pour faire respecter les réglementations, ils arrêtent les activités « indésirables ».
Mais interdire durant trois mois ce qui est permis le reste de l’année leur donne la sensation qu’ils sont à chaque fois d’être victimes d’un système qui leur refuse un droit « légitime ».
C’est le cas pour ces jeunes sur la corniche et les plages, comme c’est le cas des milliers de commerçants ambulants qui ont envahi tous les trottoirs de Tanger et spécialement son centre-ville.
En effet, on ne peut pas interdire aux uns d’être auteurs d’une insécurité urbaine et continuer à le permettre aux autres alors que le principe est le même: réorganiser la ville dans tous ses aspects tout au long de l’année.
Les services compétents ont bien fait de déclarer la guerre aux loueurs de parasols qui occupent illégalement de grands espaces dans les plages et louent les parasols, les chaises et les transats au prix fort. Les vendeurs ambulants de nourriture au niveau des plages sont également dans le viseur des autorités, ce qui a été applaudi par les habitants et les touristes arrivés à Tanger.
Dans l’espoir que cette mesure soit pérenne, l’idéal aussi est que cette opération de « nettoyage » soit totale et plus vaste.
L’invitation à agir dans ce sens est spécialement adressée aux Caïds des arrondissements du centre-ville victimes de l’énorme désastre provoqué par les vendeurs ambulants.
Si on ne peut pas éradiquer ce commerce informel, on peut toujours le réorganiser pour garantir une vraie sécurité urbaine.
A. REDDAM