Dans ce contexte lié à la fermeture des frontières,à l’accueil des MRE, à la deuxième saison estivale du covid19, et en l’absence des passeports sanitaires, pour tout le monde, et encore moins des vaccins pour les moins de 40 ans, la surcharge des plages publiques devient presque une fatalité.
la plage, ce haut lieu public qui assure plusieurs fonctions, entre autres, la baignade et la détente, met donc à nu cette crise sanitaire et idéologique. La plage devient le lieu propice pour une confrontation de mentalités de tous bords.
Ma position d’analyste, m’oblige à ne pas prendre de parti pris,  je veux donc analyser de façon factuelle et objective ce que je vois et constate en ma qualité de citoyenne en vous livrant une lecture descriptive de la réalité locale. Faites la part des choses et mettez vous dans la peau d’un décideur qui essaie de trouver une solution à ce haut lieu public de la confrontation idéologique, tout en épargnant aux uns et aux autres les regards menaçants, voire les gestes violents et les exemples sont nombreux…
Les plages publiques sont malheureusement régies par les locataires de parasols, chaises et tables en plastique qui occupent, sans loi ni foi, le front de mer avec des tarifs (parfois à la tête du client ! ) sans aucun respect de la distanciation ni aucune notion d’esthétique. La cohabitation se fait donc en toute promiscuité et devient ingérable.
Le citoyen a, aujourd’hui, besoin d’être en mesure de partir se baigner en famille (femmes, maris et enfants) ou entre amis avec burkini /ou bikini,  tranquillement sans aucune confrontation, sans qu’il ou qu’elle se sente menacée et sans aucune prise de tête ! Le citoyen veut aussi pouvoir emmener uniquement sa serviette et que les parasols soient plantés d’office par la commune qui, elle, a pris le soin de dessiner au préalable le plan de la plage en respectant la distanciation sociale et en choisissant des parasols réguliers locaux en paille et bien ordonnancés. Le citoyen veut également avoir accès aux poubelles et aussi à des vestiaires et un maître nageur surveillant la baignade.
Non! Ce n’est pas un rêve inaccessible puisque cette esthétique irréprochable nous rappelle les plages de Malibu, c’est justement l’espoir de voir un jour ce changement ici chez nous, et le vivre gratuitement, qui fait vivre.
Il est grand temps de réglementer cet espace public de villégiature et de sociabilisation. Le benchmark avec les Maldives n’est pas mauvais, au contraire il va dans le sens de la liberté d’expression et du culte, aujourd’hui plus que d’actualité, afin de préserver les acquis d’une société à la fois émancipée et conservatrice à juste mesure . Le dosage parfait de la mixité sociale devrait être le mot d’ordre dans nos plages qui jusque là ne donnent pas vraiment envie de partir en vacances, puisque l’anarchie y règne en maîtresse. La plage devient le haut lieu de l’étalage de la culture et de l’éducation transmise par les géniteurs censée être irréprochable et respectueuse de la liberté de l’autre. Au lieu de cela, la plage devient un espace public qui met à nu également les défaillances de cette éducation:  Entre les voyeurs, les prêcheurs de la bonne foi, ceux qui mettent de l’ambiance avec la pollution sonore et environnementale (ceux qui ne prennent même pas la peine de ramasser leurs ordures), et ceux qui font la loi en louant une place au soleil, il y a de quoi mettre cartes sur table pour revoir ce modèle sociétal de la villégiature.
Avouons au passage, que le style « marocain » des plages publiques, qui n’a rien de Marocain, plaît énormément avec toutes sortes de draps multicolores tendus entres les parasols et les tables et chaises en plastique ! Et cela c’est la majorité qui l’approuve et non pas la minorité de fins connaisseurs… (c’est cela un peu la démocratie, dans le sens où c’est la majorité qui fait la loi!)

Bikini beach vs Burkini beach !

Ce qui m’avait vraiment frappée aux Maldives ( pays musulman) c’était le parti pris audacieux des atolls habités (plus communément des îles récemment ouvertes au tourisme et qui abritent les locaux), de répartir leurs plages en plages où le bikini y était autorisé (donc essentiellement pour attirer les touristes étrangers), et de réserver d’autres plages aux plus conservateurs avec le port du burkini…tout le monde y trouve son compte ! Je ne parle pas des îles-hotels resorts, qui relèvent du domaine  privé. (L’île-hôtel est en mesure de vous organiser une journée excursion vers un atoll habité,  avec au programme du snorkling, plongée ou autre, où vous pourrez vous imprégner de la vraie culture locale et découvrir par la même occasion cette autre face maldivienne moins luxueuse et plus conservatrice…) Personnellement je trouve que le concept  marche à merveille et il va falloir le duppliquer chez nous au Maroc afin d’éviter le choc des bikini vs burkini, car cette confrontation n’a pas lieu d’être dans un espace public de villégiature destiné à la détente et au bien-être.

Chronique de Soukayna Benjelloun