Pour les 13 ans de l’existence de la librairie les Insolites à Tanger, Stéphanie Gaou, à travers ce texte, remercie ses fidèles amis et clients de l’avoir soutenue et d’avoir fait confiance en elle. Un soutien qui doit nécessairement s’éterniser et se multiplier.
Comme toutes les librairies au monde, les Insolites a besoin de notre soutien et de notre solidarité indéfectibles.
“Le 10 janvier 2010, j’ai ouvert ce tout petit espace avec peu d’argent, beaucoup de passion et une dose incontrôlée de folie douce. Je me souviens chaque jour des plus ou moins “bonnes langues” qui, pour mon bonheur bien sûr (humour), me déconseillaient de me lancer dans une telle aventure.
Ce fut loin d’être simple. Ce ne l’est jamais, de toute façon. J’ai failli abandonner un nombre infini de fois. J’ai failli tout planter. 13 ans après, les gens pensent que ça y est, ça marche tout seul. Mais rien ne marche jamais tout seul.
La librairie est un commerce difficile qui fait rêver beaucoup d’entre vous. Mais avant cela, il faut fidéliser une clientèle fragile, assumer un stock lourd et une trésorerie précaire. Il faut communiquer beaucoup (et donc, investir beaucoup d’argent dans de l’immatériel). Les livres rapportent peu (20 à 30% du prix de vente, et encore, sur cela il faut payer toutes les charges).
Le seul moyen pour beaucoup de libraires au Maroc de s’en sortir, c’est le scolaire. Et moi, le jour où j’ai été insultée par un parent d’élèves, j’ai décidé d’arrêter le scolaire (qui m’éloigne trop de ce que j’aime dans ce métier.)
Il reste donc les fidèles et les autres, les curieux. Une librairie ne se nourrit pas de vos encouragements lointains grâce à quelques clics sur internet, ni de vos seules visites les jours de vernissage (pour faire joli sur les photos), ni de vos partages numériques. Une librairie (les dignes de ce nom) vit et s’épanouit de vos achats, à partir des recommandations de vos libraires. Une librairie indépendante se casse un peu plus la figure à chaque fois que vous achetez sur Amazon ou d’autres sites de vente par correspondance (et ces derniers temps, ça fleurit au Maroc).
Je me bats chaque jour depuis 13 ans (avec mes équipes successives) pour apporter à la ville de Tanger un espace de réflexion et de culture, vivant, bouillonnant, qui met en avant des livres, des auteurs et des artistes engagés. Ce n’est pas rien. Ce sera encore plus si, chacun de vous (à son petit niveau, de près ou de loin) continue à profiter de nos recommandations en choisissant ses livres chez nous.
Merci beaucoup à toutes celles et tous ceux qui continuent de croire en moi, en mes rêves de société connectée au savoir et à l’irrévérence intellectuelle. Sans vous, la librairie/galerie les insolites n’aurait jamais eu la même saveur.”
