Les problèmes avec la CNSS, l’importance de rouvrir les frontières maritimes, le retour des croisières…

Le confinement, suivi de la fermeture des frontières, a rendu extrêmement difficile la situation sociale et économique des guides touristiques au Maroc, parmi d’autres professionnels du secteur qui ont énormément souffert durant ces deux dernières années. Avec le retour des touristes, petit à petit, l’espoir revient aussi.
Entretien avec Abdellatif Chebaa El Hadri, président de l’association des guides touristiques de Tanger qui aborde les sujets les plus importants actuellement.

Quel est le constat que vous faites de la situation actuelle des guides touristiques?

Nous souffrons toujours des mêmes problèmes. Mais le plus difficile reste le problème de la CNSS dont le système comptable fonctionne avec des défaillances.
Alors que la majorité absolue des guides touristiques observent des retards de deux à trois mois de la subvention de la CNSS octroyée au secteur, ces mêmes guides voient leurs cotisations prélevées mensuellement de leurs comptes bancaires, souvent à plusieurs reprises durant le même mois.
Imaginez un guide qui n’a toujours pas reçu les 2000 DH de janvier 2022, mais la CNSS lui a déjà retiré de son compte des montants de sa cotisation comptant jusqu’au mois de juin et juillet 2022. Ce n’est pas du tout logique car avec la CNSS nous avons signé une convention qui organise ces opérations et protège nos droits. Mais la Caisse nationale ne respecte pas ses engagements.

En plus de la situation avec la CNSS, quelles sont vos autres préoccupations actuellement?

La préoccupation majeure est relative à la réouverture des frontières maritimes. Le tourisme à Tanger et dans toute sa région dépend essentiellement des arrivées touristiques par voie maritime et en second lieu de l’aérien.
A Tanger, les professionnels (guides, bazars, restaurants, hôtels, maisons d’hôtes et auberges) comptent énormément sur les touristes qui viennent de l’Andalousie pour passer quelques jours dans la région. C’est le même constat à Tétouan, Asilah et Chaouen. Avant le Coronavirus et la fermeture des frontières et hormis la saison d’été, cette destination recevait en masse des touristes espagnols, anglais ou allemands, venant de l’Andalousie à bord des bateaux reliant les ports de Tarifa et Tanger-Ville, Algésiras-Tanger Med ou même depuis Sebta.
On avait aussi des escales des navires de croisières des principales compagnies internationales qui programmaient notre région pour y effectuer des visites durant la journée et retournaient le soir à leurs ports d’attache. C’est de cette activité touristique que vivent réellement les guides, les bazars et les restaurants. Pour la destination Tanger-Tétouan, l’aérien a bien sûr son poids et sa valeur mais pas comme le maritime.
Nous gardons espoir et souhaitons que la réouverture des frontières maritimes avec l’Espagne soit rétablie très bientôt, surtout que la situation épidémiologique s’est nettement améliorée et la fin de la vague Omicron a été officiellement déclarée par les autorités sanitaires.

Quelles sont vos attentes concernant ce volet?

Comme tous les professionnels du secteur au Maroc, nous espérons que les liaisons maritimes soient rapidement rétablies et que les instances responsables puissent négocier le retour des bateaux de croisières pour bientôt.
Outre l’importance du facteur social qui concerne la situation économique des professionnels et de leurs familles, il ne faut pas oublier tous ces efforts réalisés durant les deux dernières années par les autorités de la ville pour réaménager ses principaux sites touristiques et monuments historiques.
Tanger possède aujourd’hui de magnifiques espaces que les touristes étrangers (et marocains aussi) adoreraient découvrir. L’ancienne Médina est un trésor à part entière. Ses ruelles, sa Casbah, ses musées, mais aussi d’autres sites en dehors de son enceinte sont une merveille. Maintenant, il ne reste que les frontières maritimes à rouvrir pour que tout le monde puisse tirer profit de cette richesse.

Le 15 et 16 janvier 2022, vous avez participé à l’opération de solidarité organisée spontanément pour aider les petits commerces liés au tourisme au sein de l’ancienne Médina de Tanger. Quel impact a eu cette action?

L’idée était parfaite et l’impact, en général, était très bon. Certes ce n’est là exactement le profil recherché par les activités liées au secteur touristique, mais n’oublions pas que cette action a eu des effets très positifs aussi bien pour les commerces de l’ancienne Médina que pour toute la ville. L’effet de la communication et du marketing a été extraordinaire car, durant plusieurs jours et semaines, tout le monde a parlé de Tanger et des projets qui y ont été réalisés. Les médias, les réseaux sociaux, dans les cafés et même dans des rencontres et réunions professionnelles, les gens ont parlé de Tanger. Et cette action est toujours très bénéfique pour promouvoir une destination touristique.

Propos recueillis par A. REDDAM