« Pour moi, être française m’assure plus de liberté personnelle, de protection et de force pour évoluer aussi bien professionnellement et personnellement »

« Je suis passée par des expériences qui m’ont appris que ce sont nos projets et nos objectifs qui nous maintiennent en haleine et nous empêchent de baisser les bras »

Impossible de passer à l’Institut français de Tanger sans être attiré par la sympathie de Hafsa Bensbih, séduit par son accueil chaleureux et surtout satisfait par son énorme savoir-faire. Elle est la belle âme de cette institution française. Découvrons-la ensemble!

Interview

Vous travaillez depuis plusieurs années à l’Institut français de Tanger. C’est votre deuxième famille finalement. Quel sentiment cela vous fait-il de faire partie d’une si grande famille?

Oui, tu as tout à fait raison, j’ai toujours considéré l’Institut comme ma deuxième maison, ma deuxième famille car j’ai un lien particulier avec cette institution !
J’ai découvert l’Institut français de Tanger à l’âge de 5 ans à l’occasion de mon premier cours à l’Institut ; mon père y était professeur depuis 1964 et avant son départ à la retraite il a été fait chevalier dans l’ordre des palmes académiques.
Des années plus tard, j’ai été recrutée à l’Institut français de Tanger en tant que secrétaire comptable, le 1er juillet 2004, et après dix ans j’ai été promue au poste d’assistante de direction. Durant ces années passées j’ai pu acquérir une expérience très riche, tant sur le plan humain qu’intellectuel. J’ai pu aussi découvrir la culture française attachée à des valeurs républicaines très ancrées dans l’histoire de la France. Une histoire que je connaissais avant d’intégrer l’IF de Tanger grâce aux manuels scolaires et à la littérature francophone de mon pays d’origine.

Mais à part faire partie de cette âme de l’IFT, qui est Hafsa Ben Sabih dans sa vie personnelle?
Racontez-nous un peu votre enfance, vos études, votre relation avec vos parents, vos sœurs, etc.

Je fais partie d’une famille d’enseignants, d’une famille marocaine conservatrice de l’héritage de notre société, ayant la culture du respect de l’autre, qui se rassemble autour de la table en partageant les moments et les événements quels que soit leur nature. J’ai poursuivi mes études primaires et secondaires dans des établissements scolaires publics à Tanger, avant d’obtenir mon diplôme de gestion administrative et financière, pour ensuite intégrer l’Institut français de Tanger à l’Age de 20 ans suite à un stage de fin d’étude.
Ma famille m’a donné de l’amour, du soutien, des bases solides et une éducation sans pareil, ainsi que des valeurs importantes, comme le respect, la loyauté, et la tolérance. Mais cela ne veux pas dire que j’étais toujours d’accord avec ma famille, j’étais une jeune rebelle qui croyait aux changements intergénérationnels et aux mutations socioculturelles.

Tous vos amis le savent, vous avez un faible pour les animaux et surtout les chats. Cela signifie quoi exactement dans votre vie ?

L’amour des chats est une histoire de famille car j’ai vécu avec des chats depuis mon jeune âge chez mon grand-père paternel à Marchan qui adorait adopter des chatons de rue. C’est un amour héréditaire chez les Bensabih ! et il y a 2 ans nous avons adopté un siamois qui a changé toute l’ambiance familiale, Léo qui est gâté par tout le monde et qui entretient une relation fusionnelle avec mon papa.
Cette douce présence m’apaise, me permet un sommeil plus réparateur, m’offre des caresses et un bien-être incroyable. La relation avec un chat est étonnante et pourrait presque être qualifiée d’amitié, tant le chat est pourvu d’une empathie qui lui permet de sentir quand son maître est en danger, angoissé, souffre ou se sent seul. Quoi de plus relaxant qu’un chat qui ronronne sur ses genoux!

Depuis quelques années, vous portez la double nationalité franco-marocaine. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?

J’ai obtenu la nationalité française en 2019 et cela représente pour moi une grande gloire, c’est du mérite et de la reconnaissance après mes 16 années de dévouement et de travail acharné. J’en suis entièrement fière. J’ai toujours considéré la république française comme ma vraie patrie, avec ses valeurs, sa culture et ses traditions auxquels j’adhère entièrement. Surtout pour la question du respect des droits des femmes et leur égalité avec les hommes dans la société française.
A mes yeux, avoir deux cultures favorise la capacité d’adaptation, et d’ouverture d’esprit pour un regard extérieur sur le monde. Pendant ces 16 années à l’Institut j’ai connu des citoyens français de tout âge, j’ai noué avec eux des relations d’amitiés solide, grâce au partage de leur expérience, à leur vision de la société française et marocaine, tout en partageant très souvent un bon repas marocain ou français. Ces amis étaient et sont toujours des personnes extraordinaires qui me font aimer la France et la culture française davantage.
La nationalité française m’était plus un rêve qu’un désir, et l’obtenir n’était pas du tout lié à l’acquisition d’un passeport « rouge » comme on peut l’appeler au Maroc, tout en ayant une facilité de déplacement. Pour moi, être française m’assure plus de liberté personnelle, de protection et de force pour évoluer aussi bien professionnellement et personnellement.

A l’IFT, vous avez côtoyé plusieurs directeurs et participé à l’organisation de nombreux événements. Quels sont ces souvenirs vécus à l’Institut et que vous n’allez jamais oublier ?

J’ai travaillé avec six Directeurs (Jen-Luc Larguier / Gustave Destael / Marie-Christine Vandoorne / Alexandre Pajon / Jérome Migayrou / Christophe Roussin et actuellement avec Olivier Galan).
Les événements qui m’ont plus marqué et dans lesquels j’ai participé sont :
– Les nuits de la Méditerranée
– Le Salon International du livre et des arts
– Le colloque « En Allemagne, en France et au Maroc, des jeunes pensent » dans le cadre de Marseille Provence 2013, Capitale européenne de la culture, organisé par le CIPM (Centre International de Poésie de Marseille).
– Le ‘Colloque à Tanger’ dans le cadre de Marseille Provence 2013, Capitale européenne de la culture, organisé par le CIPM (Centre International de Poésie de Marseille).
– Le festival du piano « Les amateurs Virtuoses »
– Le « Printemps du livre et des arts 2019 » dans lequel j’ai occupé le poste de coordinatrice générale
L’événement inoubliable a eu lieu avant la pandémie du COVID et c’est le ‘Printemps du livre et des Arts 2019’ dans lequel j’ai occupé un rôle central de coordination générale, de production et de logistique générale.

Jusqu’à quel point la pandémie du Coronavirus a rendu difficile la vie de la famille IFT sachant que c’est une vie qui a toujours été effervescente et très dynamique?

Certes, la COVID a paralysé les activités culturelles de l’Institut en présentiel mais nous n’avons pas baissé les bras, nous avons mis en place des Lives avec des écrivains, des artistes, des contes pour enfants à écouter sans oublier les capsules cours de langues.
Au début le télétravail n’était pas une option mais nous avons finis par nous y adapter. Pour moi rien ne remplacera le contact humain !
Désormais, l’animation revient petit à petit à l’Institut et ses activités en présentiel sont de plus en plus nombreux. Cela vous redonne-t-il confiance concernant l’avenir, l’organisation du salon du livre et plus de rencontres culturelles et artistiques…?
Je suis passée par des expériences qui m’ont appris que ce sont nos projets et nos objectifs qui nous maintiennent en haleine et nous empêchent de baisser les bras !! et parmi ces projets figure l’organisation du salon du livre qui aura lieux cette année avec une nouvelle version.
Cette forme transitoire, tous les salons la vivent, la vivront cette année. Chacun différemment, selon les mesures sanitaires en cours lors de leur tenue. Une année d’incertitude, d’essais, et de prises de risque joyeuses.

Propos recueillis par Abdeslam REDDAM