Avant d’entamer l’analyse d’Al Omrane Tanger-Tétouan-Al Hoceima, il faut aller à la source du problème qui handicape le développement de cette société publique. Un retour au passé est obligatoire pour tout comprendre.
Après cette série de rappels des principaux dysfonctionnements de ce groupe, la réalité de l’antenne de Tanger sera plus intéressante à découvrir.

Juin 2023, le président du groupe du PPS à la chambre des représentants, Rachid Hamouni, a indiqué que «la tenue d’une réunion de la commission de l’intérieur vise essentiellement à évoquer les irrégularités qui ont émaillé plusieurs projets, programmes et chantiers supervisés par la groupe Al Omrane et ses partenaires régionaux. Il s’agit notamment des problématiques de la qualité des travaux, du retard dans les réalisations des projets et la signature de contrats avec des entreprises qui ne disposaient pas des qualifications techniques et financières requises, sans oublier les problèmes du suivi et d’accompagnement technique».
En parallèle, certains médias, dont Al Akhbar, soulignent que le nouveau directeur d’Al Omrane, Housni Laghzaoui, a commencé à éplucher tous les «dossiers brûlants» estimant qu’il existe un lobby de responsables très bien ancrés dans ce système, parmi lesquels on trouve une personne qui a passé 11 ans à un poste de responsabilité, période au cours de laquelle il a tissé des relations d’intérêts interdépendantes et enchevêtrées avec des personnalités très influentes dans cet établissement.
Avril 2015, Tel Quel publie un reportage soulignant l’essentiel du rapport de la Cour des comptes qui fustige directement le groupe Al Omrane. Extraits;
“Après avoir pointé du doigt les retards et programmes détournés de leurs objectifs des filiales Al Omrane de Casablanca et d’Oujda dans son rapport publié en février 2014, la Cour des comptes a disséqué dans son rapport 2013, publié le 1er avril, les moindres détails de l’activité et des comptes d’Al Omrane Rabat  (p.79-95 du rapport). Et le diagnostic de cette filiale de l’opérateur spécialisé de l’Etat dans le secteur de l’habitat et de l’aménagement, dont les missions principales sont notamment de construire des logements sociaux et de lutter contre l’habitat insalubre, n’est pas bon.
Production trop faible, manque de logique dans le déroulé des projets, non-paiement des fournisseurs et non-recouvrement des créances des clients, scandale dans l’attribution de villas à ses propres salariés : la liste des critiques et des recommandations de l’institution est longue…

Juin 2016, le rapport de la Cour des comptes, instance alors présidée par Driss Jettou considère que la holding publique fait partie des entités qui représentent des risques potentiels qu’il y a lieu de prendre en considération dès à présent. L’un des dysfonctionnements pointés est lié notamment à l’endettement de cet établissement. L’ex président du directoire, Badr Kannouni, avait pourtant tenu à relativiser en indiquant que l’endettement d’Al Omrane est moins important que celui d’autres entreprises publiques. Les paradoxes chez Al Omrane sont franchement frappants.